L’abrogation de l’ordonnance de Joe Biden sur l’intelligence artificielle par Donald Trump ouvre un nouveau chapitre dans la régulation de cette technologie, avec des implications importantes à l’échelle mondiale et pour le Maroc. En privilégiant une approche plus flexible, les États-Unis cherchent à accélérer leur compétitivité face à la Chine et à attirer davantage d’investissements, mais cette décision suscite des inquiétudes en matière de sécurité, de transparence et d’éthique. Pour le Maroc, cette situation représente à la fois une opportunité et un défi. D’une part, cela pourrait favoriser l’émergence du pays comme pôle technologique régional, attirant les entreprises désireuses de bénéficier d’un environnement favorable à l’innovation. D’autre part, cela nécessite de disposer d’un cadre réglementaire solide pour protéger le citoyen marocain et défendre les intérêts du Maroc ainsi que sa culture face à l’importation massive de solutions d’IA étrangères.
Le défi de la souveraineté numérique du Maroc
Dans un contexte où les grandes puissances redéfinissent leurs politiques en matière d’intelligence artificielle en fonction de priorités économiques et stratégiques, la question de la souveraineté numérique devient cruciale pour le Maroc. La souveraineté numérique repose sur la capacité du pays à contrôler et maîtriser les infrastructures technologiques, les données et les services numériques utilisés sur son territoire. Cela implique le développement de solutions locales adaptées aux besoins nationaux, la protection des données personnelles des citoyens et la mise en place d’une réglementation efficace garantissant un équilibre entre innovation et sécurité.
L’un des principaux défis réside dans la dépendance aux technologies étrangères. La déréglementation américaine pourrait favoriser la mise en œuvre massive de solutions d’IA développées aux États-Unis, souvent mal adaptées aux réalités locales, ce qui pourrait créer des situations de dépendance critique, notamment dans des secteurs sensibles comme la santé, la finance ou la sécurité publique. Le Maroc doit donc mettre en place un cadre réglementaire protecteur pour garantir l’indépendance technologique et la souveraineté de ses données.
-Par ailleurs, la souveraineté numérique est essentielle pour défendre les intérêts économiques et culturels du Maroc. Les technologies d’IA développées à l’étranger ne prennent pas toujours en compte les spécificités culturelles marocaines, risquant ainsi de diluer ou de marginaliser des aspects fondamentaux du patrimoine national. Un cadre réglementaire bien défini préserverait et promouvrait les valeurs culturelles marocaines tout en facilitant l’intégration des technologies numériques dans des secteurs tels que l’artisanat et le patrimoine immatériel.
Enfin, la souveraineté numérique ne peut se réaliser sans une politique claire de cybersécurité. Une réglementation trop laxiste à l’échelle mondiale pourrait exposer le Maroc à des cyberattaques ou à l’exploitation de ses infrastructures critiques par des puissances étrangères. La mise en place de normes strictes et de mécanismes de contrôle permettra de mieux sécuriser les données et de protéger les citoyens contre les potentiels abus de l’intelligence artificielle.
Pour garantir cette souveraineté, le Maroc devra adopter une stratégie volontariste en matière de recherche et développement, de réglementation et de collaboration internationale. Il est impératif que l’intelligence artificielle soit un outil au service du développement socio-économique national, tout en étant respectueux des spécificités culturelles et des aspirations du peuple marocain.