Les deux procureurs généraux ont débuté lundi 25 novembre leur mise en examen, qui se poursuivra ce mardi 26 novembre devant le tribunal correctionnel du Vaucluse à Avignon. Les réquisitions durent dix à vingt ans pour les accusés soupçonnés d’avoir participé à ces viols aggravés sous contrôle chimique.
Ils se relaient du matin au soir, et les années de prison demandées s’accumulent. « Vingt ans, c’est la peine maximale. C’est à la fois beaucoup et trop peu compte tenu de la gravité des actes commis et répétés. » dit l’avocate générale Laure Chabaud, qui réclame contre « la clé de voûte de toute cette problématique »Dominique Pelicot, 72 ans, première cible ce lundi 25 novembre au procès pour viol de Mazan.
Une mesure de détention de sécurité rarement demandée
Elle ajoute “un suivi socio-judiciaire sur 10 ans” et demande, mesure rare, « qu’à la fin de sa peine il fait l’objet d’un réexamen de sa situation en vue d’une éventuelle mesure de détention sécurisée »
Destiné aux condamnés se présentant à la fin de leur peine “une très forte probabilité de récidive”le système permet de prolonger la détention d’un an, renouvelable. Curieusement cependant, aucune peine spéciale de sûreté, pouvant aller jusqu’aux deux tiers, voire treize ans, n’est demandée contre le principal accusé dans cette affaire « extraordinaire ».
Au moins une centaine de viols qu’il a lui-même infligés à sa femme, grâce à « 780 comprimés de Temesta, voire 1 560 en cas de renouvellement » ce qui a été prescrit « cette personnalité très pathologique, dominée par le clivage et le déni. Le résumer en deux côtés est en réalité trop simpliste ».
Comportement criminel sur plusieurs décennies
Elle partage ses sentiments sur l’avenir « qui ne peut être que particulièrement sombre » de l’accusé. “Il faut s’interroger sur la sincérité de ce qui a été entendu lors de cette audience” chez cet homme dont “la perversion s’étend au-delà de la relation avec sa femme.”
Et cela rappelle les deux cold cases de Nanterre, où il a été mis en examen pour meurtre et viol : « On peut conclure à la persistance de son comportement criminel sur plusieurs décennies.» Jean-François Mayet, l’autre avocat général, souligne que « ce procès bouleverse notre société dans son rapport aux autres. L’enjeu est de changer fondamentalement les relations entre hommes et femmes. Force est de constater qu’il reste encore un long chemin à parcourir pour que notre société change son regard sur le viol, comme Gisèle Pelicot nous y invite ardemment.
17 ans requis contre son sinistre disciple
Puis il passe à Jean-Pierre Maréchal, ce père de famille qui est le seul à ne pas être jugé pour avoir abusé de Gisèle : il s’en est pris à sa propre femme, sur les conseils de Dominique Pelicot, qui a également violé cette autre victime de produits chimiques. soumission.
« D’autres se l’ont proposé. Il est le seul à avoir complété le processus. Le désir sexuel semble avoir été à lui seul le moteur des deux individus. » note-t-il, exigeant 17 ans de prison pour ce sinistre disciple. Avant d’attaquer les autres accusés, les procureurs généraux resserrent par avance certaines lignes de défense, dénonçant « le costume mal adapté de la victime accusée ».
“Un raisonnement d’un autre âge”
Jeu de couple, scénario libertin, influence de Pélicot, voire administration de drogues à leur insu ? Inaudible, rappelle Laure Chabaud, qui ramène les faits à l’accord de Gisèle Pelicot, que personne n’a demandé.
« En 2024, on ne peut plus considérer ça parce qu’elle n’a rien dit, qu’elle a accepté. Nous sommes dans un raisonnement d’un autre âge.
Conforme à la jurisprudence actuelle en matière de viol en France
Dans l’après-midi, le procureur de la République a crescendo en exigeant des peines conformes à la jurisprudence pénale actuelle pour viol en France. Sans faute : quatre ans ferme et mandat de dépôt demandés pour le seul accusé poursuivi pour agression sexuelle, et non pour viol.
Dix ans, pour tous ceux qui sont allés une seule fois à Mazan. De onze à treize ans, pour ceux qui ont un casier judiciaire, ou une profession qui rend leur acte plus incompréhensible, comme ce gardien de prison ou cette infirmière libérale. La journée se termine par une première liste de 21 accusés, avec un curseur déjà relevé à treize ans de prison.
« Un réquisitoire choquant » admits Me Béatrice Zavarro, lawyer for Dominique Pelicot. « Que justice soit faite » » a lâché Gisèle en quittant le public. Dans le box et dans la salle, les accusés, dont 33 comparaissent libres après un an en moyenne de détention provisoire, se parlent beaucoup : si le tribunal suit l’accusation, ils savent désormais qu’ils passeront tous Noël derrière les barreaux.