« Je crois à l’art pour tous, à l’art public… » – .

Invité d’honneur du gala de l’AmfAR, la soirée glamour qui clôture le Festival de Cannes, il arrive en hélicoptère depuis l’hôtel Cap-Eden-Roc au sommet de cette colline du Var.

Bob sur la tête, t-shirt vintage qu’il a dessiné lui-même, jean Dior, cadeau de son ami Kim Jones avec qui il a signé une collab en 2021. Kenny Scharf sourit à la vie et la vie lui sourit. A la Villa Navarra, maison-galerie conçue par l’architecte Rudy Ricciotti réservée aux happy hours du monde de l’art, le peintre-sculpteur expose, chose rare, vingt-six œuvres sur papier. «C’est l’idée de Doriano Navarra», explique-t-il en contemplant l’installation. Quand l’idée me plaît, j’obéis aux ordres… »

Je suis conscient de l’importance de mon histoire et j’en suis fier, mais cela ne m’obsède pas

Kenny Scharf

Avec le monde de l’art, Kenny a connu des hauts et des bas et ne les a jamais cachés. Mais avec les musées, cet établissement qui l’a longtemps snobé, “ça commence à aller mieux”. En octobre, il fera sa première grande exposition muséale à la Brant Foundation de New York, puis une autre cet été dans un musée de Shanghai. « Et on vient de me proposer d’exposer au Musée Thyssen de Madrid, tout se passe ! »

« Way Way Back’N Wilma », acrylique et encre sérigraphiée sur papier Arches.

Paris-Match
/
© Julien Faure

Avant cela, trop souvent, il n’était perçu que comme l’ami de Basquiat, l’ami de Warhol, le colocataire de Keith Haring, « l’un des amours de ma vie ». Pas facile d’être le dernier témoin vivant de l’époque où l’art se réinventait dans les rues de l’East Village. Revenir sur ce passé, comme nous invitons encore souvent les gens à le faire, est au fil du temps « doux et amer ». « Je suis conscient de l’importance de mon histoire et j’en suis fier, mais je ne suis pas obsédé par elle. »

New York, comme toutes les villes du monde, ressemble à un centre commercial

Kenny Scharf

Kenny Scharf aurait aimé que le documentaire que lui a consacré sa fille Malia en 2020 « ferme la porte à une époque, mais on m’en parle encore et encore, alors que retracer ma vie me rappelle des souvenirs parfois douloureux, de très belle aussi.” Parce que lorsqu’il erre désormais dans New York, les fantômes ne le rattrapent plus. « Quand j’étais jeune, je courais dans les rues, la ville était folle, sauvage, dangereuse, et je ne ressens plus ça. Tout a changé. New York, comme toutes les villes du monde, ressemble à un centre commercial. »

Plus après cette annonce

« Out of Town ! », acrylique et encre de sérigraphie sur papier Arches.

Paris Match
/
© Julien Faure

Scharf retourne vivre à Los Angeles, où, à l’âge de 3 ans, il comprend que la peinture sera son « principal centre d’intérêt », où il est né dans une clinique chic aujourd’hui transformée en centre de scientologie. Sa maison n’est pas loin de celle du grand artiste américain Ed Ruscha, qu’il voit souvent.

Je me permets de plus en plus de me moquer de tout

Kenny Scharf

Lorsqu’il ne travaille pas dans son studio, Kenny fait du vélo, nage et court avec ses petits-enfants, qu’il voit tous les jours. De temps en temps, comme autrefois dans l’East Village, il s’arrête devant une poubelle encombrante et ramasse des écrans de télévision plats sur lesquels il peint, du plastique usagé à partir duquel, depuis 1988, il confectionne des guirlandes pour nous confronter à déchets. qui enterrent la planète.

Fidèle à ses premières convictions, il n’a pas abandonné le street art. Il lui arrive encore d’investir un mur dans une banlieue reculée des États-Unis pour y peindre une fresque à l’intention des écoliers. « Je crois à l’art pour tous, à l’art public… J’aime que l’art ne se résume pas toujours à une transaction financière. Je me permets de plus en plus de me moquer de tout, c’est un des avantages d’être vieux. Je fais ce que j’ai à faire et ce que j’aime faire : peindre. » Et si le prix de ses œuvres suit, grand bien pour lui.

A la Villa Navarra, au Muy (83) : Kenny Scharf, jusqu’au 28 juin. Et l’exposition Matt McCormick, du 13 juillet au 6 octobre.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Qui sont les architectes qui innovent à Rennes ? – .
NEXT Gros bisous – .