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entre le réalisateur à succès et la musique, une longue histoire d’amour !

entre le réalisateur à succès et la musique, une longue histoire d’amour !
entre le réalisateur à succès et la musique, une longue histoire d’amour !

David Lynch, à qui le monde du cinéma tout entier rend hommage au lendemain de sa mort, n’était pas du genre à choisir un sillon à labourer du soir au matin. Au contraire, il pensait que le cinéma, art total, ne pouvait s’enrichir qu’au contact des visuels et de la musique. Retour sur soixante ans d’une passion électrique.

Si votre enfant a du mal à s’endormir et que vous n’avez que deux disques sous la main pour tenter de l’apaiser, un album de David Lynch et un autre, un conseil : prenez l’autre.

Non pas que le niveau sonore des enregistrements aléatoires de l’artiste touche-à-tout soit particulièrement strident ou assourdissant ; mais disons que même à faible volume, on a éprouvé plus de chaleur, plus tranquillisant, que ces guitares électriques qui sonnent parfois comme des scies de bûcheron et ces jeux (ces tortures ?) de cymbales évoquant le craquement d’une pièce de monnaie qu’on frotterait une plaque émaillée dévorée par la rouille dans l’humidité du Mississippi.

En termes de capacité et de plaisir à manipuler des matériaux sonores (issus non seulement d’instruments de musique, mais aussi d’objets du quotidien, d’outils et d’ustensiles, de mégaphones, de vieux transistors, de jouets d’enfants, ne les jetez pas), l’aventurier du son David Lynch serait presque faites en sorte que des enfants comme Tom Waits et Don Von Vliet, de Captain Beefheart, ressemblent à des bricoleurs sympathiques du dimanche.

Ça y est, votre enfant dort ? Alors regardons de plus près (écoutez). Et d’abord, commençons par rappeler que le jeune David Lynch (25 ans à l’époque) qui a commencé à travailler sur Tête de gomme de 1971, six longues années avant la sortie en salles du film, était un pur produit des écoles d’art américaines.

On sait qu’en Grande-Bretagne, les écoles d’art ont donné naissance à des générations d’artistes non alignés, de Keith Richards à Morrissey en passant par Syd Barret et Mark E. Smith ; on sait aussi que ce type de formation potentiellement peu rigoureuse, voire franchement folklorique, est généralement peu appréciée des parents américains, et que seuls les enfants vraiment atypiques (et doués ?) obtiennent leur ticket pour l’aventure.

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Ce fut le cas de l’adolescent Lynch, habitué depuis son enfance à changer de ville à chaque fois que son père, haut fonctionnaire au sein du ministère américain de l’Agriculture, était muté dans une nouvelle région.

Il faut croire que le futur artiste gardait une grande agitation, voire une incapacité à s’installer quelque part, puisque devenu étudiant aux Beaux-Arts, il changea plusieurs fois d’école, de Washington à Boston, puis à New York (à la Cooper Union, dont il détesté) et enfin Philadelphie, au retour d’un voyage décevant en Autriche : il avait rêvé d’y rencontrer son idole, le peintre Oskar Kokoschka, mais il n’a jamais répondu à ses demandes.

Le cinéaste qui rêvait d’être musicien…

A l’université, Lynch a rencontré toutes sortes de musiciens, du rock mais pas que. Il partageait même sa chambre avec Peter Wolf, futur chanteur du groupe à succès J. Geils.

Dès ses premiers courts métrages et petits films d’animation, l’ancien éclaireur, particulièrement doué pour la débrouillardise, décide d’écrire lui-même la musique et de réaliser le « sound design » (terme sans doute impropre compte tenu de la modestie des moyens techniques employés).

Pour la bande originale de L’alphabet (en 1968), David Lynch prenait un malin plaisir à trafiquer la voix de sa très jeune épouse, Peggy, en faisant passer la bande magnétique dans un magnétophone au moteur à moitié endommagé. N’importe qui d’autre aurait jeté ce pitoyable appareil à la poubelle. Lynch en a fait un instrument de son imagination débridée.

L’aspirant cinéaste aurait sans doute aimé avoir dix vies pour le prix d’une. Mais une fois installé à Los Angeles en 1970, il doit consacrer bien plus de temps que prévu à la production deTête de gommeun projet très complexe et laborieux (comme tous ses films d’ailleurs, le perfectionnisme a un prix) et fut donc contraint de remettre à plus tard ses rêves de musique de guitare.

Cela ne l’a pas empêché de fréquenter assidûment les salles rock et folk, le Troubadour, le Roxy, ainsi que quelques lieux plus ou moins secrets où le jazz de la côte Ouest croisait le fer avec les musiques venues d’ailleurs (Brésil, Afrique). …).

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Dans une playlist publiée sur Spotify, on peut découvrir la sélection que Lynch a préparée il y a quelques années, en réponse à la question : quelles sont vos chansons préférées du 21ee siècle ? On y retrouve Elvis Presley, Bob Dylan et Neil Young, mais aussi les Platters, Otis Redding, Booker T. and the Mg’s, ou encore des pépites plus récentes, comme une chanson du très estimable combo new-yorkais On The Radio. Musicalement, tout comme dans le choix des sujets de films (et le traitement esthétique adapté à chacun), David Lynch n’a jamais été un homme de chapelle.

