«Ça fait sursauter, mais je crois que l’œuvre d’art est le sous-produit d’une intense activité intellectuelle et sensuelle. C’est pour moi une façon de vivre, de décrypter la réalité […] Nous ne peignons pas ce que nous voyons. Le peintre peint avec les formes qui le préoccupent, celles qu’il connaît… » Ainsi Jean Hélion tentait de donner les clés de son œuvre, lors d’un entretien accordé au journal Le Monde en 1967.
Et d’ajouter : « Mon art est absolument involontaire. J’essaie de me comprendre. Je me souviens d’une conversation avec Giacometti. C’est la compréhension qui compte. Dessiner pour comprendre, c’est autre chose que du dessin à montrer. » En quelques mots, le peintre, parmi les plus énigmatiques du siècle dernier, résumait sa complexité. La raison sans doute de son long rejet, de son isolement.
Un peintre qui se réinvente sans cesse
Figuratif, abstrait, encore figuratif, il n’a cessé de se réinventer. Son art multiplie les détours et les détours, échappant aux dogmes, fuir les écoles. Lorsqu’il tente de résumer dans l’un de ses nombreux écrits les différentes périodes de son art, Hélion lui-même ne cache rien de ses bosses.
« Du 29 au 33 : développement d’un système de signes. Du 34 au 39 : effort pour m’exprimer et exprimer le monde d’un manière abstraite. En 39 et de 43 à 46 : effort pour changer le monde immédiat avec mes structures abstraites. Du 47 au 51 : recherchez archétypes visuels et les humains. De 51 à 54 ans : effort pour tout exprimer par un contact étroit avec l’objet. Effort pour inclure l’apparence en substance. Du 55 au 58 : léger. A partir de 1958 : quartier libre. Tout à la fois. »
Efforts, recherches : les tentatives sans cesse renouvelées d’un éternellement insatisfait. Et pourtant, « au vu de ses apparentes ruptures, c’est avec une absolue clarté qu’il n’a jamais cessé tenter de redéfinir la réalitéla plupart du temps à contre-courant des mouvements à la mode, ce qui lui fait occuper l’une des situations les plus singulières de la peinture contemporaine », écrit le galeriste Franck Prazan, qui a travaillé dur pour le réhabiliter.
La révélation Mondrian
Comment expliquer un tel liberté ? Dès son plus jeune âge, Hélion n’a jamais hésité à changer de peau. Né Jean Bichier en 1904, élevé entre la Normandie et Amiens, il commence des études de chimie juste après la Première Guerre mondiale, avant de se lancer dans l’architecture, comme apprenti dessinateur.
À Persienneil éduque ton regard, centré sur Rubens, Frans Hals et Rembrandt, analysant les compositions structurées de Poussin et Philippe de Champaigne. Dans les galeries, il découvre Cézanne, Matisse et Derain. C’est ici Peintre du dimanche : il dévoile ses dessins au salon de la croûte de Montmartre. Il aurait pu conserver cette pâte épaisse et expressionniste.
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