Shepard Fairey (Obey) indigné de voir sa Marianne reprise par Jordan Bardella

Shepard Fairey (Obey) indigné de voir sa Marianne reprise par Jordan Bardella
Shepard Fairey (Obey) indigné de voir sa Marianne reprise par Jordan Bardella

Ce détail n’aura pas échappé aux amateurs d’art : en fond de plusieurs vidéos publiées sur les réseaux sociaux par Jordan Bardellale président du RN actuellement sous le feu des projecteurs à l’approche des élections législatives, présente une œuvre du street artiste et sérigraphe américain Shepard Fairey (né en 1970). Également actuellement présentée au Petit Palais dans l’exposition « We Are Here », cette affiche représente un Marianne stylisée aux couleurs du drapeau tricolore, accompagné de la devise de la République française « Liberté, Égalité, Fraternité ». Réalisé juste après les attentats du 13 novembre 2015, c’était une manière pour l’artiste, également connu sous le pseudonyme d’Obey, d’exprimer son soutien aux victimes, à la France et à ses valeurs démocratiques…

Cette présence n’a pas manqué d’interroger les observateurs. Certes, les symboles de la France, dont le drapeau tricolore, et le soutien aux victimes des attentats islamistes sont des thèmes privilégiés de l’extrême droite. Mais les commentateurs n’ont pas manqué de contester le réel respect de ce parti pour valeurs démocratiques qui composent la devise inscrite sur l’affiche. Et surtout de souligner que l’artiste Shepard Fairey est un symbole très loin de l’esprit du RN

Capture d’écran de la vidéo diffusée par Jordan Bardella sur son compte X21 juin 2024

Connu pour détourner les codes des affiches de propagande politique à des fins positives pour créer un « éveil de conscience »l’artiste doit sa renommée à son affiche Espoir (« Espoir »), diffusée en pleine campagne présidentielle américaine de 2008. Il représentait le candidat Barack Obama : un démocrate, fils d’un immigré kényan, qui s’est imposé comme le premier président noir de l’histoire des États-Unis. Unis !

Une copie a été offerte à Emmanuel Macron

« Un homme politique qui utilise cette image, mais qui ne porte pas une politique qui défend ces valeurs, ne mérite pas de pouvoir l’utiliser. »

Shepard Fairey

Autre élément troublant, Obey avait offert un exemplaire de ce même ouvrage à Emmanuel Macron dès son arrivée à l’Élysée, à tel point qu’elle est apparue en fond de plusieurs discours télévisés du président. En le plaçant également derrière lui lorsqu’il se filme dans son bureau, Bardella semble donc indiquer qu’il est prêt à prendre la place de Macron. Juste pour souligner que le RN ne serait pas incompatible avec l’exercice officiel du pouvoir et la défense de notre devise…

Shepard Fairey signant ses lithographies « Hope Barack Obama » à Los Angeles

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© Damian Dovarganes /AP / SIPA

Cette utilisation de l’œuvre d’Obey lui a valu accusations de détournement et de réappropriation. “Un homme politique qui utilise cette image, mais qui ne porte pas une politique qui défend ces valeurs, ne mérite pas de pouvoir l’utiliser”, a réagi Shepard Fairey, interrogé à ce sujet sur France Inter vendredi 21 juin. à qui une exposition monographique est actuellement consacrée à la galerie Itinerrance à Paris, explique cependant queil ne peut pas empêcher le RN d’utiliser sa Marianne. « J’ai réalisé cette image, je l’ai rendue gratuite pour tout le monde », se souvient-il. « Ce que j’espère, c’est que lorsque les gens verront la contradiction ridicule de quelqu’un qui prône la haine et la division et essaie de s’associer à cette image, ils se diront qu’il ne peut pas être pris au sérieux. »

Soutien aux « personnes qui s’opposent à l’injustice »

L’affiche en question a été réalisée par Obey le soir même de son arrivée en France en novembre 2015. Venu accrocher sa sphère Crise terrestre sous la Tour Eiffel, il avait atterri dans un pays secoué par les attentats du Bataclan. Conçue pour exprimer sa « solidarité avec les Parisiens et l’humanité toute entière », cette Marianne est un variation d’une de ses œuvres précédentes, Fille de la paix, associé au slogan « Make Art Not War ». En juin 2016, l’artiste a réalisé un fresque monumentale au 13et arrondissement de Paris. Après un acte de vandalisme (la devise avait été grattée et des larmes rouges ajoutées), Obey l’a restauré et a ajouté une petite larme bleue sur la joue de Marianne, en soutien aux « gens qui s’opposent aux injustices ». Seul problème avec les concepts louables brandis par Fairey : comme tout slogan, ils peuvent être interprétés à leur manière et repris par tous les bords politiques…

Flèche

Chant du cygne. Shepard Fairey

Du 20 juin 2024 au 15 juillet 2024

itinerrance.fr

Galerie Itinerrance • 24, boulevard du Général d’Armée Jean Simon • 75013 Paris
itinerrance.fr

 
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