JULIEN DE ROSE / AFP
Le député LFI Andy Kerbrat photographié lors des questions au gouvernement le 19 octobre 2023.
POLITIQUE – Une opération de transparence doublée d’un exercice d’introspection. Ce vendredi 15 novembre avec Mediapartle député insoumis Andy Kerbrat, arrêté fin octobre en flagrant délit d’achat de stupéfiants, raconte sa descente aux enfers, tandis que le site d’enquête révèle également que l’intéressé a utilisé l’enveloppe dédiée aux frais de mandat (AFM) pour financer son addiction. . Dotée de 5 950 euros par mois, cette enveloppe sert à couvrir les différentes dépenses liées à l’activité des députés, en plus de leur rémunération mensuelle fixée à 7 600 euros brut.
Cité par Mediapartl’élu LFI reconnaît avoir « faire n’importe quoi » de l’AFM, reconnaissant qu’il vidait allègrement cette enveloppe pour financer son train de vie, au point d’avoir mis ce compte dans le rouge, avant remboursement. Bien qu’il nie avoir directement utilisé l’AFM pour acheter de la drogue, les médias en ligne ont retracé de nombreux retraits d’argent effectués par lui en pleine nuit, qui lui permettent de Mediapart d’affirmer que cet argent public « a au moins compensé les dépenses liées à sa consommation ».
“Prisonnier”
Hospitalisé en psychiatrie à sa demande, Andy Kerbrat entend « sortir du « secret » dans lequel [il s’était] enfermé », afin de décrire les mécanismes qui conduisent à l’addiction et à la consommation de drogues dures. « Avant de commencer à consommer des substances, j’avais un problème d’alcool. C’était souvent parce que j’avais bu que je prenais des substances. »explique-t-il, affirmant être tombé dans la drogue à travers la pratique du « chemsex », ou la consommation de substances psychoactives lors de relations sexuelles entre hommes homosexuels.
« Comme beaucoup de gays de ma génération, je suis passé d’une pratique occasionnelle à une pratique addictive », confie-t-il, précisant qu’avec le temps « basculé vers un besoin de consommer ». Tout au long de son témoignage, l’élu affirme s’être enfermé dans un mensonge, mais aussi dans une sorte de déni lié à sa capacité à s’en sortir. “ La réalité était que je pensais pouvoir me sortir du pétrin dans lequel je m’étais mis tout seul, sans aide extérieure. Le secret était une sorte d’armure que je mettais entre moi et le monde, même si, au final, j’en étais prisonnier. décrit-il, alors que son travail parlementaire a souffert à plusieurs reprises des effets de son addiction, entre absences notables et gestion erratique des dépenses de son mandat.
Un problème d’addiction en politique ?
Au sein du groupe LFI, sa relation addictive avec l’alcool était connue. Au point qu’il a été convoqué par la présidente du groupe, Mathilde Panot, à ce sujet. Mais sans suivi, faute de systèmes de soutien efficaces. Ce qui, selon Andy Kerbrat, est symptomatique de cette institution. « Tout le monde sait qu’il existe au sein de cette Assemblée un problème répandu d’addictions qui touche tous les groupes. » dit-il. Il est difficile de lui prouver qu’il a tort.
En janvier 2023, c’est le député Renaissance Emmanuel Pellerin qui a reconnu avoir consommé de la cocaïne. Après l’affaire Joël Guerriau, la députée Renaissance Caroline Janvier mettait en garde en décembre 2023 contre « pratiques addictivess » qu’elle a repéré parmi ses homologues. ” Oui, il y a des soirées où la drogue circule, comme il y a des dîners ou des fins de séances parlementaires, où il y a une consommation excessive d’alcool. », a-t-elle témoigné, avant de conclure : « la politique produit des comportements déviants ».
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