INTERVIEW – La chaîne rediffuse l’émouvante mini-série de Laetitia Masson, avec également au casting Anna Mouglaglis, Aurore Clément, Lolita Chammah…
Une œuvre de Lætitia Masson (À vendre, Chevrotine , Citoyens illégaux ) est toujours un projet original, fort, audacieux, avec de vrais partis pris. Le sujet deAube (2018), une série en trois épisodes qu’Arte rediffuse déjà, est inquiétante : une petite fille d’une dizaine d’années tue un autre enfant. Devenue adulte, mère, elle doit vivre avec son acte, inexplicable et inexpliqué.
La fiction peut paraître très réaliste, ancrée dans le Sud, un Sud alourdi par un ciel blanc, un Sud en crise, des paysages camarguais désertiques et désolés. Mais il prend très vite la forme d’un conte, aux accents western et puise dans la mythologie de la vengeance au cinéma. La petite sœur de l’enfant tué a été témoin de la scène et elle continue de rechercher le meurtrier par un besoin viscéral de comprendre. Le réalisateur a réuni un magnifique casting féminin : Hélène Fillières, Anna Mouglalis, Aurore Clément… Mais surtout Élodie Bouchez dans le rôle titre et Lolita Chammah à ses trousses. Leur rencontre est celle de deux « femmes mortes-vivantes », la première en quête désespérée d’amour, la seconde incapable d’aimer… Déchirante.
LE FIGARO. – Avez-vous hésité avant d’accepter un rôle aussi difficile ?
Élodie BOUCHEZ. – L’intensité d’un personnage ou d’une histoire ne me fait jamais hésiter. J’ai avant tout besoin que ce soit bien écrit. Bien écrit signifie bien réalisé, quand le réalisateur est l’auteur. Cela nous donne des informations sur sa projection. Quand on voit la fiction, comment se déroule l’histoire de cette enfant, qui devient une jeune femme, on peut explorer cette empathie, se mettre à sa place, la comprendre, la porter.
Comment êtes-vous entré dans le personnage ?
Assez facilement, car je connaissais Lætitia. Nous avons fait connaissance au fil de nos projets communs. Nous avons une langue commune. La structure de tournage, avec une équipe assez réduite, et un chef opérateur issu du documentaire, a permis d’abord d’aborder l’histoire et les personnages de manière plus brute. Sans forcément avoir besoin de psychologie ou de longues discussions. Entrer dans ce rôle, c’est accepter, ne pas juger et se laisser emporter par la quête d’Aurore.
Quelle était la vision de Lætitia Masson ?
Aurore est un grand personnage de fiction, totalement romantique. Connaissant le cinéma de Lætitia, je savais qu’il allait « décoller de terre ». Que ce ne serait pas un traitement classique. Que la force et la poésie de la situation, des dialogues le rendraient spécial. Elle m’a parfois rappelé à l’ordre, car j’ai généralement une façon de jouer plutôt naturaliste !
