Un couvre-feu et une interdiction de manifester ont été instaurés suite aux violences en Martinique. La piste de l’aéroport de Fort-de-France a été envahie et trois vols de plus de 1 000 passagers ont été détournés vers la Guadeloupe. Les Belges présents sur place témoignent de la situation chaotique.
« La situation en Martinique est très préoccupante. Des émeutes généralisées ont éclaté, plongeant l’île dans le chaos. » témoigne Laurent ce vendredi matin via le bouton orange Alertez-nous. « L’aéroport de Fort-de-France est désormais fermé et je me retrouve enfermé à l’intérieur. Dehors, la scène est tout simplement apocalyptique. Des voitures brûlent et des émeutiers ont envahi la piste. Pour l’instant, il n’y a aucune possibilité de quitter l’aéroport, je pense que ce serait imprudent de le faire. La situation est trop dangereuse et incertaine.il craint.
Andrea, une autre Belge qui nous a contacté, est également en Martinique. « J’y suis depuis une semaine et tout se passait bien. Hier soir, ça a commencé à s’échauffer un peu. »il témoigne. Des barrages routiers commençaient à être mis en place. Il constate alors l’étendue des dégâts. « Des palmiers gisant au sol, des rouleaux de câbles électriques, des conteneurs, mais en réalité des conteneurs liner. Des voitures brûlées »détaille le Belge.
Il devait arriver à l’aéroport hier, mais de nombreuses routes étaient fermées. « Environ 85 % des routes étaient complètement bloquées. Cela signifiait qu’un trajet d’une demi-heure nous prenait plus de 2,5 heures. Nous avons dû traverser des champs de bananes pour rejoindre l’aéroport. Une fois sur place, on s’est dit que le pire était passé, mais en fait pas du tout.
Il assiste ensuite à l’invasion de la piste de l’aéroport de Fort-de-France. « Nous avons observé un début d’incendie. On a entendu des tirs de flashballs, mais aussi, selon certains, des gaz qui auraient servi à repousser les gens.»
La piste étant actuellement bloquée, il ne peut pas prendre l’avion pour rentrer en Belgique. “Pour l’instant, c’est le flou total”dit-il.
La Martinique pansait ses plaies jeudi après une nuit de chaos marquée par des pillages, des incendies et des violences qui ont fait 26 blessés policiers et gendarmes, poussant le préfet de l’île à décréter un couvre-feu et une interdiction de manifester sur tout le territoire jusqu’à lundi.
Cette augmentation de la violence résulte du mouvement contre la vie chère
Un homme a également été tué par balle dans des circonstances encore floues : il a été retrouvé blessé par les gendarmes qui intervenaient contre le pillage d’un centre commercial à Robert (est) et est décédé à l’hôpital, selon la préfecture de Martinique. Une enquête a été ouverte, a ajouté la préfecture, excluant l’implication des policiers qui n’ont pas “n’ont pas utilisé leurs armes pendant les émeutes”. De Source proche du dossier, l’homme aurait été victime d’un règlement de comptes entre émeutiers.
« Cette augmentation de la violence est le résultat du mouvement contre la vie chère » que les autorités françaises semblent ignorer », explique Laurent.
Depuis septembre, l’île caribéenne est marquée par un mouvement contre la vie chère, thème récurrent dans les territoires d’outre-mer, qui a dégénéré en violences urbaines.
Jeudi après-midi, plus d’une cinquantaine de personnes ont envahi la piste de l’aéroport de Fort-de-France, dans la commune du Lamentin (centre), a indiqué une Source policière. Ils entendaient dénoncer l’arrivée de renforts de la police. En fin de journée, trois vols avec “à bord 1.117 passagers” ont été détournés vers la Guadeloupe suite à la fermeture de l’aéroport, a rapporté la préfecture de Guadeloupe. Suite à cela, 8 personnes ont été arrêtées.
Des violences enregistrées chaque nuit
La situation s’était apaisée ces dernières semaines mais des incidents ont éclaté lundi entre les CRS et des militants qui menaient une action de blocage au Lamentin. Depuis, des violences urbaines sont à nouveau enregistrées chaque nuit. En conséquence, le préfet de l’île, Jean-Christophe Bouvier, a signé jeudi deux arrêtés concernant « l’ensemble du territoire de la Martinique ».
« Pour l’instant, ma priorité est de rester en sécurité à l’intérieur de l’aéroport, à l’écart des troubles extérieurs. La situation est grave, et j’espère que les autorités agiront rapidement pour rétablir un climat de paix”, espère Laurent confiné à l’aéroport.
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