Un Québécois de 20 ans, qui a violé une jeune femme après l’avoir contactée sur l’application de rencontres Fruitz, vient d’être reconnu coupable d’agression sexuelle parce que sa victime était trop ivre pour consentir.
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« Lorsque la plaignante est en état d’ébriété, il incombe à l’accusé de prendre des mesures raisonnables pour s’assurer qu’elle consent à chaque activité sexuelle. […]. Son comportement démontre une nonchalance totale, voire un mépris total, envers la plaignante et le risque pour sa santé», critique Luce Kennedy, juge à la Cour du Québec.
Dans son récent jugement, on apprend que Zachary Tardif, un joueur de hockey de Rivière-du-Loup, a rencontré sa victime en janvier 2023 sur Fruitz. Deux jours après avoir fait un « match » sur la plateforme de rencontres, la jeune femme de vingt ans s’est rendue chez la jeune femme pour une soirée arrosée de vodka, en l’absence de ses parents.
« La plaignante affirme qu’en fin de soirée, elle est allée se coucher dans sa chambre parce qu’elle était ivre. L’accusée entre, se met dans son lit et commet des attouchements sexuels sur plusieurs parties de son corps », peut-on lire dans le document judiciaire.
Agressée sans préservatif
Tardif a donc profité de son état d’ébriété avancé pour la pénétrer sans préservatif, précisait alors la Cour. Le Québécois n’a jamais demandé le consentement au moment des faits.
Pire encore, Zachary Tardif a expliqué au juge que les prétendus gémissements de la jeune femme prouvaient qu’elle consentait aux attouchements.
Tardif, sur cette photo, a expliqué au juge que sa victime très ivre aurait consenti à la relation puisqu’elle gémissait.
Photo tirée du Facebook de Zachary Tardif
“Estimer que le silence, la passivité ou le comportement ambigu de la plaignante constitue un consentement de sa part est une erreur de droit et ne constitue pas un moyen de défense”, a jugé la magistrate Luce Kennedy.
La Cour du Québec l’a finalement déclaré coupable d’agression sexuelle. Tardif sera de nouveau en cour pour entendre sa sentence ce mois-ci.
« Ici, la croyance de l’accusée repose clairement sur un consentement tacite et s’appuie sur des mythes et des stéréotypes, affirmant qu’elle aurait dû lui dire clairement qu’elle n’avait pas consenti. […] Il sait qu’elle ne consent pas aux attouchements sexuels et à la relation sexuelle sans préservatif qui s’ensuit”, conclut la Cour.
Prends soin de toi
Le juge a également mis en garde toute personne souhaitant avoir des relations sexuelles avec un partenaire ivre à l’avenir.
« Plus l’activité sexuelle est invasive (pénétration) ou plus le risque pour la santé et la sécurité des participants (sans préservatif) est grand, plus l’obligation de mesures raisonnables est exigeante. Il en va de même lorsque, comme ici, l’accusé et le plaignant se connaissent peu », prévient-elle.
Selon Statistique Canada, seulement 1 à 2 % des agressions sexuelles de type « date viol », c’est-à-dire les viols commis lors d’un rendez-vous, sont signalées à la police.
Interface de Fruitz, l’application utilisée par Zachary Tardif pour rencontrer sa victime.
Capture d’écran du site Web apps.apple.com
Qu’est-ce que l’application Fruitz ?
Une plateforme permettant de rencontrer des personnes ayant « les mêmes envies de rencontres que vous », selon le site Internet de l’entreprise. Les utilisateurs peuvent donc s’envoyer une cerise « pour retrouver leur moitié » ou encore un raisin « pour un verre de vin sans prendre la grappe ».
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