Impact « dévastateur » du changement climatique sur les œuvres d’art : Actualités

Impact « dévastateur » du changement climatique sur les œuvres d’art : Actualités
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Peinture écaillée, bois cassant, fer ramolli… les œuvres d’art souffrent aussi des aléas climatiques et cela inquiète les professionnels du patrimoine, qui se mobilisent notamment en Occitanie.

« Les œuvres d’art ou de patrimoine sont constituées de matériaux sensibles à la lumière, à la chaleur et à l’humidité, et donc in fine au changement climatique », explique Camille Haumont, restauratrice spécialisée dans la sauvegarde des archives des bibliothèques.

Une situation complexe au moment où les températures ont atteint plus de 40 degrés en août dernier en Occitanie, l’une des régions les plus touchées par les phénomènes de sécheresse et de canicule.

“Avec des changements de température variant brusquement sur de courtes périodes, les matériaux se contractent ou se dilatent, et cette modification du support finit par rendre les matériaux cassants”, ajoute Mme Haumont.

Elle a noté que « la hausse des températures et de l’humidité a un impact sur le taux de moisissures, qui devient de plus en plus courante et de plus en plus difficile à contrôler ».

A cela s’ajoutent l’apparition d’insectes nuisibles, des mouvements de terrain qui fissurent les bâtiments ou, comme au Musée de la Résistance et de la Déportation de Toulouse, un risque accru d’inondations “souvent dévastateurs pour les collections”, selon le restaurateur.

– Conservation préventive –

Face à ces dangers, certains musées ont recours à des techniques de conservation préventive et tentent de réguler la température autour des œuvres afin de les protéger.

C’est le cas des Abattoirs de Toulouse, dont les collections sont stockées dans “des climats spécifiques en fonction de chaque matière”, a expliqué à l’AFP Lauriane Gricourt, directrice de ce musée d’art moderne et contemporain.

« Avant d’acquérir une œuvre, on s’assure désormais d’anticiper ses conditions de conservation, la manière dont on va la stocker et surtout dans quelles conditions on va pouvoir la diffuser au public », ajoute-t-elle.

Le Musée des Amériques d’Auch s’appuie sur des « vitrines réglementées », capables de respecter les normes exigeant la conservation des œuvres à 21 degrés en hiver et 24 en été. Ce système y a été installé pour la célèbre mosaïque de plumes sur bois « La Masse de Saint-Grégoire », particulièrement sensible aux changements de température.

Si de tels caissons se multiplient selon Claire Léger, experte en préservation du patrimoine en Haute-Garonne, leur coût élevé freine leur généralisation.

Les institutions culturelles cherchent également à réduire leur impact énergétique. Ainsi les Abattoirs espèrent une modification des règles de conservation afin de réduire leur empreinte carbone, sujet discuté au sein du Conseil international des musées (ICOM), qui a notamment pour mission d’établir des « normes éthiques » pour le secteur.

« L’idéal serait de savoir si les ouvrages peuvent supporter des variations de température plus importantes. Mais pour les matériaux fragiles comme le bois ou le métal, certains restaurateurs estiment qu’on prend un risque», estime Mme Gricourt.

– Plans de sauvegarde –

Bouclier Bleu, association de protection du patrimoine initialement déployée dans les zones de conflits, intervient désormais de plus en plus en France où, selon ses chiffres, au moins « une catastrophe tous les huit jours a touché le patrimoine culturel au cours de l’année 2021-2022.

“La sécheresse a un impact direct sur le patrimoine, mais elle déclenche aussi des risques (…) Ce n’est pas parce qu’on est dans une zone où a priori il n’y a pas d’inondations que demain il n’y aura pas de tempête ou de méga-incendie”, observe Claire Léger, directeur de l’association, s’est récemment impliqué dans un séchage d’urgence après l’inondation d’une chapelle à Beynac, dans les Hautes-Pyrénées.

Ce pompier volontaire, expert en préservation du patrimoine au sein du département de la Haute-Garonne, travaille sur des plans d’actions avec les services de secours, afin de préserver les bâtiments et ouvrages historiques.

“Ces dernières années, la gravité des sinistres n’a cessé de s’accroître”, renchérit Camille Haumont, autre membre de Bouclier Bleu. Ainsi « en Occitanie, les cathédrales ont toutes leur plan de secours et les pompiers savent quelles collections il faut évacuer et comment faire ».

 
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