Le contre-espionnage allemand constate une augmentation significative des actions « agressives » menées par la Russie

Le contre-espionnage allemand constate une augmentation significative des actions « agressives » menées par la Russie
Le contre-espionnage allemand constate une augmentation significative des actions « agressives » menées par la Russie

En juin, devant la commission d’enquête sénatoriale sur les ingérences étrangères, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, révélait que les entreprises de la Base industrielle et technologique de défense [BITD] ont fait l’objet d’au moins 150 attaques « physiques » entre 2021 et 2023. Et notons que cette tendance s’était accentuée depuis le début de la guerre en Ukraine.

Nous « ne sommes pas sur une petite opération de cyberattaque, mais plutôt sur une opération beaucoup plus structurée de personnes qui – au gré d’une visite, au gré d’un cambriolage en apparence aléatoire – tentent une intrusion dans une industrie de défense et dont il est clairement apparu “Il nous a semblé qu’il n’y avait rien de national, qu’il était bien sponsorisé par un acteur étranger”, a-t-il expliqué. Mais il s’est bien gardé de préciser ce qu’il entendait par « acteur étranger »…

Mais ces attaques contre le BITD ne sont sans doute qu’une partie des actions malveillantes commises contre la . [et de ses intérêts]. La liste n’est pas exhaustive, celles-ci peuvent prendre différentes formes, comme des atteintes à la réputation, la manipulation de certains groupes militants. [comme ce fut le cas durant la Guerre froide] ou le sabotage d’infrastructures critiques.

Si, en France, les auteurs de tels agissements sont rarement nommés, ce n’est pas le cas en Allemagne, où les directeurs de trois services de renseignement ont spécifiquement mis en cause la Russie lors d’une audience au Bundestag. [chambre basse du Parlement]14 octobre.

Ainsi, le chef de l’Office fédéral pour la protection de la Constitution [BfV, Bundesamt für Verfassungsschutz]Thomas Haldenwang, a affirmé que les actes d’espionnage et de sabotage attribués aux services russes avaient atteint des « niveaux sans précédent » en Allemagne.

Selon lui, une de ces tentatives de sabotage a été déjouée en juillet, grâce à la chance, un colis ayant pris feu dans un centre logistique du groupe DHL à Leipzig, alors qu’il était censé se trouver dans un avion pour être acheminé à son destinataire. Deux personnes ont depuis été arrêtées en Pologne et en Lituanie pour leur implication dans cette affaire. Mais M. Haldenwang a également évoqué les campagnes de désinformation, le recrutement au sein du crime organisé et l’utilisation de drones espions parmi les actions attribuées aux Russes.

Pour illustrer son propos, le directeur du BfV a utilisé la métaphore météorologique. « Il y a quelques années, face à différents défis, la Russie était la tempête et la Chine le changement climatique. Mais la tempête est désormais devenue un ouragan militaire, se déplaçant puissamment d’est en ouest. Il a également noté au passage une « montée de l’extrémisme islamiste », ce qui confirme, une fois de plus, que les crises s’ajoutent aux crises.

Le constat du BfV est partagé par le Service militaire de contre-espionnage [Bundesamt für den Militärischen Abschirmdienst – BAMAD]. Sa directrice, Martina Rosenberg, a jugé « inquiétant » le nombre de tentatives d’espionnage d’infrastructures « critiques ». Et d’ajouter : « L’accent est mis sur la Bundeswehr [forces fédérales allemandes, ndlr]qu’il s’agisse de livraisons d’armes allemandes à l’Ukraine, de projets d’armement ou de création d’un sentiment d’insécurité par des actes de sabotage.»

Cependant, le MAD n’a pas toujours la latitude qu’il souhaiterait pour contrecarrer ces actions malveillantes. Il faudrait un « ajustement à la réalité de nos règles juridiques afin que nous puissions remplir notre mission de la meilleure façon possible », a soutenu Mme Rosenberg. Par exemple, le contre-espionnage militaire allemand n’est actuellement pas en mesure de protéger légalement la brigade de la Bundeswehr qui devrait être déployée en Lituanie.

Directeur du Service fédéral de renseignement extérieur [BND pour Bundesnachrichtendienst]Bruno Kahl n’a pas dit autre chose, dénonçant « les exigences croissantes de contrôle bureaucratique » de la part des politiques et les « restrictions » réglementaires qui « affaiblissent l’efficacité » alors que les actes d’espionnage et de sabotage se multiplient en Allemagne. « À mon avis, les services de renseignement allemands ont besoin de beaucoup plus de liberté opérationnelle », a-t-il déclaré.

Cependant, a déclaré M. Kahl, « nous sommes dans une confrontation directe avec la Russie ». Et cela d’autant plus que l’Allemagne est l’un des principaux pays européens à fournir une aide militaire à l’Ukraine et est censée constituer un nœud logistique de premier ordre pour l’OTAN en cas de guerre. Et cette perspective n’est pas une illusion, selon lui.

Le Kremlin “ne se préoccupe pas seulement de l’Ukraine mais, en réalité, de la création d’un nouvel ordre mondial”, a déclaré le patron du BND. “La Russie a considérablement augmenté ses dépenses militaires et ses services secrets agissent de plus en plus avec toutes leurs capacités et sans aucun scrupule”, a-t-il noté. En outre, « une nouvelle détérioration de la situation est tout sauf improbable », a-t-il prévenu. Quand cela pourrait-il avoir lieu ?

“En termes humains et matériels, les forces armées russes seront probablement en mesure de mener une attaque contre l’OTAN d’ici la fin de cette décennie”, a estimé M. Kahl. En outre, « Moscou se prépare à une nouvelle escalade des actions hybrides et secrètes », avec l’intention de « tester les lignes rouges de l’Occident », a-t-il prédit.

Photo : MAD

 
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