Vladimir Poutine s’inquiète pour l’économie russe, tandis que Trump menace de sanctions

Vladimir Poutine s’inquiète pour l’économie russe, tandis que Trump menace de sanctions
Vladimir Poutine s’inquiète pour l’économie russe, tandis que Trump menace de sanctions

par Darya Korsunskaya, Guy Faulconbridge et Gleb Stolyarov

(Reuters) – Le président Vladimir Poutine est de plus en plus préoccupé par les déséquilibres de l’économie russe alors que Donald Trump menace de sanctions pour mettre fin à la guerre en Ukraine, ont déclaré à Reuters cinq sources proches du dossier. situation.

L’économie russe, qui repose en grande partie sur les exportations de pétrole, de gaz et de minéraux, a enregistré une croissance robuste au cours des deux dernières années malgré les programmes de sanctions imposés par les pays occidentaux à la suite de l’invasion de l’Ukraine en 2022.

L’activité intérieure s’est néanmoins détériorée ces derniers mois, cédant sous le poids de la pénurie de main-d’œuvre et des taux d’intérêt extrêmement élevés introduits pour lutter contre l’inflation provoquée par les dépenses militaires.

Face à ce constat, une partie de l’élite russe commence à prendre en considération les avantages potentiels d’un accord de cessation des hostilités négocié entre Moscou et Kiev, selon deux des sources proches des discussions en cours au Kremlin.

Donald Trump, qui avait promis lors de sa campagne de mettre fin rapidement à la guerre en Ukraine, a déclaré cette semaine que de nouvelles sanctions et droits de douane seraient imposés à la Russie si Vladimir Poutine refusait de négocier.

Cependant, un conseiller du Kremlin a déclaré mardi que la Russie n’avait pas encore reçu de propositions concrètes pour la tenue de négociations.

Les problèmes économiques russes font l’objet de débats parmi les élites du pays. Si Vladimir Poutine a reconnu la situation lors de sa traditionnelle conférence de décembre, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a jugé en novembre que l’économie était capable de répondre à tous les besoins en termes militaires et sociaux. .

Quelques jours avant l’investiture de Donald Trump, le président sortant Joe Biden a imposé le plus grand programme de sanctions jamais visant le secteur énergétique russe. Selon l’ancien conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan, cette décision pourrait donner l’avantage à Donald Trump dans les négociations en lui permettant d’accroître la pression économique.

Vladimir Poutine a déclaré à plusieurs reprises que la Russie ne céderait pas.

Avec ses 2 200 milliards de dollars (2 110 milliards d’euros) de produit intérieur brut, l’économie russe a fait preuve d’une grande résilience depuis le début de la guerre malgré les sanctions les plus sévères jamais imposées par les pays occidentaux.

Après s’être contracté en 2022, le produit intérieur brut russe a crû plus vite que celui de l’Union européenne ou des États-Unis en 2023 et 2024. Cette année cependant, la banque centrale et le Fonds monétaire international prévoient une accélération de moins de 1,5% contre un léger prévisions plus optimistes des autorités.

L’inflation a atteint un niveau à deux chiffres malgré un taux directeur de 21%.

OBJECTIFS DE GUERRE ATTEINTS

Vladimir Poutine estime que ses principaux objectifs de guerre ont déjà été atteints, objectifs territoriaux et stratégiques avec l’affaiblissement de l’armée ukrainienne, selon l’une des sources.

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Et il reconnaît à quel point la guerre pèse sur l’économie russe, ajoute la source, évoquant de « très gros problèmes » comme l’impact des taux d’intérêt élevés sur les secteurs non militaires.

La Russie a augmenté ses dépenses militaires pour atteindre un record post-soviétique de 6,3 % de son PIB, soit un tiers de son budget. Ces dépenses ont accéléré l’inflation, faisant grimper les salaires, poussant le gouvernement à augmenter les impôts et obligeant certaines entreprises à restructurer leur dette.

LES PRÉOCCUPATIONS DE POUTINE

La frustration du président russe s’est clairement manifestée lors d’une réunion au Kremlin avec des chefs d’entreprise le 16 décembre, au cours de laquelle il a réprimandé certains des plus hauts responsables économiques du pays, selon deux des sources.

L’un d’eux, qui a été informé après la réunion, a appris que Vladimir Poutine avait manifesté son mécontentement après avoir entendu parler d’une baisse des investissements privés dans un contexte de hausse des coûts du crédit.

Le rapport du Kremlin ne précise pas quelles entreprises étaient présentes ce jour-là. L’une des sources a néanmoins indiqué que la gouverneure de la banque centrale, Elvira Nabioullina, n’était pas présente.

Vladimir Poutine a déclaré mercredi devant les caméras de télévision à ses ministres qu’il avait discuté avec les entreprises du risque posé par la baisse des investissements privés, faisant apparemment référence à la réunion de décembre.

Certains des hommes d’affaires les plus influents du pays, dont le PDG de Rosneft Igor Setchine, le PDG de Rostec Sergei Chemezov et le magnat de l’aluminium Oleg Deripaska, ont publiquement critiqué la hausse des taux d’intérêt.

Les représentants de deux des plus grandes banques russes, German Gref de la Sberbank et Andrei Kostin de VTB, ont demandé à Elvira Nabioullina de s’abstenir de relever à nouveau les taux d’intérêt, de peur que la Russie n’entre dans une période de « stagflation », a déclaré l’une des sources.

Lors de sa dernière réunion du 20 décembre, la banque centrale russe a décidé de maintenir son taux directeur à 21% malgré les attentes du marché qui tablait sur une hausse de 200 points de base.

Dans un discours prononcé à l’issue de la réunion, Elvira Nabioullina, de plus en plus critiquée mais qui reste l’une des figures les plus fidèles au président russe, a démenti avoir cédé aux pressions.

Elvira Nabioullina, German Gref et Andreï Kostine n’ont pas immédiatement répondu à une demande de commentaires.

(Reportage Reuters, avec Andrea Shalal à Washington, écrit par Guy Faulconbridge ; version française Pauline Foret, édité par Sophie Louet)


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