5 000 calories par jour pour les zones froides
« J’ai préparé le ravitaillement de Yannick il y a quatre ans. J’ai donc cette expérience du dernier Vendée Globe, qu’il a remporté, pour connaître ses goûts. Cela fait partie des éléments de performance, comme tout le reste », explique le spécialiste. « L’objectif est de préparer un stock de nourriture qui lui permettra d’avoir l’énergie nécessaire, car il est la première machine à bord. Bien sûr, il a aussi besoin de nourriture de plaisir. »
Dans ce cadre, son équipe lui a préparé de quoi durer 78 jours et lui a également fourni un sac de provisions en cas d’incident. Pour rappel, le Rochelais a bouclé le Vendée Globe en 80 jours, 3 heures, 44 minutes et 46 secondes, le 28 janvier 2021. Cette année, il embarquera à bord de son Imoca environ 160 kg de nourriture. Sa nourriture sera stockée dans de grandes pochettes disposées de manière bien précise dans le bateau.
Les menus sont concoctés avec le souci du détail. « Je le fais de jour et je divise le parcours en zones, en fonction de la température et des conditions météorologiques que Yannick va rencontrer. Cela me donnera un nombre de calories par jour à respecter », poursuit Stéphanie.
En effet, le skipper rochelais doit consommer environ 3 500 calories par jour lorsqu’il se trouve dans les zones où le climat est chaud, près de 4 000 lorsque le climat est tempéré et entre 4 500 et 5 000 pour les zones froides. «Il y aura des aliments lyophilisés, des plats déshydratés et cuisinés à la main», précise le spécialiste. Ajoutez à cela des plats stérilisés à réchauffer qui sont plus lourds car contenant de l’eau. «C’est la chose la meilleure et la plus simple à préparer», explique Stéphanie Gaspari.
Pour ce Vendée Globe, Yannick Bestaven a privilégié les plats préparés un peu plus que les lyophilisés : « C’est peut-être un peu plus lourd mais c’est plus agréable à manger »
Le navigateur fait confiance à ses équipes à l’approche de la course. « Nous avons l’expérience d’il y a quatre ans qui nous aide à tout finaliser en termes d’équipement, de nourriture et de vêtements à embarquer. Ce sont des petits détails importants quand on part en mer seul pendant trois mois », souligne Yannick Bestaven. « Rien n’est laissé au hasard, tout a été calculé en termes de poids, de calories… L’expérience m’aide beaucoup pour préparer cela le plus rapidement possible. Rien n’a changé depuis la dernière édition, tout est pareil. » Pour ce Vendée Globe, Yannick Bestaven privilégiait encore un peu plus les plats préparés que les lyophilisés. « C’est peut-être un peu plus lourd mais c’est plus agréable à manger. Disons qu’avec l’âge on se fait un peu plus plaisir », avoue le tenant du titre.
Canard confit pour le réveillon
Il pourra également déguster des plats conçus spécialement pour lui par le traiteur rochelais Grégory Coutanceau : ballottines de sole et poires au chocolat pour son anniversaire le 28 décembre, suprême de chapon à Noël, navarin de Saint-Jacques le 31 décembre ou encore confit de canard et riz au lait pour le Nouveau. Le réveillon… Yannick Bestaven devrait en profiter ! « Ce que nous préparons pour lui est de très haute qualité. Ce sont des petits plats faits maison avec des produits achetés auprès de producteurs locaux », poursuit son responsable approvisionnement. Un régime presque comme à la maison mais bien sûr sans réfrigérateur une fois en mer « car il faut que tout soit conservé à température ambiante ».
L’important est aussi d’avoir une alimentation équilibrée. « Il y a principalement de la viande mais je souhaite qu’il y ait du poisson car il est plus facile à digérer. C’est vraiment pour qu’il ait de l’énergie et qu’il se sente bien de faire du sport et que ce ne soit pas trop lourd », précise Stéphanie Gaspari. Côté boisson, le vainqueur du Vendée Globe partira en mer avec deux packs d’eau et utilisera un dessalinisateur tout au long du parcours.
Ajoutez du café, du thé et des tisanes pour changer les goûts. Plus généralement, l’idée est de ne pas avoir une journée identique. « Je pense qu’il n’a pas envie de manger toujours la même chose, ça lui réserve des surprises qui font du bien à son moral. Par exemple, il adore les lentilles salées, c’est son plat préféré chez sa maman. Nous avons donc utilisé la recette, il en mangera au moins un par semaine. »
40 tablettes de chocolat noir
Bien entendu, il faut également prévoir quelques écarts. « Yannick aime les choses sucrées, je lui en donne mais pas trop pour qu’il ne tombe pas malade. Je lui prends une demi-barre de chocolat noir par jour, soit 40 barres sur 80 jours. Il prend également des desserts et des biscuits au chocolat, qui ne sont certes pas vraiment optimaux pour l’alimentation d’un sportif, mais il faut lui donner ce qu’il aime. » C’est un des éléments importants pour participer à une course aussi longue et exigeante, tant physiquement que mentalement, que le Vendée Globe.