Le retrait israélien du Liban-Sud ne s’accomplira pas dans les délais, l’Etat hébreu poursuit ses opérations

Israël a annoncé vendredi que le retrait progressif de ses troupes du Liban-Sud, prévu dans l’accord de cessez-le-feu en vigueur depuis le 27 novembre, se “poursuivrait” au-delà des 60 jours initialement prévus par l’accord. Dans le même temps, l’armée israélienne poursuit ses opérations dans la région, les justifiant par la nécessité d’éliminer les « menaces » du Hezbollah. Cette situation contraint certains habitants du Liban-Sud à rester loin de leurs villages en raison des risques persistants.

Selon le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, « l’accord de cessez-le-feu n’a pas été pleinement appliqué par le Liban, les étapes du processus de retrait se poursuivront en accord avec les États-Unis ».

L’accord, qui met fin à plus de deux mois de guerre ouverte, stipule que l’armée libanaise doit se déployer aux côtés des casques bleus au Liban-Sud, d’où le retrait de l’armée israélienne sur une période de 60 jours, jusqu’à dimanche. Cependant, l’armée israélienne a évacué toute la région côtière, mais occupe toujours des zones plus à l’est.

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“L’accord de cessez-le-feu n’a pas été pleinement respecté par le Liban, le processus de retrait par étapes se poursuivra en accord avec les Etats-Unis”, a indiqué le bureau de M. Netanyahu. L’application de l’accord est censée être supervisée par les Etats-Unis et la France, mais cela n’est pas mentionné dans le communiqué. Israël aurait informé l’administration Trump de son intention de maintenir des troupes sur le territoire libanais pendant au moins 30 jours supplémentaires, selon la chaîne CNN citant un envoyé israélien à Washington. « Toutes les parties partagent l’objectif de garantir que le Hezbollah n’ait pas la capacité de menacer le peuple libanais ou ses voisins. Pour atteindre ces objectifs, une prolongation courte et temporaire du cessez-le-feu est nécessaire », a déclaré vendredi soir Brian Hughes, porte-parole du Conseil national de sécurité, cité par Reuters. Le 18 janvier, le président libanais Joseph Aoun avait revendiqué le retrait israélien du Liban-Sud « dans les délais fixés » par l’accord. Les autorités libanaises n’ont pas immédiatement réagi à l’annonce de l’Etat hébreu.

Retour des habitants impossible

Alors que les habitants de certaines localités du Liban-Sud sont impatients et souhaitent regagner leurs villages, les autorités leur demandent d’attendre. Dans un communiqué publié vendredi soir, l’armée a appelé “les habitants à ne pas s’approcher des régions d’où l’ennemi israélien s’est retiré et à se conformer aux directives des unités militaires”. Par ailleurs, une source militaire a indiqué à Al-Akhbar, proche du Hezbollah au quotidien, que les habitants des villages encore occupés par Israël devront attendre le communiqué de l’armée libanaise prévu d’ici samedi, avant de se rendre dans leurs localités.

La municipalité de Bani Hayyan, dans la Caza de Marjeyoun, a publié un communiqué précisant qu’Israël “a contacté les Moukhtars (fonctionnaires) et les présidents des conseils municipaux pour leur demander de ne pas se rendre dans ces villages avant le retrait israélien”, en appelant les habitants à ” s’abstenir de toute action avant la publication d’un communiqué officiel de la municipalité ». “Les Israéliens sont revenus hier soir et ont commencé à tirer au hasard”, a déclaré à L’Orient-le Jour Yahia Jaber, président du conseil municipal de Bani Hayyan. « Les flammes ont dévoré les maisons, la fumée monte des villages voisins. Les Israéliens sont toujours là », poursuit-il.

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Les habitants de Kfar Kila, eux, ont exprimé une impatience croissante de rentrer chez eux. Sur une page Facebook intitulée « Les jeunes du village de Kfar Kila », suivie par quelque 7 000 abonnés, les habitants de ce village de Caza de Marjeyoun ont été appelés à s’y rendre dimanche matin à 4 heures du matin « pour célébrer la prière du ‘Aube, en toute dignité ». Dans leur appel, ils ont estimé que les habitants « ont trop attendu » et « doivent rentrer chez eux ».

Des explosions incessantes

Pendant ce temps, selon les informations de notre correspondant Mountasser Abdallah, les attaques israéliennes au Liban se poursuivent et semblent même s’intensifier. A Caza de Marjeyoun, l’armée israélienne a explosé jusqu’à Rab El-Thalathine ainsi qu’à Kfar Kila. Dans la matinée, à Caza de Bint Jbeil, elle a poursuivi sa progression vers les environs d’Aïtaroun, où elle a incendié de nombreuses maisons. Plus tard dans la journée, un Husseiniyé, lieu de culte chiite, a été incendié par les Israéliens dans le village de Yaroun, à Caza de Bint Jbeil. Dans l’après-midi, les soldats israéliens ont continué de progresser dans la localité de Maroun El-Ras et des rafales de mitraillette ont été tirées vers les environs du village. Dans la soirée, l’armée israélienne a coupé la route principale reliant Aïtaroun à la ville de Bint Jbeil, ainsi que la route menant à Wadi Slushi, Baraachit et Kounine, à Caza de Bint Jbeil.

A Caza de Hasbaya, un drone israélien a visé en début de soirée la localité de Sadana, située entre Chebaa et Kfarchouba, tandis que des avions israéliens survolaient le secteur. Un drone israélien a également largué trois bombes dans le district d’El-Arid, près du village de Yohmor, dans la Caza de Nabatiyé, au nord du Litani. Dans le même temps, l’armée libanaise a poursuivi son déploiement et est entrée dans deux localités de Caza de Tyr, Chihine et Jibbein, où elle déminait des munitions non déchargées. Dans un communiqué publié dans la soirée, elle a confirmé qu’elle était déployée à Chihine et Jibbein, en coordination avec la commission de surveillance du cessez-le-feu et le Finul.

“Éliminer les menaces”

L’armée israélienne a communiqué vendredi à deux reprises sur la situation au Liban via ses réseaux sociaux. Son porte-parole arabophone a indiqué sur la plateforme X que « les forces israéliennes, sous la direction du Commandement Nord, ont mené ces derniers jours des frappes au Liban pour neutraliser les dernières menaces et frapper les dépôts d’armement ainsi que les centres de surveillance du Hezbollah ». Avichay Adraee a insisté sur le fait que l’armée israélienne « respecte les conditions du cessez-le-feu » et « continue de surveiller les tentatives de redéploiement du Hezbollah au Liban-Sud ».

Sur son propre compte X, l’armée israélienne affirme avoir localisé ce qu’elle décrit comme « un véhicule chargé d’armes et caché sous une mosquée » au Liban-Sud, sans préciser l’emplacement exact. Elle a également affirmé avoir trouvé « une cache d’armes à l’intérieur d’une mosquée » contenant « des centaines d’obus de mortier, des explosifs, des roquettes, des armes et du matériel appartenant au Hezbollah ». “Nous poursuivrons nos efforts pour éliminer les menaces contre le Liban-Sud, tout en respectant les accords de cessez-le-feu entre Israël et le Liban”, a déclaré l’armée israélienne.

Le Hezbollah a déclaré jeudi que si Israël ne respectait pas la date limite dimanche, “ce serait une violation flagrante de l’accord”. Il a ajouté que l’État libanais devrait alors agir « par tous les moyens » pour faire appliquer le texte, mais n’a pas menacé de reprendre ses attaques contre Israël.