Les ministres de l’Intérieur et de la Justice du gouvernement Barnier ont choisi de dévoiler leur plan contre le crime organisé dans la ville de Marseille, théâtre d’une sanglante guerre de territoire entre gangs de trafiquants de drogue.
Ils seront reçus par le maire de la ville, Benoît Payan, puis se rendront à la préfecture des Bouches-du-Rhône où ils rencontreront des associations et des familles de victimes d’assassinats liés au trafic de drogue, avant de présenter leurs mesures lors d’une conférence de presse. .
Il y a quelques mois, c’est également à Marseille qu’a eu lieu la première opération de nettoyage en présence des ministres de l’époque Gérald Darmanin et Eric Dupont-Moretti.
« Guerre sans pitié »
Le nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau rencontrera ensuite les forces de police des quartiers nord, tandis que le ministre de la Justice Didier Migaud se rendra à la prison des Baumettes, puis au tribunal judiciaire de Marseille, où il échangera avec les dirigeants du tribunal. et juridiction ainsi qu’avec les personnels de la Juridiction Interrégionale Spécialisée (JIRS).
Après plusieurs fusillades meurtrières liées au trafic de drogue, Bruno Retailleau a jugé vendredi dernier que la France était à un « point de bascule » face au trafic de drogue qui menace selon lui le pays de « mexicanisation ». Il avait promis une « guerre » longue et impitoyable contre ce trafic, dont le chiffre d’affaires est estimé entre 3,5 et 6 milliards d’euros par an en France.
Le garde des Sceaux Didier Migaud, “totalement en phase” avec M. Retailleau, a également affirmé qu’une “réponse très ferme de l’Etat” était nécessaire. Une réponse ultra-sécuritaire dans la lignée des plans successifs depuis 30 ans qui visent à endiguer, en vain, le trafic de drogue.
Les mesures qui seront annoncées ont été revues jeudi lors d’une rencontre entre les deux ministres et le chef du gouvernement Michel Barnier.
« Intérêts fondamentaux de la Nation »
Ce dernier avait alors appelé le réseau X à « une mobilisation générale contre le crime organisé », devenu « une menace contre les intérêts fondamentaux de la Nation ».
Le plan qui sera présenté comprendra « une meilleure organisation des tribunaux spécialisés, de nouveaux moyens d’enquête pour la police et les magistrats », ainsi que des « mesures complémentaires » sur les détenus, les mineurs et les contenus illégaux en ligne, a détaillé le Premier ministre dans son discours. message.
Un parquet national anti-stupéfiants
Ses ministres devront notamment rechercher « un consensus transpartisan » sur la base du projet de loi des sénateurs Etienne Blanc (LR, Rhône) et Jérôme Durain (PS, Saône-et-Loire), qu’il a reçu la semaine dernière. Le texte, qui doit être examiné le 27 janvier par le Sénat, propose notamment de recalibrer l’Office anti-stupéfiants (Ofast) en une véritable « DEA à la française », du nom de l’agence américaine de contrôle des stupéfiants, et de créer une agence nationale de lutte contre les stupéfiants. parquet anti-stupéfiants (Pnast).
Sur le terrain, les attentes sont énormes. “Il faut revoir les textes, les organisations et les moyens face aux violences devenues sans limites, à la corruption des esprits et des pratiques, à l’impact financier des réseaux”, a déclaré Franck Rastoul, procureur général près la Cour de justice. appel depuis Aix-en-Provence.
“Il y a une mobilisation totale mais il y a un étouffement du système judiciaire”, explique une autre Source judiciaire, indiquant que rien qu’à Marseille, “750 détenus et mis en examen” concernent le crime organisé. « La lutte contre le banditisme de la drogue est une grande cause nationale et nous devons changer de vitesse. Mais le contexte budgétaire le permet-il ? », demande-t-elle.