retour sur un féminicide qui secoue la France

Le 2 juillet 2021, Sandra Pla a été retrouvée mortellement poignardée à son domicile. Quelques instants plus tard, son ex-compagnon est interpellé. Il est mis en examen pour « homicide sur conjoint ». Son procès se déroule du 29 au 31 janvier 2025 aux assises de la Gironde, il est jugé pour le meurtre d’un ex-conjoint. La famille de la victime a attaqué l’État pour négligence grave.

Ce vendredi 2 juillet 2021, Sandra rentre chez elle, dans le quartier Saint-Augustin à Bordeaux, après avoir déposé sa petite fille à l’école. Les voisins ont entendu les cris d’une femme venant de son appartement, ils ont alerté la police. La police est entrée chez elle vers 10 heures du matin et a découvert Sandra Pla, couverte de sang. La victime a subi des coups de couteau au visage et au haut du corps, la jeune femme a succombé à ses blessures.
Immédiatement, les soupçons se portent sur l’ex-compagnon de Sandra Pla, Mickael Falou, dénoncé à plusieurs reprises par la jeune maman à la police pour des faits de harcèlement et de menaces.

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L’homme a été retrouvé à son domicile de Mérignac, commune voisine, en train de consommer de l’alcool et du cannabis. Lors de sa garde à vue, Mickael Falou avoue s’être caché dès 4h30 dans un appentis et y avoir passé la nuit afin de confronter la jeune femme le matin. Il aurait alors vu son ex-compagne et sa fille partir à l’école, puis aurait attendu le retour de la jeune maman seule.
C’est à 8h45 que tout a commencé. Selon lui, il a attendu que la jeune femme ouvre la porte avant de se jeter sur elle et de la pousser à l’intérieur du domicile pour, a-t-il déclaré,avoir une explication avec elle« .

La victime s’est alors échappée de son étreinte pour se précipiter dans la cuisine et s’emparer d’un couteau pour le menacer. Il a ensuite réussi à la contrôler en la plaquant au sol, puis à son tour a saisi le couteau. Aux policiers, il a quand même dit qu’à califourchon sur elle, il aurait «réveillé d’un trou noir» pour se rendre compte, quelques minutes plus tard, qu’il était couvert de sang, tout comme la victime. Selon le rapport d’autopsie, la victime est décédée suite à la section de l’artère carotide. Elle a reçu plus d’une vingtaine de coups de couteau, notamment à la tête et au cou.

Deux mois après la tourmente des Français, suite à la mort de Chahinez à Mérignac, la mort de Sandra Pla est une nouvelle affaire de féminicide qui suscite de nombreuses interrogations. Même aujourd’hui, «Mickael Falou nie avoir prémédité son acte»expliquent ses deux avocats, Maître Anais Divot et Maître Elena Badescu. La famille de Sandra Pla a une tout autre conviction.

Le plus important pour la partie civile, c’est la véracité des faits et qu’elle soit condamnée pour ce qu’elle a commis. Mes clients, en effet, sont convaincus que c’était prémédité.

Elsa Crozatier

Avocat pour les parties civiles

Or, c’est cette préméditation qui sera au cœur des débats dans ce procès : les accusations ayant été requalifiées de crime à assassinat, tant les faits, réétudiés lors de la reconstitution en 2023, tendent à prouver que Mickael Falou avait incité à établir un plan d’action.

Mickaël Falou ne cache pas sa colère aux enquêteurs. Ils rapportent qu’il exprime clairement «sa colère envers son ex-compagne, qu’il accuse d’avoir menti à plusieurs reprises en lui attribuant des actes qu’il estime n’avoir jamais commis, comme des violences conjugales et des vols de véhicules.

De même, ce ressentiment s’adresse également à l’institution judiciaire qui «l’aurait privé de sa fille. Car le juge aux affaires familiales, à la suite de multiples signalements réalisés par Sandra Pla, a décidé, le 15 mai 2021, de confier la garde exclusive de l’enfant de quatre ans à la mère. Mickael Falou, quant à lui, a le droit de visiter l’espace Meeting Point, deux fois à raison de deux heures par mois.

Cette colère aurait atteint son paroxysme après un éclat suite à une plainte déposée par la victime le 29 juin, quelques jours avant le fémicide. Sorti de garde à vue, l’ex-compagnon est placé sous contrôle judiciaire et interdit tout contact avec la victime.

Le 16 novembre 2021, quatre mois après le décès de Sandra Pla, Mickael Falou était jugé par le tribunal correctionnel de Bordeaux pour harcèlement et menaces contre son ex-compagne, jusqu’à la journée fatale du 2 juillet 2021.

Lors de ce procès, le calvaire de la jeune femme s’est concrétisé : entre le 3 janvier et le 18 juin 2021, Mickaël Falou a passé 67 appels et envoyé 217 SMS à la jeune femme, rapporte le juge de la troisième chambre du tribunal correctionnel de Bordeaux. «J’étais très perturbé par la situation que je vivais»» déclare l’accusé à la barre. Avant de témoigner : “Nous avons eu des problèmes dans notre relation, mais elle ne m’a jamais donné d’explication.”

Je voulais comprendre comment on en était arrivé là, c’était le but de mes messages.

Michael a parlé

Mis en examen pour l’assassinat de Sandra Pla

Le 18 janvier 2022, il est condamné à 6 mois de prison et à verser 1 500 euros à la partie civile pour préjudice moral. Sandra Pla est morte depuis six mois déjà.

C’est au moment de l’annonce de la séparation faite par Sandra Pla à Mickael Fallou en décembre 2020, que ce dernier est devenu de plus en plus violent. D’abord envers lui-même, puis il commence à terroriser la jeune femme. Une première plainte du 6 janvier 2021 exprime son inquiétude pour elle et pour son enfant, alors âgé de 4 ans. Et dans cette tension montante, Sandra Pla a adressé un courrier au procureur le 30 mars 2021. Un courrier qui permet de relancer une action judiciaire : la première plainte a été classée sans suite et sa demande d’ordonnance de protection auprès du JAF (juge aux affaires familiales) en février, avait été rejetée.
Une voisine témoigne, après le décès de Sandra Pla, avoir déposé une main courante contre Mickael Falou car sa présence était lourde et permanente, afin de dénoncer les actes de harcèlement dont la mère a été victime.

C’est pourquoi, en mars 2024, trois ans après le drame, sa famille a porté plainte contre l’État pour inaction et faute grave.

Mais Maître Elsa Crozatier, avocate de la partie civile, insiste pour faire une distinction claire entre cette action contre l’Etat et celle concernant Mickael Falou : « Ce sont deux choses complètement différentes, elle rappelle. Il Mickael Falou doit assumer la responsabilité de ses fautes, assumer la responsabilité de ses actes, assumer la responsabilité de ce qu’il a fait tout au long cette période et qui a finalement conduit à cet assassinat.

Mickael Fallou risque la réclusion à perpétuité pour le meurtre de son conjoint.