Coup de théâtre dans le monde automobile : Stellantis, quatrième constructeur automobile mondial, a annoncé que Turin deviendra le nouveau siège de sa région européenne à partir de janvier 2025. Un retour en arrière majeur dans l’histoire du groupe, fusion entre PSA et Fiat Chrysler, et une rupture nette avec l’ère Tavarès qui vient de se terminer brutalement.
Turin : un retour aux sources pour Fiat et une étape clé pour Stellantis
Turin, berceau historique de Fiat, est bien plus qu’un symbole pour Stellantis. En choisissant cette ville pour établir son siège européen, le groupe renoue avec un territoire profondément ancré dans l’innovation et l’industrie automobile italiennes. L’usine de Mirafiori, fleuron de Fiat depuis des décennies, n’est pas seulement un monument du passé : c’est aussi le laboratoire d’un avenir centré sur la transition énergétique.
Le nouveau rôle de Turin va bien au-delà d’un simple déménagement administratif. Cette décision positionne la ville comme un épicentre technologique et stratégique, renforcé par deux infrastructures majeures : le centre de recyclage SUSTAINera, dédié à l’économie circulaire, et l’unique Battery Technology Center, où Stellantis développe et teste ses technologies de batteries.
La reconfiguration de l’industrie automobile européenne se confirme
Le transfert de siège social intervient dans un contexte où l’industrie automobile est en pleine reconfiguration. L’essor des véhicules électriques, la pression législative européenne pour des réductions drastiques des émissions de CO₂ et la montée en puissance de concurrents comme Tesla et Renault obligent Stellantis à repenser son modèle. Turin apparaît alors comme un point de convergence stratégique, offrant une proximité avec ses installations industrielles italiennes et une flexibilité pour coordonner ses activités européennes.
Mais ce choix ne répond pas uniquement à des considérations logistiques ou symboliques. En ancrant son siège européen à Turin, Stellantis envoie un signal clair : l’Europe est un marché clé, et l’Italie reste un pilier central de sa stratégie. Ce positionnement est renforcé par un engagement massif : Stellantis investira 2 milliards d’euros dans ses usines italiennes d’ici 2025, et 6 milliards supplémentaires dans sa chaîne d’approvisionnement locale.
Mirafiori : une usine au cœur de l’innovation
Le site Mirafiori de Turin est l’un des fleurons industriels du groupe. Autrefois symbole de la production de masse, c’est de là qu’est née la Fiat 500, dont le prix était initialement fixé pour être égal au salaire annuel d’un ouvrier, elle est aujourd’hui transformée en pôle technologique de pointe. Avec le Plan ItalieStellantis envisage de faire de cette usine un centre d’excellence pour la production de véhicules électriques et hybrides.
Dès 2025, Mirafiori produira la nouvelle génération de la Fiat 500 électrique (BEV) ainsi qu’une version hybride, une première pour ce modèle emblématique. Ces choix ne sont pas anodins. La Fiat 500 incarne l’histoire de Fiat, mais elle est aussi le symbole de son renouveau dans un marché dominé par l’innovation. En misant sur l’électrification massive, Stellantis affiche sa volonté de rester compétitif face à des acteurs comme Tesla, qui ont pris une longueur d’avance sur ce segment.
Parallèlement, Mirafiori continuera à fabriquer des composants critiques, tels que les transmissions électriques eDCT, qui jouent un rôle clé dans la diversification technologique du groupe.
Une ambition économique et sociale pour l’Italie
Le « Piano Italia » de Stellantis ne se limite pas aux investissements dans les infrastructures. Il s’agit également de préserver les emplois et de soutenir les compétences locales. Le groupe a annoncé qu’il maintiendrait ses activités dans toutes ses usines italiennes, tout en entreprenant d’importants efforts de formation et de reconversion de ses salariés. Contrairement à de nombreux concurrents, Stellantis a choisi de financer ces transformations sans recourir aux subventions publiques. Ce choix démontre une forte confiance dans sa capacité à générer des ressources internes, mais il s’agit aussi d’afficher une indépendance vis-à-vis d’un gouvernement italien avec lequel les relations restent tendues.
Une rupture stratégique post-Tavares ?
Le départ de Carlos Tavares, architecte de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler, coïncide avec ce tournant stratégique. Sous sa direction, le groupe s’est concentré sur la réduction des coûts et l’intégration de la marque, avec un siège social basé aux Pays-Bas pour des raisons fiscales. Le retour en Italie, qui marque une nouvelle orientation géographique et industrielle, semble incarner une rupture avec l’approche précédente. Le retour de Stellantis à Turin pourrait aussi être interprété comme une volonté de la famille Agnelli, historiquement propriétaire de Fiat, de reprendre le contrôle du groupe alors que Carlos Tavarès, venu de PSA, semblait privilégier la France.
En se concentrant sur Turin et en investissant dans les technologies de pointe, Stellantis a une ambition claire : rester à la pointe de l’industrie automobile tout en contribuant activement à la transition écologique. Ce repositionnement est aussi un message adressé aux consommateurs, aux investisseurs et aux partenaires industriels. Elle reflète une volonté de s’adapter aux exigences du marché tout en restant fidèle à son identité. Turin, qui fut autrefois le symbole de l’automobile européenne, pourrait bien redevenir le cœur battant d’une industrie en pleine renaissance.
Une réaction ? Laisser un commentaire
Avez-vous aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter gratuite pour des articles intéressants, du contenu exclusif et les dernières nouvelles.