un dispositif de sécurité contourné, selon l’enquête de la CNESST

Un travailleur de 42 ans est décédé dans une pompe à béton sur un chantier de construction en Montérégie en décembre 2023 parce qu’un dispositif de sécurité avait été délibérément contourné, révèle une enquête de la CNESST.

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« Bien sûr, nous avons eu un gros problème. Nous avions une zone dangereuse accessible. C’est vraiment le nœud du problème dans cette affaire », résume-t-il dans un entretien avec Journal Inspecteur Richard Laplante.

La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST) a dévoilé aujourd’hui les grandes lignes des circonstances entourant le décès de Sébastien Bolduc, en décembre 2023, à Candiac.

Il a travaillé pour le compte de Pompage Élite, un sous-traitant qui a réalisé des travaux sur la propriété de l’entreprise Cascades.

Le quadragénaire a connu une fin horrible en nettoyant une pompe à béton avec un tuyau d’arrosage.

Après avoir grimpé sur les engins, il aurait été entraîné dans le réservoir de la pompe. Sa chemise se serait coincée dans le mécanisme qui fonctionnait toujours.

Appareil désactivé

Une grille limite l’accès au réservoir en temps normal. Dès son ouverture, un dispositif coupe le moteur de la pompe.

Il n’était toutefois pas fonctionnel au moment du décès de Sébastien Bolduc, a révélé une expertise commandée par la CNESST, qui a relevé d’autres failles de sécurité.

« Dans le système de sécurité, il y a des connexions. Ces connexions étaient, dans le jargon correct, contourné. Ils ont été contournés. Nous avons pris des fils […]nous les mettons de manière relativement permanente pour simuler que la barrière est fermée en permanence», explique l’inspecteur Richard Laplante.

Un flou persiste autour de l’auteur de la manœuvre dangereuse et de son but exact. La pompe à béton a été achetée neuve en 2010. Sébastien Bolduc l’utilisait depuis ses débuts comme opérateur, en 2021.

« Nous ne sommes pas ici pour déterminer quand cela a été fait ni qui a effectué le contournement. On veut juste comprendre pourquoi c’est arrivé», souligne Jean-François Beaudry, directeur du service de prévention et d’inspection de la Rive-Sud.

Toutefois, une plainte a été faite à la police et une enquête est toujours en cours, confirme la Préfecture de police intercommunale de Roussillon, qui tente d’établir si un élément criminel entache cette affaire.

Constat d’infraction

Parmi les quatre causes identifiées par la CNESST, on note également une gestion « déficiente » de l’entretien et de l’inspection des éléments de sécurité, ainsi que des « lacunes » dans la gestion des risques lors du nettoyage des cuves.

Un constat d’infraction a été remis à l’employeur, qui « affirme également que les modifications apportées aux systèmes de sécurité ont été faites à son insu », selon le rapport d’enquête.

Aux yeux de Jean-François Beaudry, cette histoire devrait servir de sonnette d’alarme pour les entreprises du secteur de la construction.

« Regardez vos propres pratiques. Vos machines sont-elles sûres ou non ? Faites quelque chose pour vous en assurer », dit-il.

Pompage Élite n’a pas souhaité commenter le sujet.

• La Police Intercommunale de Roussillon encourage toute personne ayant des informations sur ce drame à se manifester.

– Avec Jonathan Tremblay