…mais aussi photographe, plasticien

Il se disait avant tout artiste. Touche-à-tout refusant d’être membre d’un club. Photographe, plasticien, peintre, sound designer, décorateur et même propriétaire d’un bar de nuit à Paris. Et puis musicien, oui, mais avec ce handicap qui pèse sur son quotidien jusque dans les années 2000 : le manque de temps.

Ce n’est donc qu’en 2001, à l’âge de 55 ans, qu’il peut enfin se lancer dans un cycle de trois albums studio : BleuBOB (co-réalisé avec son ami John Neff), Temps de clown fou Alors Le grand rêvetentatives inégales pour réinventer harmoniquement un rock américain assez classique (on pense à The Replacements, Hüsker Dü, et dans une moindre mesure aux géniales Pixies), mais particulièrement dures en termes de matière sonore.

C’est en pensant à ces disques, et par exemple au blues corrosif et vicieux de Mauvaise nuitque nous vous déconseillons de l’utiliser dans la chambre de votre progéniture (vous verrez, les albums de Don Pedro et ses Dromadaires sont bien plus adaptés).

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Mais revenons deux décennies en arrière. Au milieu des années 1980, le flow musical délivré par le cerveau fertile de David Lynch, majoritairement monopolisé par le 7e l’art, avait besoin d’un autre humain pour atteindre nos oreilles étonnées sous forme enregistrée. Le compositeur de Brooklyn (d’ascendance sicilienne) Angelo Balamenti était ce vecteur, ce porteur de messages.

Les deux hommes se sont rencontrés en 1985, alors que le cinéaste californien entamait la post-production sur Velours bleu. Coup de foudre mutuel et début d’une superbe complicité artistique : ensemble, ils concevront plusieurs bandes sonores particulièrement sophistiquées. (Autoroute perdue, Mulholland Drive…), mais aussi un presque hit, le Thème Twin Peaksgénérique de la série disponible dans Chute avec l’envoûtante Julee Cruise derrière le micro.

Chute : un refrain lent et obsessionnel, d’autant plus remarquable que dans toute sa première partie, son principal point saillant (on n’osera pas le qualifier de « gimmick ») est constitué d’un motif de guitare basse très basique joué dans un ampli puissant. et une pédale de réverbération : trois notes élégiaques, une rythmique unique dans une bulle de sons synthétiques. Chute sera aussi le mètre étalon de l’esthétique « Badalamenti rencontre Lynch » tout au long de leur relation de travail.

Ce mystère, cette rondeur, ces voix de femmes flottant entre le monde d’ici et un ailleurs incertain (fantastique, cauchemar, au-delà ?), les deux partenaires et artistes chercheront toujours à les faire briller. Plus qu’une marque : une véritable idée fixe. Quitte à avoir parfois la main un peu lourde, lors de l’enregistrement en studio, avec des effets comme le chorus et la réverbération (option « son cathédrale »), qui tendaient, à la longue, à donner un caractère trop auréolé, trop aqueux. à leurs mélodies.

Avant de forcer un peu trop sur les sonorités métalliques dans les années 2000-2010 (à notre goût en tout cas), le peintre et plasticien s’était un peu trop focalisé sur le bleu turquoise et le violet lors de ses années de complicité avec Badalamenti. – même assez concentré sur les couleurs de la rate. ” Trop de couleurs distraient le spectateur ? »

Il était aussi un producteur au service des autres…

David Lynch semblait très bien faire face à la lumière que lui conférait sa carrière de réalisateur à succès ; mais il aimait aussi mettre ses idées (et l’argent généré par ses films) au service de ses amis musiciens. Le plus généralement, cela se déroulait dans l’enceinte du beau studio d’enregistrement qu’il avait fait construire au rez-de-chaussée d’une de ses villas achetées au fil du temps, sorte de bunker caché dans les collines surplombant Hollywood.

Situé au 7017 Senalda Road, le « Studio asymétrique » (quel nom génial), doté d’un écran de cinéma de 5 mètres de large installé dans la cabine de contrôle, a accueilli des sessions d’enregistrement d’artistes tels que le chanteur Zola Jesus, le groupe Jaye Jayle, le Le pianiste polonais Marek Zebrowski, ou plus récemment le musicien et compositeur Chrystabell – dont l’univers hanté n’est pas sans rappeler celui d’une certaine Julee Cruise. Ce même studio où il a rencontré artistiquement son ami Badalamenti pour la dernière fois pour un album en duo, en 2018, sous le titre de Gang de pensée.

Dans la plupart des cas, David Lynch, toujours accompagné de son ami de jeunesse John Neff derrière la console de mixage, non seulement assistait aux sessions d’enregistrement, mais payait également leur coût, ainsi que la réalisation des disques qui en étaient issus. depuis. Dans le cas de Chrystabell, l’entente était si parfaite que le cinéaste à la retraite de 77 ans a finalement cosigné les chansons de l’album. Souvenirs de cellophane. Un titre parfait pour tirer sa révérence…

 
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