Deux visions de l'enfer au festival de photoreportage Barrobjectif

Deux visions de l'enfer au festival de photoreportage Barrobjectif
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      photoreportage
      Barrobjectif
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Les photos de Dominique Drouet des spectateurs déchaînés du Hellfest ne laissent personne indifférent dans les rues de Barro.

Julie Desbois

DDes magnifiques orangs-outans virevoltant dans la forêt de Sumatra photographiés par Angela Poggioni, aux enfants survivants dans les décombres de Gaza sous l’œil de Mohammed Zaanoun. La beauté du monde et sa laideur réunies au même endroit. À travers 25 expositions photos, le festival Barrobjectif, ouvert jusqu’au 22 septembre à Barro, montre une fois de plus le portrait à double face de l’humanité. Et même de l’enfer.

« Si les abattoirs d’Accra témoignent de la pollution du dénuement, nous sommes ici dans la pollution de l’abondance, de la « fast fashion » notamment »

Le mot qui vient à l’esprit du photographe Christian Barbé lorsqu’il voit les deux silhouettes à contre-jour, se détachant au milieu de la fumée noire des abattoirs d’Accra, au Ghana. Là où les pneus usagés servent de combustible pour cuire la viande qui sera ensuite vendue sur les marchés de la capitale. « Des gens intoxiqués dont les conditions de travail sont terribles, comme dans les mines », raconte le photographe, qui a découvert cet enfer en allant faire un reportage sur la boxe. « Je voyais cette fumée depuis mon hôtel tous les matins. Ce sujet s’est imposé à moi. »

Ces images sont à voir en noir et blanc, témoignage d’un monde où l’on brûle des câbles pour en retirer le cuivre, où l’on amarre des bateaux aux poubelles du port d’Accra et où des gamins fouillent pour trouver ce qu’ils peuvent revendre parmi les déchets informatiques et textiles qui jonchent les plages du Ghana. « Si les abattoirs témoignent de la pollution du dénuement, ici on est dans la pollution de l’abondance, de la “fast fashion” notamment avec tous ces vêtements qui arrivent d’Europe et finissent dans la mer », dit Christian Barbé, qui préfère s’exprimer en noir et blanc. « Pour son côté dramatique et intemporel ».

Hellfest, le paradis des Bisounours

Loin des couleurs de « Planète Hellfest », l’exposition de Dominique Drouet qui plonge le public dans l’enfer paradisiaque d’un des plus grands festivals de métal du monde. L’enfer, mais joyeux et exubérant. Il n’y a qu’à voir ces gueules tatouées et maquillées, où des têtes de mort côtoient des bas résille, des casques gaulois et même une peluche rose tenue par deux hommes barbus ! Comme une histoire d’amour improbable entre la famille Adams et les Bisounours. Un festival à part. « Les métalleux sont des gens sympas, confie Dominique Drouet. C’est le seul festival où on ne m’a jamais refusé une photo et où les gens viennent m’embrasser après, le seul où tout le monde ramasse un bout de papier par terre ! Il y a une vraie bienveillance. »

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Le spectacle ? « Il est dans le public », avoue le photographe, qui a commencé à suivre le Hellfest il y a dix ans pour les journaux. « J’ai photographié les groupes et les artistes, mais les spectateurs sont encore plus intéressants, ils viennent comme ils sont, voire nus s’ils le veulent. » Même si ça se perd. « Au fur et à mesure que le festival a du succès, ces figures de métalleux sont remplacées par des bobos, on perd ce côté extravagant en entrant dans la machine à fric. » Même les joies de l’enfer ont une fin.

(1) Festival Barrobjectif à Barro jusqu'au dimanche 22 septembre. Gratuit.

 
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