Après les députés, c’est au tour des sénateurs de s’attaquer au projet de loi de financement de la sécurité sociale. Il y a du fond, puisque le texte présenté par le gouvernement est calqué sur le texte initial, à peine amendé de quelques nouvelles mesures, faute de temps pour un vote à l’Assemblée nationale. Plusieurs sujets brûlants sont sur la table, notamment les retraites. Le président du groupe Droite républicaine (ex-LR), Laurent Wauquiez, annoncé dimanche soir sur TF1 avoir trouvé un compromis avec le gouvernement pour que “toutes les retraites”auditeur revalorisé du « la moitié de l’inflation » à partir du 1er janvier, avec un deuxième rattrapage pour les plus petits six mois plus tard en termes d’inflation.
Une mesure retenue par le Sénat, pour qui c’est le meilleur moyen de « minimiser l’effort demandé aux retraités », explained Philippe Mouiller, senator and Président de la commission des affaires sociales. En revanche, il supprime 500 millions d’euros d’économies sur les 3,6 milliards attendus.
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Autre point de tension : les exonérations de cotisations patronales. Le gouvernement visait 5 milliards d’euros d’économies en augmentant les cotisations sur les salaires autour du Smic. Le Sénat a fermé la porte à cette proposition, affirmant qu’elle entraînerait « des catastrophes en termes d’emploi ». Un argument déjà avancé par toutes les organisations patronales représentatives. En revanche, le Sénat reconnaît que les exonérations de charges ont explosé ces dernières années et propose d’abaisser le plafond maximum concerné à 3,1 SMIC. Les territoires d’outre-mer et le secteur agricole seront épargnés. Au total, cette proposition permettrait de réaliser 1 milliard d’euros d’économies de moins que celle du gouvernement.
7 heures de travail non rémunéré
Les sénateurs ont également fait état de la situation catastrophique de la branche autonomie et de ses comptes. Par exemple, plus des deux tiers des Ehpad seront en déficit à la fin de l’année. Une situation intenable à laquelle veut répondre le Sénat, qui propose une enveloppe de 500 millions d’euros de fonds d’urgence. À cela s’ajoute une augmentation de sept heures de la durée annuelle du travail en remplacement de l’actuelle journée de solidarité. Exit la suppression d’un nouveau jour férié, cela passe par une augmentation de la durée du travail de 7 heures par an, étalée selon les accords d’entreprise, et une augmentation du taux de cotisation de solidarité pour l’autonomie des employeurs de 0,3% à 0,6%. Cette nouvelle mesure apportera 2,5 milliards d’euros à la branche autonomie de la Sécurité sociale.
La voie vers une assurance obligatoire pour financer les maisons de retraite
Par ailleurs, la hausse de 12 points du taux de cotisation de la Caisse Nationale de Retraite des Agents des Collectivités Territoriales (CNRACL) sera effective, mais sur 4 ans au lieu des 3 ans initialement prévus, « afin d’alléger la pression sur les hôpitaux et les collectivités locales », ont justifié les sénateurs.
Augmentation des taxes comportementales
Le dernier dossier brûlant concerne les taxes dites comportementales, visant à réduire la consommation de produits sucrés, de tabac et d’alcool en France. Les sénateurs proposent un renforcement de la « taxe soda » notamment sur les boissons sucrées ainsi qu’une augmentation le prix du tabac, qui devrait porter le paquet de cigarettes à 13 euros, pour un montant de recettes supplémentaires de 150 millions d’euros, une mesure initialement rejetée par l’exécutif et les députés. En revanche, pas de taxe sur les paris hippiques car le risque de fragiliser l’emploi et le secteur est trop grand, ont déclaré les sénateurs.
«Je suis favorable aux taxes sur les sucres» (Geneviève Darrieussecq, ministre de la Santé)
A cela s’ajoute le maintien des mesures de lutte contre la fraude ou la promotion des médicaments biosimilaires pour un gain de 600 millions d’euros. Au total, la commission sénatoriale des Affaires sociales présente 700 millions d’euros d’économies supplémentaires à celles annoncées par le gouvernement et laisse inchangé le déficit de la Sécurité sociale pour 2025, qui resterait à 16 milliards d’euros.