C’est sans doute la plus triste nouvelle depuis début 2025, l’immense David Lynch est mort dans la fureur des incendies dans sa bien-aimée Cité des Anges. Mais Lynch nous avait tellement habitués à jouer avec les paradoxes. Car le cinéaste de « Mulholland Drive » avait évacué sa résidence de Laurel Canyon six jours avant d’être terrassé par un emphysème chronique qui lui dévorait les poumons. Si l’on devait comparer le brillant réalisateur de « Blue Velvet » à un groupe de rock, il serait sans doute légendaire comme le Velvet Underground, ce qui montre quel vide immense il laisse derrière lui.
Je n’ai jamais eu le privilège de tendre mon micro à David Lynch, mais si d’aventure je devais prouver par A + B = C son importance cruciale dans mon Panthéon personnel, je dois juste me souvenir qu’au siècle dernier, lorsqu’il nous captivait avec sa série hallucinante TWIN PEAKS à une époque où le replay, le streaming, la VOD et internet étaient inexistants et où il fallait encore dévorer chaque épisode en direct à la télé à l’ancienne. Ainsi une fois par semaine, si ce jour-là j’assistais à un concert, je quittais la salle bien avant le rappel pour être de retour chez moi et pouvoir me plonger dans l’univers aussi ésotérique que futuriste et éthéré de l’Agent FBI spécial Dale Cooper, ses beautés vénéneuses, sa « tarte aux cerises » et son « excellente tasse de café ». Sans doute la drogue télévisée la plus addictive depuis « Le Prisonnier ». Et pour qu’un critique de rock écourte un concert de rock comme celui-ci, il doit y avoir une sacrément bonne raison. David Lynch était bien plus qu’un cinéaste doué, un prestidigitateur d’images, une sorte de magicien d’Oz en cinémascope. Sa vision de la beauté, de l’amour, de l’intrigue, de la séduction était tout simplement unique. Et donc inoubliable. C’est dire que sa mort à seulement 78 ans laisse un abîme immense.
Le décès de David Lynch a été annoncé jeudi par sa famille sur sa page Facebook officielle. “Il y a un grand vide dans le monde maintenant qu’il n’est plus avec nous”, peut-on lire dans le message. “Mais, comme il l’a si bien dit, gardez les yeux sur le beignet et non sur le trou… C’est une belle journée avec un soleil doré et un ciel bleu tout le long.” Lynch a révélé en août dernier qu’il luttait contre l’emphysème, une maladie pulmonaire chronique, causée par « de nombreuses années de tabagisme ».
David Lynch et Cori Glazer
Au tournant des années 80, en interviewant Jackson Browne et David Lindley (Voir sur Gonzomusic JACKSON BROWNE & DAVID LINDLEY : Return to Diablo Canyon… et aussi FAREWELL DAVID LINDLEY) je me suis lié d’amitié avec un jeune manager du label chez Elektra records. Quelques années plus tard, dans les années 90, sentant le tournant de l’industrie musicale, ma copine a quitté l’industrie du disque pour se lancer dans le cinéma. La pure californienne Cori Glazer surfe et pilote des petits avions au dessus de Los Angeles, pleine d’énergie elle devient scénariste sur les plateaux de tournage et en 1988 collabore pour la première fois avec David Lynch sur le tournage de son court métrage « The Cow-Boy ad the Frenchman », une collaboration ininterrompue qui se poursuivra jusqu’à la 3ème saison de TWIN PEAKS. (Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=twin+peaks) Voici ce que Cori a publié sur sa page Facebook :
-« En 1988, on m’a demandé de travailler sur un court métrage réalisé par David Lynch intitulé « Le Cowboy et le Français ». Je n’étais scénariste que depuis trois ans, mais pendant ces trois jours de tournage, je me suis dit que si je devais travailler avec un seul réalisateur pour le reste de ma vie, ce serait avec lui. Et c’est comme ça que ça s’est passé… Il n’y a vraiment pas de mots pour décrire la légende de cet homme. Il a inspiré d’innombrables personnes à travers le monde à ne pas avoir peur de leur créativité et à être cohérentes avec elles-mêmes. Mon cœur est dévasté en ce moment, tant de souvenirs, tant de plaisir, tant d’amour… Pour citer l’annonce faite par sa famille aujourd’hui…
« Il y a un grand vide dans le monde maintenant qu’il n’est plus parmi nous. Mais comme il l’a dit : « Gardez les yeux sur le beignet et non sur le trou. » »
Au revoir David Lynch…
