la vague de froid déclenche la haine en ligne contre les scientifiques

la vague de froid déclenche la haine en ligne contre les scientifiques
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Depuis plusieurs jours, la France est confrontée à un épisode de froid qui fait chuter les températures bien en dessous des normales saisonnières.

L’occasion pour de nombreux climato-sceptiques de s’interroger sur le changement climatique dû à l’activité humaine.

Plusieurs d’entre eux s’en sont même violemment pris à des scientifiques qui tentaient d’expliquer la situation, comme Serge Zaka.

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Neige, glace : la France face à une nouvelle vague de froid

Une avalanche d’insultes et de menaces. Depuis plusieurs jours, l’agroclimatologue Serge Zaka est au cœur d’une importante vague de haine sur les réseaux sociaux. La raison ? Il s’est rendu sur les plateaux de télévision, a expliqué sur les plateformes pourquoi la vague de fraîcheur qui a touché la France et l’épisode de gel qui a frappé les agriculteurs ne remettaient pas en cause le changement climatique, ce qui avait même contribué à accroître les dégâts causés par cet épisode.

Problème : comme toute baisse des températures, cette baisse du mercure est l’occasion pour les climato-sceptiques de remettre en question le changement climatique dû aux activités humaines et de cibler les scientifiques les plus exposés pour les discréditer. Et avec les gelées, Serge Zaka a été particulièrement visé ces derniers jours.

En 72 heures, celui qui vulgarise et explique les conséquences du changement climatique pour les agriculteurs et les plantes a reçu plusieurs milliers de messages haineux. « Nous avons passé 85 % de jours au-dessus des standards de saison depuis le début de l’année. Mais dès qu’on a une journée en dessous des normes, on reçoit des menaces, des insultes racistes et misogynes… »il dénonce auprès de TF1info.

Message insultant reçu par Serge Zaka après une de ses apparitions sur un plateau de télévision – Capture

Critiques physiques, remise en cause de ses compétences, insultes… L’expert exprime un ras-le-bol partagé par de nombreux spécialistes de ces questions. “C’est une lassitude générale des scientifiques d’être critiqués et jugés sur des faitsqui ne sont que des faits, alors que notre objectif est de prévenir les impacts du changement climatique sur l’agriculture », se lamente-t-il.

Mes compétences sont remises en question parce que je porte un chapeau !

Serge Zaka

Des messages insultants ont également été reçus par de nombreux comptes traitant de cet épisode froid. Et Etienne Farget, passionné de météo et de climat et qui œuvre à vulgariser la parole scientifique sur les réseaux sociaux, n’a pas été épargné. « Il y a souvent un effet de vague, où parfois on n’en entend plus parler pendant plusieurs semaines. Et puis, dès qu’il y a une occasion, un épisode de froid ou un sujet climatique évoqué, on reçoit très vite ces insultes.”explique-t-il à TF1info.

Des invectives qui dérivent vite sur le physique. Serge Zaka a ainsi vu ses compétences remises en cause… pour avoir porté un chapeau sur un plateau de télévision. « Les gens remettent en question mes compétences parce que je porte un chapeau ! Mais c’est ma personnalité, je n’ai pas besoin de m’expliquer”, dénonce-t-il, soulignant que certains de ses collègues voient leurs qualités de scientifiques remises en cause pour la seule raison “que ce sont des femmes”.

Insultes reçues par Serge Zaka après une apparition dans une émission de télévision où il portait son chapeau – Capture

Ces dernières années, outre les messages de haine diffusés par des comptes anonymes ou de simples citoyens, Serge Zaka a également été la cible de personnalités plus exposées. “Quand on voit la portée de certains messages, publiés par des personnalités politiques ou dont les noms sont connus, cela contribue à la haine des scientifiques en ligne. […] surtout quand ils ne réagissent pas quand il y a des insultes sous leur publication, ils ne font rien, ils ne disent rien. déplore l’agroclimatologue, en référence à un échange virulent avec Emmanuel De Villiers sur l’épisode de gel.

“On se retrouve face à des gens qui ne se soucient pas de la science, qui ne sont là que pour faire des blagues sur les écologistes, sur le climat, comme si c’était un sujet de plaisanterie pendant que nos agriculteurs passent, en ce moment, nuits au champ pour protéger les plantes gel”, souligne-t-il encore.

Si nous leur laissons la place grande ouverte, nous pouvons entrer dans quelque chose de dangereux où nous leur laissons le champ libre.

Étienne Farget

Face à ces déferlements de haine, plusieurs scientifiques ont décidé de quitter les plateformes, définitivement ou pour un temps. Ce fut le cas du climatologue et membre du GIEC Christophe Cassou, lors de la canicule d’août 2023. Après avoir reçu des centaines d’insultes et de menaces, il a suspendu un temps son compte X, assurant sur France 3 qu’il ne soutiendrait plus le « attaques ad hominem ». “C’est ça qui est compliqué et lourd à gérer : nous faire passer pour des malhonnêtes, des corrompus, des manipulés dans un esprit complotiste et nauséabond, avec qui il est impossible de discuter.”

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Serge Zaka et Etienne Farget ont décidé de rester coûte que coûte. Ce dernier assure même que la haine en ligne est “une motivation”. “Si nous leur laissons le champ grand ouvert, nous pourrions entrer dans quelque chose de dangereux où nous leur laissons le champ libre.” Serge Zaka explique que “C’est un choix, même si cela signifie s’exposer à la haine”. “Je trouve que ça fait partie de mon métier de fournir des chiffres pour contredire les gens, pour éviter que certains, qui ne sont pas du secteur, puissent adhérer à leur discours.”

Et l’agroclimatologue conclut, avec philosophie : «Nous avons une minorité qui ne peut exister que par des affrontements, uniquement par incompétence, car ils s’aperçoivent de plus en plus que leurs arguments anti-scientifiques et climato-sceptiques sont de moins en moins valables, à mesure que nous observons de plus en plus ce climat qui change. Et donc, n’ayant plus d’argumentation, ils s’en prennent à nos scientifiques. C’est leur dernière carte à jouer avant d’être éternellement oubliés.


Annick BERGER

 
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