Dans le sud de la Syrie, « Tel Aviv avance déjà pour garantir ses intérêts et prévenir une menace potentielle, un an après le traumatisme collectif du 7 octobre »analyse le quotidien libanais L’Orient – Le jour.
Après avoir pris dimanche le contrôle de la zone tampon en bordure de la partie occupée du plateau du Golan, au lendemain de la chute du régime d’Assad, l’armée israélienne a poursuivi lundi 9 décembre son avance sur le territoire syrien, rapporte L’Armée israélienne. Washington Post.
Le fait de s’être emparé de la zone tampon démilitarisée sur le plateau du Golan est un « violation de facto de l’accord de désengagement de 1974, négocié par l’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger et qui prévoyait notamment le stationnement de casques bleus des Nations Unies dans cette région »REMARQUE L’Orient – Le jour.
Les Israéliens craignent le « chaos » en Syrie
Les responsables israéliens ont défendu lundi “cette mesure comme ayant une portée limitée, visant à empêcher les rebelles [syriens] ou d’autres milices locales pour utiliser du matériel militaire syrien abandonné pour cibler Israël ou le plateau du Golan »précise le quotidien américain. Selon le PosteDe nouveaux soldats étaient visibles lundi à l’extérieur du village druze de Madjal Shams, près de la frontière israélo-syrienne, et s’apprêtaient à passer du côté syrien.
« Maintenant que le régime d’Assad s’est effondré en Syrie, les Israéliens craignent que le chaos qui y règne ne conduise à la création d’organisations bien établies qui chercheraient à nuire à Israël. »dit à L’Orient – Le jourNicholas Heras, expert du New Lines Institute de Washington.
Le média libanais Al Mayadeen, cité lundi soir par le quotidien israélien Ha’Aretzaffirme que des chars israéliens, qui se trouvaient dans le sud de la Syrie, ont également été aperçus à une vingtaine de kilomètres de la banlieue de Damas.
Mardi, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a rapporté que l’armée israélienne avait détruit «les principaux sites militaires en Syrie» en menant environ 250 frappes contre le territoire syrien depuis la prise de Damas par les rebelles. De fortes explosions ont éclaté dans la capitale syrienne, selon des journalistes de l’AFP, peu après que l’OSDH a communiqué cette information.
La « possibilité d’une occupation à plus long terme »
« Il est toutefois important de souligner qu’Israël n’intervient pas dans le conflit en cours entre les groupes armés syriens ; nos actions sont uniquement axées sur le maintien de notre sécurité »a justifié lundi dans une lettre adressée au Conseil de sécurité de l’ONU, l’ambassadeur israélien Danny Danon. Les États-Unis ont déclaré qu’ils s’attendaient à ce que cette incursion israélienne soit “temporaire”. « Ce que nous souhaitons, à terme, c’est que cet accord (de 1974, ndlr) soit pleinement respecté. Et nous veillerons à ce qu’Israël le fasse »a déclaré le porte-parole du Département d’État, Matthew Miller.
« Alors que le régime de Damas a toujours voulu récupérer le plateau du Golan, Israël veut tenter d’anticiper les positions des rebelles syriens »explique le journaliste de Soirée Cécile Lemoine, reportage sur le plateau du Golan. Le chef du groupe Hayat Tahrir Al-Sham, Ahmad Al-Charaa, « a pris Abu Mohammad Al-Jolani comme nom de guerre, en référence à ses origines familiales sur le plateau du Golan »elle se souvient.
Pour le journaliste, la durée indéterminée de la présence israélienne dans la zone tampon et sur le territoire syrien « suggère la possibilité d’une occupation à plus long terme ».
Interrogé par le Washington Post, le cLe chercheur israélien Carmit Valensi a estimé que l’État juif «pourrait compromettre ses chances d’entretenir de bonnes relations avec un voisin historiquement hostile en privilégiant le renforcement de sa sécurité à court terme». Si l’occupation de la zone tampon devenait permanente, a-t-elle ajouté, “c’est nous [les Israéliens] passerait du statut de partenaire potentiel à celui d’ennemi ».