Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a demandé, mercredi 27 novembre, un mandat d’arrêt contre le général Min Aung Hlaing. Le plus haut responsable de la junte birmane est poursuivi pour des actes de déportation et de persécution – qualifiés de crimes contre l’humanité – contre la minorité musulmane Rohingya. Le contenu de la demande est confidentiel, mais les crimes allégués par le procureur auraient eu lieu entre le 25 août et le 31 décembre 2017, et auraient été commis par les forces armées birmanes, avec la police nationale, la police des frontières ainsi que des civils, détaille un communiqué du parquet.
Le mandat d’arrêt demandé contre le général Min Aung Hlaing est le premier acte issu de l’enquête ouverte en novembre 2019, deux ans après les crimes. “Autres [mandats d’arrêt] suivra », a expliqué le procureur Karim Khan dans une vidéo mise en ligne, au lendemain d’une visite au camp de réfugiés de Kutupalong, à Cox’s Bazar, dans le sud-est du Bangladesh.
« J’ai rencontré des femmes Rohingya qui parlent avec détermination de leur attente de justice, dit le procureur. J’ai rencontré des jeunes qui voulaient jouer leur rôle pour obtenir cette justice. Et j’ai parlé avec des hommes de tous âges, y compris des personnes âgées et des malades, qui conviennent qu’il est crucial d’accorder une plus grande importance à leur sort et de veiller à ce que les responsabilités soient établies à cet égard. »
Volonté d’invisibiliser
Le général Min Aung Hlaing, 66 ans, chef de la junte militaire birmane qui a pris le pouvoir en février 2021 lors d’un coup d’État militaire, a toujours considéré que le terme même de « Rohingya » faisait partie du« imaginaire ». Comme beaucoup d’autres Birmans, il considère que la minorité musulmane de l’ouest du pays n’est en réalité qu’une ethnie bengali. Cette volonté d’invisibilité et de non-reconnaissance de l’identité d’une population qui s’est, au fil des décennies, auto-appropriée le nom de Rohingya pour se désigner, explique en partie la violence des massacres déclenchés en deux phases, d’abord fin 2016, puis en août 2017 : pour les ultranationalistes birmans, pour les populations bouddhistes d’Arakan – la province où vivent la majorité des Rohingyas – et pour les militaires birmans, le Les Rohingyas n’existent pas. Mais si ces musulmans birmans subissent depuis des décennies le poids de la violence d’État, « opérations de nettoyage » sont sans précédent depuis l’indépendance du pays en 1948.
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