Ceux qu’il faisait rire, ceux qui l’admiraient sur scène, au théâtre, au cabaret, dans les opérettes, ceux qui l’appréciaient dans les films de Marcel Lherbier, Jean Renoir, Gérard Mordillat, Bruno Podalydès, ceux qui le voyaient à la télévision, ceux qui l’ont entendu jouer du violoncelle, ceux qui ont bu un canon avec lui (du Beaujolais de préférence), ceux qui ont gravi un sommet en sa compagnie, ceux qui, un jour ou l’autre, ont croisé son chemin enchanté…
Ce qui fait déjà beaucoup de monde étant donné que Maurice avait un tempérament sympathique, affable, amical, sociable, amical, joyeux…
Qui se souvient encore de Maurice Baquet ? Qui se souvient de cet ami si cher à Robert Doisneau, Jacques Prévert, Gaston Rebuffat, Picasso qui lui avait un jour offert un dessin et que Maurice avait épinglé au-dessus de son bureau comme le témoignage d’un bon ami nommé Pablo et drôle comme pas deux ? Qui se souvient encore de Maurice Baquet ? Sa famille bien sûr. Notamment sa fille Anne Baquet, que l’on peut applaudir en ce moment au Lucernaire à Paris en Viens Bach qui, comme par hasard, (les chiens ne font pas les chats, les poètes font rarement les clercs de notaire), mêle Jean-Sébastien Bach et l’humour, l’art lyrique et le rire. Notamment son fils, Grégori Baquet qui vient de consacrer une œuvre émouvante à son père.
Grégori Baquet en effet et en compagnie de Ludovic Pozas vient de sortir un livre élégant, drôle, tendre, affectueux, intitulé Momo et Cérébos.
Beaucoup d’histoires dans Momo et Cérébos aux éditions du Poutan, avec Beaujolais, fanfares, Branquignoles et Dizzy Gillespie.
Qui se souvient encore de Maurice Baquet ? Eh bien, moi en particulier qui ai eu la chance de jouer à ses côtés dans Gare de Champbaudet par Eugène Labiche. Odette Laure en était la star féminine. (Je ne vais pas améliorer ma réputation de chroniqueur vintage ce matin.) Lors d’une pause, Odette et Maurice ont évoqué leurs souvenirs communs. « Vous souvenez-vous qu’on avait joué à Sète au Théâtre de la Mer ? » demanda Odette. ” Bien sûr ! » répondit Maurice. « Vous vous souvenez, il y avait du vent, une vraie bourrasque ! » « Bien sûr que je m’en souviens », répondit Maurice. « Et nous avions des vêtements en seersucker, ça faisait un de ces bruits, ça se déchirait. Je ne sais pas qui était l’idiot qui a eu cette lamentable idée… » « C’était moi. » répondit Maurice avec un sourire.
A qui gagnerait à se souvenir de Maurice Baquet ? Chacun de nous puisque c’est une chance de rencontrer un gars comme celui-là, qu’on disait doué pour le théâtre, pour la musique, pour le sport mais dont la principale qualité était d’être doué pour la vie.
Qui se souviendra de Maurice Baquet ? Ceux qui liront le délicieux livre de Grégory Baquet et Ludovic Pozas : Momo et Cérébos.
