Le gouvernement français a affirmé que Benjamin Netanyahu jouissait de l’immunité contre les mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre au motif qu’Israël n’était pas membre de la CPI.
Cette affirmation est intervenue peu de temps après que le cabinet de Netanyahu a accepté un cessez-le-feu soutenu par la France au Liban et contraste avec l’attitude de Paris à l’égard du mandat d’arrêt de la CPI pour crimes de guerre émis l’année dernière contre Vladimir Poutine, un autre dirigeant d’un pays non membre.
Après que le tribunal a émis vendredi des mandats d’arrêt contre Netanyahu et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, la France a initialement indiqué qu’elle remplirait ses obligations en tant que signataire du Statut de Rome, le document fondateur de la CPI, si l’un ou l’autre se rendait dans le pays.
Cependant, mercredi, le ministère français des Affaires étrangères a semblé changer de ton et a affirmé que Netanyahu bénéficiait de l’immunité parce qu’Israël n’était pas signataire du statut.
“Un Etat ne peut être tenu d’agir d’une manière incompatible avec ses obligations en termes de droit international en ce qui concerne les immunités accordées aux Etats qui ne sont pas parties à la CPI”, indique le communiqué français.
« De telles immunités s’appliquent au Premier ministre Netanyahu et aux autres ministres concernés, et doivent être prises en considération si la CPI nous demande de les arrêter et de les remettre. »
L’argument français semble être une référence à l’article 98 du Statut de Rome qui stipule qu’un pays ne peut « agir de manière incompatible avec ses obligations en vertu du droit international en ce qui concerne… l’immunité diplomatique d’une personne ». Cependant, l’article 27 du statut précise que l’immunité des hautes fonctions « n’empêche pas le tribunal d’exercer sa compétence à l’égard d’une telle personne ».
La CPI a statué en 2019 que l’article 98 n’était pas une « Source d’immunité » mais plutôt une « règle de procédure » qui guidait la manière dont le tribunal devait demander l’exécution d’un mandat. La Cour a statué le mois dernier que la Mongolie avait violé ses obligations en tant que partie à la CPI en omettant d’arrêter Poutine lors de sa visite dans le pays en août, et que l’article 98 n’accordait pas l’immunité contre les accusations de crimes de guerre portées contre le dirigeant russe.
Le ministère français des Affaires étrangères avait alors déclaré qu’il apportait son plein soutien à la CPI, « fidèle à [France’s] engagement de longue date à lutter contre l’impunité ».
Amnesty International France a déclaré que la position française à l’égard de Netanyahu « va à l’encontre des obligations fondamentales de la France en tant qu’État membre de la CPI ».
« L’un des principes fondamentaux du statut de la CPI est que personne n’est au-dessus des lois, y compris les chefs d’État recherchés comme Vladimir Poutine ou Benjamin Netanyahu », a déclaré l’organisation de défense des droits humains. “Cela a été confirmé dans une décision de la chambre d’appel de la Cour dans une jurisprudence contraignante pour tous les États membres.”
David Lammy, le ministre britannique des Affaires étrangères, a déclaré qu’il continuerait à dialoguer avec Netanyahu malgré le mandat d’arrêt, mais a ajouté qu’il avait l’« obligation » de déférer le dirigeant israélien au système judiciaire national s’il venait au Royaume-Uni.
“Si les personnes nommées cherchent à entrer dans notre pays sans me laisser aucun pouvoir discrétionnaire, je le publierai et le transmettrai aux tribunaux, qui rendront alors leur décision conformément à notre loi”, a déclaré Lammy à la commission des affaires étrangères du Parlement.