Semaine décisive à l’Assemblée nationale. Après plusieurs jours de négociations, Michel Barnier a finalement décidé de recourir à l’article 49.3 de la Constitution et de tenir son gouvernement pour responsable du projet de loi sur la Sécurité sociale. Cet article permet d’adopter le texte sans vote, mais expose le gouvernement à une motion de censure pour le faire tomber. Le NFP a déjà assuré vouloir emprunter cette voie rapidement, tout comme le RN. L’Extrême – qui a estimé ce matin ne pas avoir obtenu suffisamment de concessions – a décidé de maintenir la pression, invoquant le vote de la motion de censure à moins d’un « miracle de dernière minute, si Michel Barnier révisait sa copie ».
Message reçu à Matignon où le Premier ministre a annoncé une nouvelle concession à midi. Après avoir déjà partiellement accédé aux demandes de Laurent Wauquiez et Gabriel Attal – sur l’indexation des retraites pour l’un et sur la baisse des charges pour l’autre – ont décidé de satisfaire la quasi-totalité des partis politiques en annonçant jeudi dernier « une baisse des prix de l’électricité du 14 ». “%”, le Premier ministre s’est engagé à ne pas réduire le remboursement des médicaments par la “Secu” en 2025, après un entretien téléphonique avec Marine Le Pen. Il a ensuite invité tous les chefs et présidents des groupes parlementaires de la « base commune » à Matignon, avant l’ouverture des débats à l’Assemblée, pour confirmer le recours au 49.3.
Et maintenant ? La gauche a annoncé qu’elle déposerait une motion de censure qui ne devrait pas être votée avant mercredi. Le RN a confirmé son intention de censurer le gouvernement. Le parti d’extrême droite, qui minimise les conséquences du vote d’une motion de censure et d’une possible chute de l’équipe du Premier ministre, semble déjà avoir une autre cible en tête, celle du président de la République. L’idée d’une élection présidentielle anticipée fait également son chemin. Elle a été demandée la semaine dernière par le maire LR de Meaux Jean-François Copé et le rapporteur général du Budget Charles de Courson. Au sein du RN, où l’on se prépare à une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale qui pourrait intervenir en juillet 2025, l’idée de reprendre la bataille électorale, si possible avant que Marine Le Pen puisse être condamnée par la justice à une peine d’inégalité , ce n’est pas pour déplaire.
Les jours du gouvernement Barnier semblent donc comptés. Quel est le prochain calendrier politique ? Que va-t-il se passer maintenant ? En attendant, nombreux sont ceux qui s’inquiètent de l’absence de budget 2025 et de la potentielle chute du gouvernement, au premier rang desquels les agriculteurs qui attendent des mesures et se demandent ce qu’il adviendra des dernières promesses de l’équipe actuelle.
Les experts :
– Christophe Barbier – Political editorialist, editorial advisor – Franc-Tireur
– Nathalie Saint-Cricq – Editorialist – France Télévisions
– Lou Fritel – Journaliste politique chargé du suivi des droits
Paris-Match
– Philippe Dessertine – Directeur de l’Institut de Haute Finance, auteur de « Le grand virage »
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé
Maison de production : France Télévisions / Maximal Productions
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