Un bazooka chinois qui grince

Un bazooka chinois qui grince
Un bazooka chinois qui grince

L’économie chinoise est en difficulté. Et les Chinois ne sont pas les seuls à se demander ce que leur gouvernement compte faire pour corriger la situation.

Le baril de pétrole a perdu plus de 5% de sa valeur mardi malgré les tensions extrêmes au Moyen-Orient et la menace d’une attaque israélienne contre les installations pétrolières iraniennes. C’est que dans une autre partie du monde, une conférence de presse venait de se terminer et elle avait été décevante.

Il faut dire que nous sommes venus entendre Zheng Shanjie, président de la puissante agence chinoise de planification, la Commission nationale du développement et de la réforme. Que tout le monde était là pour en savoir plus sur le plan de relance que Pékin semblait enfin prêt à déployer pour relancer la deuxième économie mondiale. Mais au lieu de cela, nous avons eu largement droit à des platitudes, a rapporté l’Agence France-Presse (AFP).

L’économie chinoise ne se porte pas très bien. Habitué à se maintenir à des niveaux presque insolents, son taux de croissance réel était encore d’au moins 6 % par an avant que la pandémie de COVID-19 ne frappe. Pourtant, tout indiquait, le mois dernier, selon l’OCDE, qu’elle raterait de peu l’objectif plus modeste de 5%, fixé par Pékin pour cette année, et qu’elle devrait se contenter de 4,5% par an. suivant. Le Gardien a par exemple rapporté mercredi que le taux de chômage des jeunes avoisine les 19% dans la ville.

Un dragon à bout de souffle

Il est bien sûr normal qu’une économie qui s’est hissée au deuxième rang mondial ne puisse pas maintenir indéfiniment un taux de croissance moyen de 10 %, mais c’est bien plus que cela. Le pays ne peut pas compter sur ses principaux moteurs de croissance économique. Le secteur immobilier est en perte de vitesse depuis l’éclatement d’une bulle spéculative. Les investissements dans les infrastructures sont plombés par la dette des collectivités locales. Les exportations subissent les contrecoups du ralentissement économique mondial et de la montée du protectionnisme.

Depuis au moins 20 ans, on dit que la Chine doit se rapprocher d’une économie développée normale, c’est-à-dire qu’elle dépende à au moins 70 % de la consommation intérieure, alors qu’elle reste bloquée à un peu plus de 50 %. Mais les consommateurs chinois ne semblent pas prêts à occuper une plus grande place dans l’économie.

Souvent mal payé, imposé plus lourdement que les riches et mal protégé par un étroit filet de sécurité sociale, le Chinois moyen épargnait, au dernier décompte, près d’un tiers de son revenu disponible. Le ralentissement de la croissance économique, l’effondrement de la valeur de l’immobilier et le vieillissement rapide de la population ne font rien pour réduire cette épargne de précaution, a noté cette semaine un économiste de la Banque mondiale cité par le Temps Financier.

Les autorités chinoises ont montré, notamment lors de la crise financière de 2008-2009, qu’elles pouvaient déployer des moyens forts de relance économique lorsque la situation l’exigeait. Mais voilà, on dit que le président Xi Jinping n’aime pas l’idée d’aider directement les ménages ou les entreprises en difficulté car il ne veut pas développer parmi eux une attitude d’assisté.

Espoir et déception

Puis, il y a deux semaines, nous avons assisté à ce qui ressemblait à un revirement complet. Pour stimuler la consommation et l’investissement, la banque centrale chinoise a annoncé une baisse des taux d’intérêt et un assouplissement des règles de prêt bancaire. Pour redynamiser le marché immobilier, nous avons également, avec plusieurs grandes villes, mis en place des mécanismes favorisant l’achat de maisons invendues pour les transformer, dans certains cas, en logements abordables. Afin de redonner un peu de dynamisme aux marchés boursiers, nous avons également offert du financement aux entreprises qui souhaiteraient racheter leurs propres actions.

Trois jours plus tard, le Premier ministre Li Qiang a déclaré qu’une série de mesures politiques « visant à stabiliser l’économie et à promouvoir le développement seraient envisagées ». Une rumeur persistante d’un plan de relance économique a commencé à circuler. Il s’agit notamment de réduire la dette des gouvernements locaux, de recapitaliser les banques et d’encourager la consommation des ménages pour un montant total de 142 à 427 milliards de dollars, peut-être même 1.400 milliards de dollars, soit l’équivalent de 8% de l’économie chinoise, a rapporté l’agence. le Journal de Wall Street.

Les analystes parlaient déjà d’un plan de relance « bazooka », dont les grandes lignes auraient pu être précisées lors de la conférence de presse de Zheng Shanjie ce mardi. Les Bourses chinoises n’ont pas attendu pour décoller et gagner plus de 20% en quelques jours. Toutefois, une partie de ces gains s’est déjà effacée mercredi suite à la déception de la veille. Nous espérions un bazooka, mais “il s’est avéré que c’était plutôt un pistolet en plastique”, a expliqué un analyste à l’AFP.

A la prochaine fois

Il est possible que la bonne nouvelle tant attendue vienne ce samedi, lors d’une autre conférence de presse, mais cette fois de la part du ministre des Finances, a noté cette semaine le Temps Financier. Soit lors de la prochaine réunion du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale prévue à la fin du mois. Mais il est aussi possible que Pékin attende encore plus longtemps pour garder le maximum de munitions dans sa poche afin de pouvoir réagir à un éventuel retour de Donald Trump à la Maison Blanche et à une intensification de la guerre économique entre les deux pays. .

C’est le problème des régimes politiques comme celui de la Chine, observé cette semaine Le monde. « Parce que la véritable capacité de décision est concentrée entre les mains d’une seule personne, le pouvoir donne le sentiment de rester sourd aux maux qui affectent la société depuis longtemps. Puis, soudain, lorsqu’il finit par y prêter attention, toutes les agences de l’État sont sommées de se lancer et de rendre publiques leurs mesures de soutien, sans forcément avoir été vraiment préparées. »

Une chose est sûre, un simple plan de relance, qu’il soit bazooka ou autre, ne suffira pas à surmonter les problèmes économiques fondamentaux de la Chine, ont noté plusieurs analystes ces dernières semaines. Pour ce faire, il faudra s’attaquer plus sérieusement à sa difficile transition vers une économie développée plus normale.

A voir en vidéo

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV La Cathédrale de Fribourg vers une nouvelle illumination – Portail catholique suisse
NEXT Contrôlé à 167 km/h sur une route limitée à 80 km/h