Prix ​​agricoles cachés par les coopératives

Prix ​​agricoles cachés par les coopératives
Prix ​​agricoles cachés par les coopératives

Gérard Le Puill

Le congrès annuel des coopératives agricoles s’est tenu le 18 décembre au Palais des congrès de la Porte Maillot à Paris. Depuis 2018, cette structure est présidée par Dominique Chargé, éleveur de volailles et producteur de lait de vache en Loire Atlantique. Cet article rend compte de la partie du congrès ouverte à la presse de 14h30 à 17h15

Dans son département, Dominique Chargé est vice-président de la coopérative Terrena. Cette dernière est spécialisée dans la transformation de produits agricoles comme le lait de vache, les viandes diverses, le maraîchage ou encore le vin, tous produits vendus aux grandes chaînes de distribution. A Paris, plus de 1 000 délégués venus de toute la ont assisté au Congrès des Coopératives Agricoles. Lors de la séance de l’après-midi, nous avons assisté à plusieurs tables rondes, dont l’une a réuni Loïg Chesnais-Girard, président du conseil régional de Bretagne mais également président de la commission Agriculture des régions de France. A ses côtés, Dominique Schelcher, PDG de la coopérative U et à ce titre patron des magasins du groupe Système U. Jérôme Saddier, président du crédit coopératif, et Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et Stratégie de l’IFOP ont également participé à cet échange. Jérôme Fourquet a osé dire que « quatre grandes centrales d’achat sont aujourd’hui le pot de fer contre le pot de terre » dans une économie agricole où les prix mondiaux obéissant à la loi de l’offre et de la demande ne permettent pas à nos agriculteurs de vivre de leur travail tandis que certains consommateurs n’ont pas les moyens d’acheter des produits de qualité. Mais il était le seul à évoquer ce sujet.

On a parlé d’Arianespace pour faire diversion

Pour faire diversion devant les délégués, un dénommé Stéphane Israel, président du comité exécutif d’Arianespace, structure européenne de coopération dans la conquête spatiale, a été invité à s’exprimer sur les intérêts de ce type de coopération dans les pays membres. pays de l’Union européenne. . Mais on ne voyait guère comment cela pourrait éclairer la nécessité de pousser les coopératives à mieux rémunérer les fournisseurs de matières premières, les agriculteurs. Ainsi, depuis la tribune de la presse qui surplombe les congressistes, on a pu voir de nombreuses personnes sur écoutes sur leur téléphone portable lors de cette intervention et quelques autres en manque d’intérêt.

Dans son discours de clôture, Dominique Chargé a déclaré que « la coopération est avant tout une aventure humaine, c’est décider ensemble d’un destin commun, c’est l’épanouissement du « je » dans le « nous » (…) Coopérer, c’est oser, c’est avoir conscience qu’il vaut mieux prendre les risques ensemble que seul, que les idées ne naissent pas dans la tête d’un seul homme mais dans l’émulation collective. Puis il a évoqué brièvement les crises sanitaires de l’élevage, la crise climatique, l’envolée des coûts de production ou encore les distorsions de concurrence sans entrer dans les détails.
dans les moindres détails. Mais il n’a pas formulé la moindre revendication en termes de prix rémunérateurs permettant aux paysans de vivre de leur travail.

2024, année de prix bas et de production en baisse

Or, le 12 décembre, l’Insee publie une note basée sur les comptes prévisionnels de l’agriculture française à l’horizon 2024. L’année n’étant pas encore terminée, les chiffres sont cités au conditionnel. La note indiquait que « la production agricole diminuerait de 7,5% en euros courants : la baisse des prix s’accompagnerait d’une réduction des volumes. La production végétale diminuerait de 6,8% en volume ; Les conditions climatiques défavorables ont particulièrement affecté la production viticole et celle des grandes récoltes. Les prix baisseraient également de 6,8%, entraînant une baisse exceptionnelle de 13,1% en valeur. La production animale diminuerait de 1,4 % en valeur.

Dans le détail, la note indiquait que « la production viticole serait la plus touchée avec une baisse de 20,5% en volume, toutes les régions viticoles ayant subi des conditions climatiques défavorables, de la floraison jusqu’aux vendanges. La baisse serait de 16,5% pour le champagne, de 20,4% pour les autres vins d’appellation, et serait de 26,4% pour les vins sans appellation. Les canicules et les épisodes orageux de l’été ont également pénalisé les céréales, avec une baisse des récoltes attendue de 16,3 %. En particulier, la production de blé tendre diminuerait de 27%, les conséquences climatiques s’ajoutant à une réduction des surfaces cultivées (moins 11,8% par rapport à 2023). Les récoltes d’oléagineux diminueraient encore davantage (-22,4%) sous l’effet supplémentaire de la réduction des surfaces cultivées (-15,5%).

Les nôtres de l’Insee n’ont pas fourni d’explication sur la réduction des surfaces emblavées en céréales et oléagineux. Mais on peut raisonnablement penser que cela est la conséquence des conditions climatiques difficiles au moment des semis. Le vin et les céréales étant les deux seuls secteurs qui ont permis à la balance commerciale agricole française d’être encore excédentaire ces dernières années, on peut craindre que ce ne soit plus le cas en 2025. D’autant que les prix des céréales restent désespérément bas. Le 12 décembre, la tonne de blé tendre renvoyée au port de Rouen pour l’export coûtait 221 € contre 300 € deux ans plus tôt.

La baisse des prix des céréales et autres biens montre que les prix agricoles continuent de dépendre des enchères décroissantes dans les salles de cotation alors que les trois versions de la loi Egalim promises aux agriculteurs par le président Macron pour tenir compte de l’évolution des coûts de production ne le font toujours pas. ne fonctionne pas. Ce sujet n’a pas non plus été abordé dans le discours de clôture de Dominique Chargé au Congrès de la Coopération Agricole.

 
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