Depuis le mardi 7 janvier, date du début des incendies, Hollywood n’est plus que l’ombre de lui-même. Les incendies ont décimé, détruit, tué… Un désastre d’une ampleur que personne ne pouvait imaginer. Une catastrophe qui va affecter la ville pendant des années et qui cause déjà de gros dégâts à sa principale industrie, le cinéma.
Les studios n’ont pas été touchés, mais sur les toits des plateaux gigantesques de Warner ou d’Universal, les drapeaux américains sont en berne, métaphore d’une industrie qui n’en avait vraiment pas besoin.
Karie Bible est analyste chez Exhibitors Relations, une société de surveillance des données industrielles, une sorte de baromètre de l’activité hollywoodienne. Pour elle, c’est une évidence, la catastrophe arrive au pire moment. «Ces incendies sont la troisième catastrophe qui touche notre industrie en moins de quatre ans», explique-t-elle. « Il y a d’abord eu la pandémie. Et dès qu’on en est sorti, on a eu la double grève des scénaristes et des acteurs. Pendant longtemps, nous avons tous répété ce credo : Survivons jusqu’en 2025 et tout ira bien ! 2025 est arrivée et avec elle, une troisième catastrophe, ces incendies atroces, une catastrophe totale. »
L’impact des annulations
Un désastre dont les conséquences furent immédiates. Depuis le 7 janvier, tout est mis entre parenthèses à Hollywood. Les tournages ont tous été arrêtés, les différents événements prévus, avant-premières, remises de prix, tapis rouges, etc., ont tous été annulés ou reportés à une date sans doute très ultérieure. Les Oscars sont également concernés. L’annonce des nominations a été pour l’instant reportée au 23 janvier, mais les choses peuvent encore changer et le déjeuner des nominés a déjà été annulé. L’argent qui aurait dû servir à son organisation a été versé à un fonds d’aide aux victimes. Ainsi, plus de 250 000 $ ont été mis à la disposition de ceux qui ont tout perdu.
Quant à la cérémonie elle-même, aucune information à l’heure où nous rédigeons ces lignes mais il semble peu probable qu’elle ait lieu, du moins sous sa forme habituelle. Il est difficile d’imaginer les stars défiler sur Hollywood Boulevard avec des diamants autour du cou ou s’éclater lors de soirées extravagantes alors que tout a brûlé à quelques kilomètres de là et que beaucoup de ceux qui travaillent sur l’événement n’ont plus de maison où retourner. une fois le travail terminé.
Mais en même temps, si tout est annulé, tous ces gens n’auront tout simplement plus de travail. « Ce que beaucoup oublient, nous rappelle Karie Bible, c’est l’impact économique de ces cérémonies de remise de prix. Une remise de prix reportée ou annulée, c’est des coiffeurs, des maquilleurs, des chauffeurs de limousine, des traiteurs, des barmans, une tonne de travailleurs modestes qui se retrouvent sans revenus. C’est bien plus important que ce que les gens pensent. »
Ce n’est qu’un exemple de la crise post-catastrophe à laquelle Hollywood s’attend à faire face. Il y en aura d’autres, bien d’autres encore. Alors les secours s’organisent… Les stars mettent la main à la poche. Beaucoup ont suivi l’exemple de Jamie Lee Curtis, qui, au lendemain de la catastrophe, a offert un million de dollars à un fonds de soutien. Leonardo Di Caprio, Eva Longoria, Beyoncé, Michael Douglas, Kim Kardashian et bien d’autres lui ont emboîté le pas. Taylor Swift est même allée jusqu’à faire un don de 10 millions de dollars. Sans parler de tous ceux qui l’ont fait en préférant garder l’anonymat.
Les studios ont suivi. Disney a fait don de 15 millions de dollars. Paramount, Sony, Netflix, ils participent tous à l’effort caritatif. Il y aura également d’autres initiatives comme un concert LA FireAid qui aura lieu le 30 janvier auquel participeront Billie Eilish, Sting, Green Day, Stevie Nicks et Lady Gaga. Et la cérémonie des Grammys, les Oscars de la musique si vous préférez, aura lieu le 2 février comme prévu, mais elle s’est transformée en une collecte de fonds pour venir en aide aux victimes des incendies, une sorte de téléthon avec distribution de prix au milieu… Des secours s’organisent et heureusement tout le monde s’y mobilise, mais les chiffres sont inquiétants.
-Avec tous ces coups de main, avec également l’aide de l’État de Californie promise par le gouverneur ainsi que des fonds fédéraux, on estime que l’aide récoltée avoisinera les 600 à 700 millions de dollars. Mais il faudra au moins 10 milliards pour reconstruire tout ce qui a été détruit… Les assurances devraient jouer leur rôle, mais si dans le quartier de Pacific Palisades, la plupart des propriétaires étaient assurés, il est loin d’être pareil dans le quartier bien plus modeste de Altadène.
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Même si l’aide est là, l’avenir de Los Angeles et d’Angelenos n’est pas brillant. Beaucoup songent à quitter la ville du cinéma. « Il y a des limites à ce que nous pouvons supporter », confirme Karie Bible. « Tout le monde tombe en panne à un moment ou à un autre. À un moment donné, chacun se demandera s’il peut continuer ou s’il doit faire autre chose, ailleurs. » Jusque-là, le résilient Hollywood a toujours su renaître de ses cendres.
La crise qu’elle traverse aujourd’hui s’annonce comme une ultime épreuve. Pour avoir une chance de s’en sortir, Hollywood va avoir besoin que l’industrie tourne à plein régime. Il faut faire des films. Et il faut aller les voir. Le sort du cinéma a toujours été entre les mains de ses spectateurs. C’est encore plus vrai aujourd’hui que jamais.