A l’heure où Jonas Vingegaard lance son opération reconquête pour 2025, avec l’objectif de lutter à nouveau à armes égales avec Tadej Pogacar, Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France, avance un argument plausible pour expliquer la domination subie par le Danois en juillet 2024.
L’année dernière, Jonas Vingegaard était largement dominé par Tadej Pogacar sur les routes du Tour de France, terminant deuxième à plus de six minutes du champion slovène. Si le Danois a livré ces dernières semaines une explication très convaincante pour expliquer cet écart, mettant en avant un déficit important en masse musculaire, et donc en force, et donc in fine en watts, lié à sa longue hospitalisation suite à sa grave chute au Tour du Basque. Pays, Christian Prudhomme de son côté, il a livré une lecture différente des événements, sans qu’elle soit contradictoire.
« Quand Vingegaard a gagné au Lioran, on a vu émerger sa peur rétrospective »
Lors d’un entretien accordé à Eurosportle patron du Tour de France a en effet déclaré, à propos de la domination scandaleuse de Pogacar en 2024 : « Ai-je partagé le sentiment exprimé par Bardet selon lequel il était parfois certain au départ d’une course que Pogacar allait gagner ? Lors de la dernière semaine du Tour, oui. Mais je croyais à la théorie de la bascule du Lioran (Pogacar a été revu par Vingegaard en finale de l’étape, et le Danois a gagné, ndlr). Vraiment. Pas seulement sur l’arrivée mais sur l’attaque de Pogacar au Puy Mary et sur le fait que dans le Col du Perthus, Vingegaard a eu la capacité de revenir. Et puis, puis, au sprint alors que Pogacar était a priori imprenable dans ce type d’arrivée. Ce jour-là, on a vu chez Vingegaard la peur rétrospective lorsqu’il gagne. Ça m’a vraiment frappé, se dit-il : « J’ai gagné l’étape mais comment est-ce possible ? Se disant : “J’ai failli me blesser encore plus gravement, je suis revenu et j’ai gagné.” Je me demande, alors que je l’analysais comme une bascule, si au contraire il n’avait pas déjà d’une certaine manière terminé son Tour de France. ».
Un argument psychologique qui peut être compris
L’argument psychologique avancé par Prudhomme semble pertinent, car il est évident qu’en dominant ce jour-là Pogacaraprès tous les efforts déployés pour revenir suite à sa terrible chute début avril, Jonas Vingegaard pourrait plus ou moins consciemment se libérer du sentiment d’avoir atteint son objectif et lâcher un peu de lest mental. Un élément qu’il devra utiliser pour remettre le couteau entre les dents en 2025.