L’ennemi public numéro 1 en France dans les années 1980 ne ressemblait en rien à l’idée que l’on se fait du criminel. Bruno Sulak a été décrit par les victimes de ses braquages comme un homme charmant et élégant, qui n’a jamais eu recours à la violence.
Pendant des années, Bruno Sulak a incarné Arsène Lupin en dévalisant des bijouteries au vu et au su de la police, qu’il n’a eu de cesse de narguer. Arrêté à plusieurs reprises, le braqueur s’évade régulièrement de prison grâce à des stratagèmes dignes de scénarios de cinéma.
Mais c’est surtout son amour passionné avec Thalie (interprétée par la magnétique Léa Luce Busato) et la soif de liberté du bandit que Mélanie Laurent (Voleurs) des films avec passion dans Libre. Loin d’un biopic académique, l’ouvrage, inspiré du livre Aqueux de Philippe Jaeneda, se perd délicatement dans les étreintes des deux tourtereaux en fuite. « Mélanie savait que n’importe quel homme avec une histoire comme celle-là en ferait un film de braquage. Pourtant, pour Bruno et Thalie, leur histoire d’amour passait avant tout »confie Lucas Bravo (Emilie à Paris), qui incarne avec brio le gentleman cambrioleur.
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Une mise en scène soignée
En faisant ses recherches pour préparer son rôle, l’acteur s’est découvert des points communs avec Bruno Sulak : «C’était un amoureux des mots, un poète. J’ai grandi en Italie, à l’âge où l’on apprend la dictée. Après cela, j’ai eu beaucoup de difficultés en français avec l’orthographe. Alors moi aussi je me suis installé dans des mots précis. J’ai aussi souvent déménagé à cause du travail de mon père et j’ai dû constamment me réinventer. J’ai grandi comme un caméléon, comme lui..
Surtout, Lucas Bravo a pu rencontrer le vrai Georges Moréas (incarné à l’écran par un flegmatique Yvan Attal), le commissaire chargé de l’arrestation de Bruno Sulak, qui avait développé avec lui une proximité et un respect singuliers. « Il m’a parlé de Bruno avec beaucoup de délicatesse, continue Lucas Bravo. Il m’a donné des enregistrements téléphoniques de lui pour que je puisse entendre sa voix. Il y a aussi une scène dans le film qui est la transcription exacte d’une conversation entre les deux. »
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Pour le reste, Mélanie Laurent s’est laissée la liberté de broder autour de cette histoire vraie pour donner du panache à ses personnages, jusqu’au dénouement tragique du bandit. C’est dans cette dernière partie, lorsque la réalisatrice s’éloigne de l’histoire d’amour pour se consacrer à l’aspect policier, que le film perd de sa superbe. Mais rien que pour son esthétique granuleuse et sa mise en scène qui sent bon les années 1980, on pardonne facilement cette faiblesse pour se laisser charmer par ce Bruno Sulak. Sur Prime Vidéo.