Arnold Böcklin en 2 minutes

En bref

Peintre suisse dont la carrière s’est principalement construite en Allemagne et en Italie, Arnold Böcklin est un représentant du symbolisme européen. Le grand historien de l’art Heinrich Wölfflin, ami du peintre, a souligné l’universalité de son talent. Décrit comme un chanteur de lumière, un peintre de l’âme, Böcklin peint un œuvre majeure du 19ème sièclee siècle : Île des Morts (1880), paysage imaginaire et sombre. Son œuvre a marqué les surréalistes, notamment Giorgio de Chirico.

Arnold Böcklin, Autoportrait avec la Mort jouant du violon1872

je

Huile sur toile • 75 × 61 cm • Coll. Galerie nationale, Berlin • © Musées nationaux de Berlin, Galerie nationale / Photo Andres Kilger

La vie d’Arnold Böcklin

Formation à Bâle et Düsseldorf

Né à Bâle en 1827, dans une famille de commerçants, Böcklin fréquente l’école de dessin de sa ville natale. Il est passionné par la mythologie gréco-romaine. Sur l’insistance de ses professeurs, le jeune homme quitte étudier à l’Académie de Düsseldorf à partir de 1845. Déjà attiré par la représentation idéaliste du paysage, dans la tradition de son professeur Johann Wilhelm Schirmer, il termine sa formation en 1847. Son certificat de fin d’études porte la mention distinctive : « un talent remarquable ».

Voyages et études des grands maîtres

A la fin des années 1840, Böcklin quitte l’Allemagne et part à la découverte des grandes collections des musées de Bruxelles, Anvers et Paris. Il admire les maîtres flamands, en particulier Rubens, et dessine d’après Titien. A Paris, en 1848, Böcklin fréquente l’Académie suisse et le Louvre. Son intérêt le porte vers Eugène Delacroix et Camille Corot. Le peintre est marqué par la répression sanglante de la révolution de 1848. Les scènes atroces qu’il voit le rendent somnambule et le poussent à développer une antipathie pour la France.

Les années romaines

En 1850, Böcklin arriva à Rome. Là, il rencontre d’autres artistes allemands et participe à l’éphémère groupe Tugendbund. Böcklin aime dessiner dans la campagne romaine, l’expérience lumineuse italienne le marquant durablement. L’artiste continue de peindre des paysages idéalisés, même sortis de son imagination. A cette époque, ses œuvres étaient confidentielles. En 1853, il épousa Angela Pascucci, fille d’un garde pontifical. Le couple n’aura pas moins de quatorze enfants mais la plupart d’entre eux mourront en bas âge. À partir de 1855, Böcklin s’oriente vers sujets mythologiques et commence à peindre plusieurs versions du même thème.

Une situation précaire en Allemagne

Très démunis, Böcklin et sa famille retour à Bâle. Ils emménagent dans la maison des parents du peintre alors que la santé de l’artiste se dégrade. Sa peinture Pan dans les roseaux, présenté à Munich en 1859, séduisit le roi Louis Iereuh. En 1860, Böcklin fut nommé professeur à l’École des Beaux-Arts de Weimar. Après être revenu quelques années en Italie, il s’installe à Munich en 1871. Bataille de centaures fut récompensé par une médaille de bronze à l’Exposition universelle de Vienne en 1873. L’artiste continua à voyager en Italie, et sa situation financière s’améliore à partir de 1878 grâce au soutien du commerçant Fritz Gurlitt.

Le temps du succès

A la fin de sa carrière, l’artiste s’impose sur les hauteurs du lac de Zurich. En 1889, il est nommé médecin honoris causa de la faculté de philosophie de la ville et devient citoyen d’honneur de Zurich. Cependant, sa santé se détériore tandis que sa reconnaissance s’est répandue en Allemagne, dans le contexte de l’essor d’un puissant sentiment national. Bien qu’il soit d’origine suisse, Böcklin incarne le génie germanique en raison des nombreuses années passées dans le pays. Heinrich Wölfflin, notamment, célébrait le peintre et lui vouait un véritable culte. En 1895, Böcklin pose une dernière fois ses valises en Italie, à FiesoleOu il est mort d’une pneumonie en 1901.

Ses œuvres phares

Arnold Böcklin, Bataille de centauresentre 1872 et 1873

je

Huile sur toile • 104,2 × 194,3 cm • Coll. Kunstmuseum Basel, Bâle • © Kunstmuseum Basel

Bataille de centaures1873
D’une grande violence, cette scène oppose cinq centaures enragés dans une lutte sauvage. Le sixième, mort, préfigure l’issue fatale du combat. Böcklin, féru de mythologie gréco-romaine, se serait inspiré de l’épisode de combat entre les Lapithes et les Centaures, tout en s’éloignant du modèle ovidien. La force des lignes diagonales qui construisent la composition, le décor d’une montagne enneigée, les corps surchauffés des créatures fantastiques : tout concourt à faire de cette œuvre une allégorie de la sauvageriede la lutte pour la survie.

Arnold Böcklin, Île des Morts1880

je

Huile sur toile • 110,9 × 156,4 cm • Coll. Kunstmuseum Basel, Bâle • © Kunstmuseum Basel

Île des Morts1880
Œuvre phare de Böcklin, Île des Morts est disponible dans cinq versions qui présentent chacun de légères variations. Mais la scène principale reste la même : au milieu d’un plan d’eau, sombre et calme, un île rocheuse hérissé de cyprès, symbole de deuil dans le monde méditerranéen, se dessine devant le spectateur. Un bateau transportant un cercueil, un passeur et un personnage drapé se dirige vers le port. Cette île-tombe semble symboliser le monde mystérieux de la mort. Mais à qui est réservée cette retraite ? Peut-être à des esprits supérieurs et solitaires…

Arnold Böcklin, Le Jeu des NaïadesArnold Böcklin, Le Jeu des Naïades

Arnold Böcklin, Le jeu des Naïades1886

je

Huile sur toile • 150,5 × 176,4 cm • Coll. Kunstmuseum Basel, Bâle • © Kunstmuseum Basel

Le jeu des Naïades1886
Böcklin apprécie parmi tous les thèmes mythologiques lié à la mer. Ici, malgré le titre de l’œuvre, le peintre représente néréides (divinités marines) plus que les naïades (divinités sources). Les créatures mythologiques semblent libres de toute contrainte, de toute retenue, dans un univers libre qui s’oppose au cadre de Böcklin de la société contemporaine. L’artiste peint ici la joie de vivre, un scène à l’érotisme décomplexéutilisant des couleurs très franches et vibrantes (rouge carmin, jaune citron).

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

NEXT Musée du Film Kawakita : Chantal Stoman : Ōmecitta – .