Lorsqu’il s’agit de mettre en valeur le style architectural d’un bien, les agents immobiliers préfèrent évoquer un style (« Art déco », « moderniste », « contemporain »…) ou une époque (« années 1950 », « années 1970 »…). « Actuellement, le style préféré par ceux qui en ont les moyens est le contemporain », insiste l’agent immobilier. “De grandes baies vitrées, des lignes pures, sans fioritures, il explique. Et de belles hauteurs sous plafond, qui dévalorisent parfois les belles propriétés des années 1970. »
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Peu de noms vraiment significatifs
Ce qui ne veut pas dire qu’il ne fasse pas référence aux noms des auteurs de l’architecture le cas échéant. “Je l’indique lorsque leur signature représente quelque chose pour les clients. Mais il y en a peu. Marc Corbiau et Bruno Erpicum pour les plus actuels. Adrien Blomme ou Pierre Barbe pour la génération qui les a précédés ; le premier parce que son nom est connu, le second parce qu’il a créé de nombreuses propriétés pour de grandes familles industrielles belges. Peut-être oserais-je aussi Keuter, ou encore Réginald De Meester, même si leur nom ne dit pas grand chose aux non-initiés. D’ailleurs, si le jardin a été conçu par Pechère ou Wirtz, je citerais plutôt le paysagiste que l’architecte.
mouette« La valeur ajoutée de la simple signature d’un architecte célèbre est impossible à quantifier. »
Le risque que les noms… soient trop parlants
A l’inverse, lorsque le nom de l’architecte est trop connu – Horta, pour n’en citer qu’un – »ça pourrait être un cauchemar, sourit Jean de Kerchove, car la majorité des personnes intéressées par la propriété viennent pour le seul plaisir de la visiter.
Quant à savoir si l’architecte représente une réelle valeur ajoutée, il s’interroge. “Je dirais oui pour les contemporains, en âge ou en style. En revanche, je suis plus perplexe pour les autres. Certes, leur nom n’est pas évoqué dans le seul but d’attirer l’attention, mais, en revanche, je suis moins sûr qu’il fasse bouger les valeurs sur le plan strictement immobilier… »
C’est ce que confirme Eric De Keghel, géomètre-expert immobilier, président de la Commission du marché immobilier au sein de l’Ugeb, le Syndicat des géomètres-experts de Bruxelles. “La valeur ajoutée de la seule signature d’un architecte célèbre est impossible à quantifier. les maisons signées Horta, Hankar, Blérot, Delune, Polak, Govaerts, Sneyers, De Koninck et autres Van de Velde »doivent être considérées comme des œuvres d’art et ont une valeur unique.
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Quant à la spécificité d’être la résidence personnelle d’un architecte, elle est à double sens. “Ils peuvent être plus prudents car fabriqués pour leur propre usage mais aussi parfois plus audacieux, plus originaux. Certains architectes sont de magnifiques designers mais de mauvais techniciens »note le géomètre.
Question de goûts et d’époques
Si les agences immobilières mettent en avant le nom de l’architecte, ce cachet ne prend pas en compte l’expertise. “Nous prenons en compte l’emplacement, l’agencement, la qualité du bâtiment, la lumière… C’est ce qui crée la valeur ajoutée. Pas le nom de l’architecte. Plus précisément, ce sont les conséquences de l’action de l’architecte – une maison bien pensée, originale, lumineuse… – qui déterminent le prix, pas forcément son nom.
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“Comme l’art, l’architecture est aussi une question de mode et de goût, conclut Eric De Keghel. Il fut un temps où l’Art Nouveau n’était pas à la mode, et donc peu valorisé. Et il en fut de même pour les maisons cubiques, jugées trop géométriques et presque personne n’en voulait. Ce qui influence aussi leur prix.
