On attend avec impatience la déclaration de politique générale que François Bayrou prononcera ce mardi 14 janvier. On pourrait assister à la fin officielle du macronisme économique. Cela se lit d’abord dans la perte de légitimité de son instigateur : selon le baromètre Elabe pour nos confrères de Échosla cote de confiance du chef de l’Etat est tombée à 18%. Lorsque vous tombez aussi bas, vos propres électeurs vous quittent.
Les députés macronistes doivent entendre le message : si vous voulez assurer la suite de votre carrière politique, il est temps de prendre vos distances avec Emmanuel Macron et avec les choix économiques de ces sept dernières années.
Cela est d’autant plus facile à faire que les résultats économiques du macronisme sont sous nos yeux : la politique de l’offre a produit une croissance faible et elle a conduit à une productivité du travail, mais aussi du capital, en berne (avec un facteur total même nul). productivité ces dernières années !). Cette politique n’a pas non plus permis d’effacer nos déséquilibres commerciaux, ni de réduire le taux de pauvreté.
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Finalement, bien sûr, cela a coûté très cher et a entraîné un bouleversement des comptes publics. Le macronisme économique, c’est 2 points de PIB de pertes structurelles de recettes fiscales – hors conjoncture économique – sans bénéfice pour l’économie française.
Le macronisme économique signifie 2 points de PIB de pertes structurelles de recettes fiscales, sans aucun bénéfice pour l’économie française
Les défenseurs du macronisme mettent tout de même deux arguments sur la table. La première : depuis 2017, nous avons quand même créé deux millions d’emplois. Selon les dernières données de l’Insee, le nombre total d’emplois est passé de 28,3 millions en 2018 à 30,4 en 2023. Mais à bien y regarder, cela n’est pas lié aux politiques mises en œuvre.
Le déclin démographique et la reprise de la zone euro jusqu’à la pandémie ont permis d’obtenir ces créations. Par ailleurs, l’arrêt (nécessaire) de l’économie pendant le confinement puis le développement de l’apprentissage (dont la Cour des comptes vient de souligner le coût exorbitant) ont joué leur rôle.
Deux « bons » résultats en trompe-l’œil
Malgré ces politiques publiques massives de soutien, les résultats français ne sont pas glorieux comparés à nos voisins européens : entre 2017 et 2023, le taux de chômage français a baissé de 2,1 points, contre 2,5 points dans la zone euro. Et le taux d’activité, malgré des progrès significatifs, reste à la traîne par rapport à ses voisins.
Le rapport Bozzio-Wasmer a montré que les 80 milliards d’euros annuels de réductions de cotisations sociales sur les bas salaires coûtent très cher pour les quelques emplois qu’ils génèrent. La source de la création d’emplois n’est pas là.
Le deuxième argument concerne l’attractivité de la France aux yeux des investisseurs étrangers. Nous serions soudain devenus, grâce à Emmanuel Macron, hyper-attractifs. Selon les dernières données de la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement), entre 2017 et 2023, le stock d’investissements étrangers entrants en France a augmenté de 22 %.
Les autres pays européens ne sont pas loin (+ 16% en Italie, + 17% en Allemagne, + 18% en Autriche) quand ils n’affichent pas de bien meilleurs scores sur la période (+ 28% au Portugal, + 34% en Espagne ), sans même évoquer notre voisin britannique (+62%). La France a toujours attiré les investisseurs étrangers et l’ère Macron n’a pas été marquée par des résultats exceptionnels dans ce domaine.
Malgré des politiques publiques massives de soutien, les résultats français ne sont pas glorieux comparés à ceux de nos voisins européens
François Bayrou et sa nouvelle équipe de Bercy, Eric Lombard et Amélie de Montchalin, ont eu raison d’ouvrir une porte budgétaire de gauche, notamment à travers la baisse des allègements de cotisations, une contribution des grandes entreprises et, enfin, une éventuelle taxation du patrimoine de l’État. très riche.
Le discours de politique générale du Premier ministre demain montrera également jusqu’où il est prêt à aller dans la remise en cause de la réforme des retraites, que la population rejette encore massivement.
À bout de souffle, avec un bilan négatif, le macronisme économique n’a plus de raison d’exister. François Bayrou a l’occasion de remettre la France sur le chemin d’un redressement des comptes publics et d’une société plus apaisée. Il n’a aucune hésitation à avoir.