la Cité des Anges dans l’enfer climatique

Reportage
L’ouragan de feu qui a dévasté la ville a pris la Californie par surprise. L’État le plus riche et le plus peuplé d’Amérique, bastion démocrate et champion de la lutte contre le réchauffement climatique, se retrouve à genoux devant ses ravages.

On a l’impression d’être au cœur du monde brûlé imaginé par l’écrivain américain Cormac McCarthy dans son roman post-apocalyptique « The Road ». Dans « La Parabole du semeur », de sa compatriote Octavia E. Butler, qui dépeint une Amérique ravagée par un changement climatique dévastateur. Ou dans « Sur la route de Bethléem », où la romancière Joan Didion écrivait : « La ville en feu est l’image la plus profonde de Los Angeles. » Une vision dystopique du futur racontée mille fois dans la littérature, mille fois prédite par les scientifiques. Le climatologue Peter Kalmus a choisi de quitter la région en 2022. « Les incendies n’ont cessé de s’aggraver au cours des quatorze années où j’ai vécu à Altadena, une ville du comté de Los Angeles qui a brûlé. J’imaginais le quartier en feu, ce que j’emporterais, comment je m’en sortirais. Les vagues de chaleur devenaient de plus en plus folles. J’ai vu des arbres mourir de soif, des oiseaux sans vie tomber des branches. J’ai senti qu’il était temps de partir »il témoigne.

Mercedes et Tesla abandonnées sur Sunset Boulevard. A l’intérieur, une valise, des sacs de couchage, témoins d’une évacuation préparée qui s’est transformée en fuite effrénée. Derrière les baies vitrées des villas noircies par les flammes, des sapins de Noël comme si le temps s’était arrêté, un aquarium où un poisson solitaire continue de tourner en rond. Sculptures de Vénus nue se tordant parmi les décombres. Et, partout, des cheminées droites…