Théâtre du Châtelet
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Quarante ans après l’original et le succès colossal de son adaptation anglaise, Ladislas Chollat livre une mise en scène efficace, mais sage, de la comédie musicale inspirée par Hugo.
Sur l’affiche du spectacle donné au Châtelet, la petite tête de Cosette dessinée par Victor Hugo lui-même semble scruter avec inquiétude la réaction de son public : il faut dire que la comédie musicale, qui fait pleurer depuis longtemps dans les cottages londoniens près de quarante ans n’a jamais pris en France, où il est pourtant né en 1980, sous la plume d’Alain Boublil et de Claude-Michel Schönberg. On dit que le public français serait trop attaché à la lettre Hugolienne pour la voir utilisée à mauvais escient sous une forme aussi populaire ; gageons qu’on ne lui a jamais donné les moyens d’être vraiment bien mis en scène, dans un paysage théâtral français peu enclin à produire ces formes musicales, et qui en a très récemment vu fleurir davantage. Elle trouve dans cette nouvelle production dirigée par le champion du théâtre privé Ladislas Chollat une réelle efficacité, qui tient sans doute à un savant mélange entre l’esprit français et la tradition anglo-saxonne.
La salle est pleine, les performances garanties. Sous les lumières du théâtre pendant trois heures, les gens chantent (bien), dansent (peu), les décors changent avec une fluidité remarquable, parfois nimbés de visions sombres, qui recréent sur scène des sketches de Victor Hugo, comme la trace du grand auteur, dans ce qui semble être une compilation plutôt bien faite de ses thèmes. Jean Valjean en est le cœur battant, incarné par un certain Benoît Rameau à la présence évidente et à la voix digne d’un ténor d’opéra. Ex-détenu
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