À la sortie de l’Élysée lundi, les dirigeants de gauche ont annoncé une prochaine réunion des différentes forces politiques afin de s’entendre sur le nom d’un futur Premier ministre. Rendez-vous ce mardi après-midi…
Avec ou sans dinde, réunir tout le monde autour de la même table avant les fêtes était une véritable prouesse. A l’issue des discussions de lundi, cette nouvelle étape semblait à la portée des Verts et du Parti communiste.
Le chef de l’Etat a proposé « une nouvelle méthode qui s’appuierait sur une rencontre de différentes forces politiques pour échanger sur une plateforme programmatique »a annoncé la présidente du groupe écologiste à l’Assemblée Cyrielle Chatelain.
En fin de journée, l’entourage du président a confirmé une réunion pour ce mardi à 14 heures. Ces discussions devront répondre à trois questions : qui pour Matignon ? Avec quel gouvernement ? Et pour quel projet ?
Un Premier ministre de gauche n’est pas une condition préalable
Concernant le profil du Premier ministre, les points de vue tardent à se rapprocher. Plusieurs élus de gauche ont rejeté l’hypothèse d’une nomination de François Bayrou soutenue par les macronistes.
“M. La ligne politique de Bayrou n’a pas gagné les élections législatives.» cet été, a souligné la cheffe des écologistes Marine Tondelier. Certains élus socialistes comme Carole Delga plaident pour un Premier ministre de gauche. “Si ce n’est pas un Premier ministre de gauche, nous ne participerons pas à ce gouvernement »a assuré le patron du PS à l’Assemblée nationale Boris Vallaud.
Mais chez les socialistes, chaque mot compte et ne pas participer ne veut pas dire ne pas soutenir. Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste, a estimé qu’un Premier ministre de gauche serait certainement “préférable” mais pas un “avant”.
A droite, les positions évoluent également. « Notre préférence ira à un Premier ministre issu de LR », a assuré hier dans Le Figaro Laurent Wauquiez sans en faire une condition sine qua non.
Retailleau Inside
Autre question qui découle de la première : quels pourraient être les équilibres politiques du futur gouvernement. L’ancien numéro 2 LR Aurélien Pradié a appelé à un rassemblement des « patriotes de droite et de gauche », excluant LFI et RN. Les macronistes n’ont pas exprimé d’opposition. Les LR ne ferment pas non plus la porte à condition que le locataire de Matignon ne soit pas socialiste.
En revanche, sans Premier ministre de gauche, PS, Verts et PC opteraient plutôt pour un soutien sans participation. Mais un nom pourrait bloquer les négociations : celui de Bruno Retailleau. Ces derniers jours, plusieurs personnalités ont réclamé son maintien, parmi lesquels Gérald Larcher, président du Sénat et Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée.
Emmanuel Macron ne serait pas contre mais qu’en est-il de la gauche ? Comment a-t-elle pu accepter de soutenir un gouvernement dont le ministre de l’Intérieur a écrit vendredi sur X : “La droite ne pourra faire aucun compromis avec la gauche qui a trahi Blum et Clémenceau”.
La troisième question qui déterminera toutes les autres est celle du programme. Une loi sur l’immigration ? Abolition de la réforme des retraites ? Ici encore, les lignes se déplacent vers la gauche. La question de la réforme des retraites pourrait être «abordée et réglée par une conférence sociale », a assuré Fabien Roussel lundi à sa sortie de l’Élysée, provoquant de vives réactions jusque dans son propre parti. En revanche, la loi sur l’immigration réclamée par Bruno Retailleau pourrait constituer un obstacle sérieux.
Une seule réunion ne suffira peut-être pas à mettre tout le monde d’accord.