Alors qu’un fort lobbying au niveau européen fait pression sur la Commission dans le but de reporter, voire supprimer l’application de la directive, Stéphane Séjourné, vice-président exécutif de la Commission européenne, chargé de la prospérité et de la stratégie industrielle, a créé la surprise en annonçant sur France Inter, le 20 janvier, le « suppression du reporting » extra-financier. Une réglementation qui, au contraire, Philippe Vincent, président du CNCC, considère comme un défi qu’il faut réussir à mettre en œuvre.
La déclaration de Stéphane Séjour évoquant la suppression du reporting développement durable a eu le mérite de mettre en lumière la fragilité de la directive CSRD (Corporation Sustainability Reporting Directive), même si les équipes du commissaire européen chargé de la prospérité et de la stratégie industrielle, se sont empressées de préciser à l’Avis. journal que le commissaire ne proposait pas de supprimer le CSRD, mais plutôt de simplifier et de rationaliser les processus de reporting, notamment en ce qui concerne les exigences climatiques. A noter qu’il a également déclaré : « Nous maintenons les objectifs, notamment climatiques, mais nous modifions le cheminement des entreprises pour y arriver ».
Un texte remis en cause en Europe
Pourtant, à ce jour, alors que les États membres avaient jusqu’au 24 décembre 2024 pour transposer le texte dans leur droit interne (en principe les nouveaux seuils devraient s’appliquer aux exercices commençant le 1er janvier 2024 ou après cette date), il reste encore 14 pays, y compris l’Allemagne, qui n’a pas encore procédé à la transposition.
Jugé complexe, le texte fait l’objet d’attaques de part et d’autre. En réponse, la Commission européenne a rédigé une proposition législative dite « omnibus » visant à simplifier les exigences en matière de reporting développement durable. En fait, cette proposition omnibus concerne des réglementations telles que la directive sur le reporting durable des entreprises (CSRD), la directive sur le devoir de diligence en matière de durabilité des entreprises (CS3D) et le règlement sur la taxonomie. UE).
Le CNCC veut être acteur de la réussite du CSRD
Dans un communiqué publié le 21 janvier, Philippe Vincent, président de la CNCC (Compagnie Nationale des Commissaires aux Comptes) indique que « Les entreprises françaises, avec lesquelles nous communiquons régulièrement, ont compris les enjeux et l’intérêt de la directive. Ils ne demandent pas d’en restreindre la portée en relevant les seuils. En revanche, ils aspirent à des normes plus simples : lisibles, applicables et utiles au regard des objectifs affichés. « . Pour le représentant du CAC, « relever les seuils ne constitue jamais un processus de simplification. Il s’agit au mieux d’une approche simpliste et au pire dangereuse. Cela revient à déplacer le problème sans répondre à l’enjeu de simplification que réclament les entreprises. ».
-Philippe Vincent, a rappelé que la France, qui a été le premier pays à transposer la directive CSRD par l’ordonnance n° 2023-1142 du 6 décembre 2023, « défend une approche pragmatique pour le développer tout en maintenant son ambition « . Pour lui, le CNCC, en tant qu’institution, c’est « pleinement à cette démarche, en privilégiant l’introduction de plus de progressivité et la simplification du reporting, conditions nécessaires à la réussite de sa mise en œuvre, et donc à l’atteinte des objectifs du Green Deal ».
Il a indiqué que le CNCC a formulé un certain nombre de propositions concrètes, directement issues des retours d’expérience de terrain fournis par les entreprises. Des propositions qui ont été transmises il y a une dizaine de jours à la Commission européenne et à toutes les autorités européennes et nationales compétentes, en vue d’être intégrées dans le projet de texte « Omnibus ».
A noter que la présentation de ce texte a été fixée par la Commission au 26 février. A suivre donc.
Samorya Wilson