Brad Pitt au coeur d’un concentré d’horreur et d’héroïsme

Brad Pitt au coeur d’un concentré d’horreur et d’héroïsme
Brad Pitt au coeur d’un concentré d’horreur et d’héroïsme
Le sergent d’état-major Don Collier (Brad Pitt) dans « Fury » (2014), de David Ayer. SONY PICTURES LIBÉRANT GMBH

OCS – MARDI 14 JANVIER À 21H45 – FILM

Allemagne, avril 1945. L’équipage du char d’assaut « Fury » vient de subir sa première perte. Jusque-là, les hommes de Wardaddy – « papa de guerre », surnom affectueux donné par l’équipage de son char Sherman au Master Sergeant Don Collier (Brad Pitt) – ont été préservés, par le courage et la science militaire de leur supérieur.

Lire la chronique (en 2023) : Article réservé à nos abonnés Brad Pitt dans « Le », l’incarnation d’une carrière hollywoodienne

Lire plus tard

Il est en guerre depuis un peu plus de deux ans. C’est assez de temps pour en avoir fait un être d’une autre espèce que le commun des mortels, dont le surnom pourrait aussi être le nom par lequel est invoquée la divinité des combats. Dès la première séquence de FureurDavid Ayer, réalisateur et scénariste, joue de cette ambiguïté qui fait aller et venir ce film remarquable et inquiétant entre mémoire historique et imaginaire mythologique.

Pour remplacer le carabinier décédé lors du dernier affrontement avec les panzers, l’armée américaine a trouvé un adolescent aux yeux clairs, Norman Ellison (Logan Lerman), qui pensait passer les derniers mois de la guerre à taper à la machine.

Le scénario compact suit les vingt-quatre heures que durera l’initiation d’Ellison, sous la houlette de Wardaddy. Au premier combat, le jeune homme prendra la fuite ; son mentor va l’obliger à faire son métier de militaire, ce que le sous-officier résume ainsi “Tuer les Allemands”le forçant à tirer dans le dos d’un soldat qui venait de se rendre. L’équipage prendra ensuite quelques heures de repos dans une ville qu’il vient de conquérir avant l’heure de l’affrontement final.

Effets de la violence

Il n’y a rien de réaliste dans ce concentré d’horreur et d’héroïsme. David Ayer, ancien soldat (sous-marinier), est fasciné par les effets de la violence professionnelle sur le psychisme humain. Masculin, plus précisément : il se débarrasse des deux seules figures féminines du film sans trop d’élégance. Ayer fait peu de distinction entre le maintien de l’ordre en temps de paix et les opérations militaires. Son premier long métrage, Mauvais moments (2005), avait pour héros un vétéran des guerres de l’Est, qui, pour être embauché dans la police de Los Angeles, se comportait dans les rues de sa ville comme dans celles de Bagdad.

Avec sa mise en scène classique et élégante, Fureur veut exprimer l’essence même de ce paradoxe : ceux qui ont la charge de faire régner l’ordre et la justice doivent être prêts à sacrifier leur vie, mais aussi leur conscience, leur intégrité.

Il est astucieux d’avoir placé le film dans les dernières heures de la guerre, au moment où les troupes alliées entrent en contact direct avec la terreur nazie, libérant les camps, triant les enfants enrôlés de force pour la « guerre totale » et les dernières bataillons d’une Wehrmacht nazifiée. Pour mettre fin à cette horreur, nous avons besoin de gens comme le sergent Collier et ses hommes, qui traversent un paysage de la guerre de Trente Ans, où pendent aux réverbères les cadavres des traîtres à la patrie – des adolescents qui ont refusé de se battre.

Il fut un temps où Brad Pitt s’était vu promettre l’avenir de Robert Redford. Il est devenu John Wayne. Massif, laconique, il maîtrise l’art de la guerre mieux que Patton et Rommel réunis. C’est un héros au sens strict du terme.

Fureurfilm de David Ayer (UE, 2014, 134 min). Avec Brad Pitt, Shia LaBeouf, Logan Lerman, Michael Peña, Jon Bernthal. Diffusé sur OCS et disponible à la demande sur MyCanal.

Thomas Sotinel

Réutiliser ce contenu
 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Joao Fonseca a été phénoménal face à Andrey Rublev (7-6, 6-3, 7-6) [résumé vidéo] – Vidéo de tennis
NEXT un proche du ministre des Transports prend la tête de la compagnie ferroviaire Renfe – 14/01/2025 à 16h58