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On prédisait qu’il serait gagnant avant même le début de l’année littéraire, et les prédictions se sont confirmées. Ce lundi 4 novembre, à Drouant à 12h45, Philippe Claudel a rendu le verdict attendu : c’est donc Houris par Kamel Daoud (Gallimard) qui gagne – au premier tour s’il vous plaît ! – le 122e Prix Goncourt. Il faut dire que cette évocation de la guerre civile algérienne dans les années 1990 s’est imposée comme l’un des événements éditoriaux de l’année, dès sa parution mi-août.
Une revanche pour Gallimard
De nombreux lecteurs ont été bouleversés par la voix de l’Aube qui, en effet, n’a plus de voix : massacrée par les islamistes, elle a survécu (contrairement à sa famille), mais a perdu ses cordes vocales. Aujourd’hui, elle s’adresse dans un monologue obsédant à l’enfant qu’elle porte en elle et qu’elle ne souhaite pas garder. Une fille, pense-t-elle, à qui elle souhaite raconter l’infâme « décennie noire ». D’autres personnages, d’autres témoignages s’ajouteront au fil des pages de Houris – titre qui évoque, selon les termes de Larousse, le « vierge(s) du paradis, promise(s) comme épouse(s) aux croyants qui y sont admis » dans le Coran.
Au-delà de la seule littérature, le jury Goncourt a évidemment montré un signal politique en couronnant l’écrivain-journaliste algérien (naturalisé français), âgé de 54 ans, sous le joug d’une fatwa depuis 2014. Il y a quelques semaines, les éditions Gallimard avaient d’ailleurs…