Une Biennale de Venise ouverte sur l’hémisphère sud et l’altérité

Une Biennale de Venise ouverte sur l’hémisphère sud et l’altérité
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Une fois tous les deux ans, l’art contemporain envahit Venise. Autour de la Biennale, qui fête sa soixantième édition, se déroulent une trentaine d’« événements collatéraux » dans des fondations, des églises, des jardins et des boutiques de mode. Sans oublier le hors-parcours qui compte plus d’une centaine d’expositions et d’installations à travers la ville.

Cependant, certains paramètres extérieurs viennent perturber cette rencontre artistique. La météo, par exemple, a contrecarré les projets d’ouverture du Palazzo Diedo, le nouveau centre d’art lancé par l’homme d’affaires Nicolas Berggruen, dont le chantier a pris du retard – avec la montée des eaux, les cartons et les gros chargements ne passaient plus sous les ponts. Après des températures estivales très brusques, de violents orages ont également freiné l’enthousiasme des premiers visiteurs de la Biennale, par ailleurs assez clairsemés lors de cette journée inaugurale réservée aux professionnels.

La manifestation n’échappe pas non plus au contexte géopolitique mondial. L’équipe du pavillon libanais n’était pas au complet (l’aéroport de Beyrouth étant fermé) et c’est un miracle si, malgré les tensions au Moyen-Orient, l’installation joyeuse et poétique de l’artiste Mounira Al Solh a pu être transportée sans incident. Le pavillon d’Israël a été fermé par ses propres représentants, l’artiste Ruth Patir et les commissaires Tamar Margalit et Mira Lapidot, exigeant un cessez-le-feu à Gaza et la libération des otages israéliens par le Hamas. La Russie, comme nous le savons, ne figurait pas sur la liste officielle des participants.

Mounira Al Solh, Une danse avec son mythe (Danse avec son mythe), Pavillon du Liban, Arsenale, Biennale de Venise 2024.

© Andrea Avezù

Et puis il y a l’esprit du temps qui insuffle son esprit dans la manifestation. Cette Biennale, sous la houlette de son commissaire Adriano Pedrosa, directeur artistique du Museu de Arte de São Paulo (MASP), a choisi de parler de l’exil, des migrations subies, des minorités, notamment queer. Elle le fait en mettant en lumière des collectifs engagés, des artistes autochtones, pour certains totalement hors marché, ou restant en marge de l’histoire. On voit dans l’exposition internationale très structurée qu’il a conçue, plus d’œuvres textiles, de sculptures en bois, de céramiques, que d’art conceptuel.

Intitulé « Les étrangers partout » (Des étrangers partout), à partir d’une enseigne lumineuse du duo Claire Fontaine, l’exposition met en lumière des scènes de l’hémisphère sud. Il s’agit d’un choix clair, que certains qualifieraient de bien-pensant. Elle se montre en tout cas assidue à faire passer son message de diversité, au risque paradoxal de paraître sans ambiguïté. Au moins, elle le fait calmement. Quant aux pavillons nationaux, les propositions en sont beaucoup plus provocatrices, voire agressives, comme celle du pavillon polonais, mené par la commissaire Marta Czyz et le collectif d’artistes Open Group (Yuriy Biley, Pavlo Kovach et Anton Varga) qui veut faire la bande originale de la guerre en Ukraine entendue dans cette enceinte.

 
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