Michel Barnier va-t-il tomber la semaine prochaine ? La censure semble se rapprocher, tandis que le Rassemblement national (RN), poussé par ses électeurs, brandit de plus en plus cette menace, balayant les avertissements du gouvernement sur la potentielle « tempête » que déclencherait sa chute. Les députés du parti d’extrême droite se sont réunis ce jeudi à 14 heures en présence de leur chef, Marine Le Pen, et du président du parti, Jordan Bardella qui affirme que « le gouvernement tombera s’il persiste ». Sans une « main tendue » du Premier ministre, les députés RN pourraient voter une censure, peut-être dès la semaine prochaine sur le budget de la Sécurité sociale, sur lequel députés et sénateurs ont trouvé un compromis.
Il ne reste plus que quelques jours ? Le Parti socialiste (PS) a confirmé qu’il voterait la motion de censure contre Michel Barnier si le Premier ministre déclenche le 49.3 pour adopter sans vote le budget de l’Etat et celui de la Sécurité sociale. “Aucun effort n’a été fait pour impliquer les groupes socialistes dans une solution budgétaire”, a regretté François Hollande ce matin sur France Inter. « Quand il n’y a ni rétablissement de l’impôt sur la fortune, ni remise en cause de l’impôt forfaitaire, ni prélèvement sur les plus hauts revenus […] il y a une réduction des postes dans l’Education Nationale et un déremboursement des médicaments […] Comment voulez-vous que les socialistes, quelle que soit leur sensibilité, puissent laisser passer un tel budget ?» a affirmé l’ancien chef de l’Etat. L’instance décisionnelle du parti “a confirmé à l’unanimité le vote d’une motion de censure”, s’est félicité de son côté le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure qui s’apprête, au vu des événements, à devoir prochainement rassembler à nouveau ses troupes. , beaucoup moins unanime lorsqu’il s’agit d’imaginer l’après-Barnier. Le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Boris Vallaud a ouvert ce week-end la porte à un contrat de gouvernement avec d’autres – Modem notamment – ainsi qu’à une participation à un exécutif. . par un Premier ministre technique L’ancien chef de l’Etat François Hollande s’est pour sa part dit ce jeudi qu’il était opposé à une nomination de Lucie Castets en cas de chute de la coalition Barnier et à une démission d’Emmanuel Macron comme certains le réclament. à gauche et à DROITE.
Ces dernières heures, plusieurs personnalités ont appelé le président de la République à la démission afin de démêler le nœud de la crise politique. Après l’appel du député Liot Charles de Courson mercredi matin en ce sens, le maire de Meaux (Seine-et-Marne) Jean-François Copé préconise la même solution. Pour le RN, « le départ du président lui sera imposé si le pays se bloque ». Du côté de LFI, Jean-Luc Mélenchon parle aussi ce jeudi dans un long texte sur son blog d’une « pente irréversible » dans le contexte politique actuel, alors que les chiffres de l’institut Elabe (pour BFMTV) montrent que plus de 6 % des personnes interrogées sur 10 Français sont favorables au départ d’Emmanuel Macron en cas de censure de Michel Barnier.
Une question qui agite les différents partis politiques alors que la bataille parlementaire se poursuit dans l’hémicycle. La gauche, soutenue par le RN, tente ce jeudi d’abroger la très décriée réforme des retraites de 2023, dans le cadre de la niche parlementaire de La France insoumise à l’Assemblée nationale. Mais le texte, qui prévoit d’abaisser l’âge légal de la retraite de 64 à 62 ans et qui aurait toutes les chances d’être adopté grâce au soutien de l’ensemble de la gauche et du RN, pourrait ne pas être soumis au vote avant l’échéance de minuit. “Honte à vous d’être obstructif et obstiné”, a déclaré le rapporteur du texte, le député insoumis Ugo Bernalicis. Des élus de droite et du centre ont en effet déposé des centaines d’amendements pour tenter de faire durer les débats jusqu’à l’heure fatidique, à minuit. Le climat est déjà électrique…
Le gouvernement, de son côté, s’est dit ce jeudi disposé à faire des « concessions » sur les textes budgétaires, notamment sur la taxe sur l’électricité. Après avoir déjà partiellement accédé aux demandes de Laurent Wauquiez et Gabriel Attal – sur l’indexation des retraites pour l’un et sur la baisse des charges pour l’autre – c’est cette fois une demande de Marine Le Pen que le Premier ministre a décidé de satisfaire en annonçant dans un entretien au Figaro ce jeudi « une baisse des prix de l’électricité de 14 % ».
Mais ce nouveau déclin permettra-t-il au gouvernement d’éviter la censure ? Quels sont les scénarios possibles pour les semaines à venir ? L’hypothèse d’une démission d’Emmanuel Macron est-elle crédible en cas de vote de défiance ?
Les experts :
– Jérôme JAFFRÉ – Political scientist – Associate researcher at CEVIPOF
– Dominique SEUX – Editorialist – Les Echos et France Inter
– Caroline MICHEL-AGUIRRE – Grand reporter au service politique – Le nouvel Obs
– Soazig QUEMENER – Rédactrice en chef – Dimanche à la Tribune
– Anne-Charlène BEZZINA (duplex) – Politologue et constitutionnaliste, maître de conférences en droit public