PLEINS FEUX SUR PÉNÉLOPE On craignait l’essoufflement, c’est le millésime de toutes les surprises. Lancée mi-mai, cette nouvelle saison, diffusée en deux parties, est peut-être la plus éloquente de toutes. Suffragettes avant l’heure, les filles de Bridgerton luttent contre leur destin. Avec une seule question en tête : « Que sommes-nous en dehors du mariage ?
Parmi eux, Penelope Featherington, pilier de la chronique et auteur anonyme du bulletin social, devient le personnage central de ce nouveau chapitre. Jane Austen d’une émission qui multiplie les niveaux de lecture, la jeune femme devient avant tout la porte-drapeau d’une certaine cause féministe.
NICOLA COUGHLAN, OBJET INDÉNIABLE DU DÉSIR L’un des personnages les plus attachants du casting, elle est devenue un modèle à suivre pour beaucoup. Déjà présente au générique de « Barbie » de Greta Gerwig l’année dernière, la jeune femme ne se contente pas de jouer au service. D’une sensualité époustouflante, l’Irlandaise de 37 ans prend sa revanche avec les quelques scènes sulfureuses qu’elle partage ici avec son partenaire Luke Newton. Un exercice orchestré par une coordonnatrice de l’intimité (aujourd’hui figure incontournable des plateaux de tournage), et qu’elle estime libérateur, au point de déclarer : « C’est le meilleur camouflet qu’on puisse offrir à mes détracteurs ! » « Empowerment » : le mot gifle comme un étendard pour l’actrice à la notoriété exponentielle.
CORPS ET PRÉJUGÉS Démystifier les idées reçues une à une, c’est ce que s’efforce de faire « Bridgerton », présenté comme un modèle de représentation positive depuis ses débuts en 2020.
Les couples mixtes formés par Regé-Jean Page et Phoebe Dynevor, puis Simone Ashley et Jonathan Bailey, ont successivement incarné cette inclusivité fer de lance. La série sera cependant accusée de wokisme pour avoir dépeint une régence britannique où la couleur de la peau n’a aucune importance.
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Ce nouvel opus aborde un autre sujet brûlant : celui de la représentation des corps féminins à l’écran, notamment lors des incontournables scènes de sexe qui ont également valu le succès du feuilleton. Point d’orgue de la première partie : une promenade en calèche torride après un bal des débutantes, qui scelle l’union entre Penelope et Colin Bridgerton, le plus jeune de la fratrie. A grand écart entre Marivaux et Tinder, le blockbuster prend des airs de manifeste générationnel.
UN AVENIR QUEER ? Sous ses allures de macaron pastel, la franchise continue de scruter les bouleversements sociologiques dont elle est témoin. En s’éloignant de la saga littéraire de Julia Quinn, dont elle s’inspire, elle laisse aussi son empreinte sur l’époque dans laquelle elle est ancrée. Benedict Bridgerton, deuxième enfant de la famille, à la sexualité ambiguë, sera-t-il le prochain héros des « Chroniques » ? Selon une rumeur persistante, Jess Brownell, désormais showrunner, envisagerait sérieusement d’explorer l’homosexualité latente du personnage… Comment ne laisser personne de côté ?
GROSSOPHOBIE L’érotisme, cette autre source de « La Chronique », bouscule donc les attentes du public, visiblement réticent à tordre le cou au culte de l’ultra-minceur. En témoigne la campagne de dénigrement subie dès 2022 par Nicola Coughlan, qui incarne Penelope. La violence des propos va l’obliger à se rebuter sur les réseaux sociaux, où elle lui sert régulièrement de cible.
Il y a quelques semaines à peine, une certaine presse britannique s’étouffait de voir ses courbes ainsi exposées… En 2024, une héroïne callipyge ne serait pas digne d’intérêt, encore moins d’être désirée. Un constat amer sur lequel insistent parfois maladroitement les huit épisodes, en faisant de leur héroïne une potentielle vieille fille jusqu’à sa rencontre avec le prince charmant.
Actuellement sur Netflix.
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