Nouveau round dans le combat du prince Harry contre les tabloïds: un procès s’ouvre mardi à Londres, visant deux publications de Rupert Murdoch accusé par le fils cadet du roi Charles III d’avoir obtenu illégalement des informations sur sa vie privée.
Harry, qui vit en Californie avec sa femme Meghan et leurs deux enfants, sera appelé à témoigner lors du procès devant la Haute Cour de Londres qui devrait durer jusqu’à dix semaines. Les poursuites civiles visent le groupe du magnat Rupert Murdoch, News Group Newspapers (NGN).
Une victoire en 2023
Deux tabloïds, le Soleil et le défunt Nouvelles du mondesont accusés par Harry d’avoir utilisé, notamment par l’intermédiaire de détectives privés, des procédés illégaux pour collecter des informations destinées à alimenter des articles le concernant il y a plus d’une décennie.
Le duc de Sussex, en retrait de la monarchie, a remporté une victoire majeure en 2023 contre la presse tabloïd en obtenant la condamnation de l’éditeur du Miroir quotidien pour les articles issus du piratage des messageries téléphoniques. La procédure devant la High Court de Londres ne porte pas sur des écoutes téléphoniques, le juge Timothy Fancourt ayant jugé que le délai pour agir sur ce point était dépassé.
“Soyez responsable”
Outre Harry, l’ancien dirigeant du Parti travailliste, Tom Watson, aujourd’hui membre de la Chambre des Lords, poursuit également le groupe NGN. Des centaines d’autres victimes ont préféré opter pour des accords à l’amiable avec le groupe de médias.
Harry a déclaré lors d’un événement organisé par le New York Times en décembre, qu’il entendait « responsabiliser » les tabloïds contre lesquels il mène un combat juridique déterminé. Les deux plaignants accusent également les dirigeants de NGN d’avoir dissimulé les agissements illégaux de leurs employés en supprimant des emails. NGN rejette ces accusations, les qualifiant de « fausses » et « non fondées ». Lors de ce procès, le groupe appellera “un certain nombre de témoins, dont des experts en technologie, des avocats et des hauts responsables (de l’entreprise) pour réfuter la plainte”, a indiqué un porte-parole.
-« Une pratique très répandue »
Harry, qui s’est retiré de la famille royale en 2020 et a déménagé aux États-Unis avec Meghan, tient les paparazzi pour responsables de la mort de sa mère Diana en 1997 à Paris. En 2023, il a témoigné contre l’éditeur du Daily Mirror (MGN), devenant ainsi le premier membre de la famille royale à témoigner devant un tribunal depuis plus de cent ans.
Le juge, qui était également Timothy Fancourt, a tranché en sa faveur. Il estimait que le piratage des boîtes vocales des célébrités était « une pratique très répandue » parmi les titres du groupe MGN à la fin des années 1990. Il a également précisé que la messagerie du téléphone portable du prince Harry avait été piratée « dans une mesure modeste ». La presse britannique a été secouée à la fin des années 2000 par la révélation de plusieurs scandales d’écoutes illégales.
Bataille « entre deux armées opiniâtres »
Le groupe de Rupert Murdoch s’était excusé, reconnaissant des pratiques illégales au sein du News of the World, qu’il avait précipitamment fermé en 2011, mais avait nié l’existence d’actions similaires au Sun et nié toute tentative d’étouffer le scandale.
Depuis, quelque 1.300 plaignants ont conclu un règlement à l’amiable avec le groupe de médias. Selon les médias britanniques, ces derniers ont payé environ un milliard de livres (1,18 milliard d’euros), évitant jusqu’à présent tout procès. Le frère aîné de Harry et héritier du trône, le prince William, fait partie de ceux qui ont opté pour de tels accords ces dernières années, tout comme l’acteur Hugh Grant. Ce dernier a expliqué qu’un procès lui aurait coûté dix millions de livres (11,8 millions d’euros) en frais de justice, même en cas de victoire.
Les poursuites judiciaires engagées par Harry contre le groupe de Rupert Murdoch ont été comparées en octobre par le juge Fancourt à une bataille « entre deux armées têtues mais bien dotées en ressources ».
Dans son autobiographie de 2023, « The Substitute », Harry a qualifié Rupert Murdoch de « méchant ».