Les Rochelais peinent à retrouver la dynamique qui les a portés au sommet du rugby européen. Entre un effectif vieillissant, des carences offensives et une mentalité vacillante, Jean-Pierre Elissalde et Dillyn Leyds partagent des analyses lucides sur les difficultés du Stade Rochelais cette saison. Alors que la deuxième partie de championnat s’annonce solide, le temps presse pour corriger le tir. Ce dimanche, les Maritimes passeront un très gros test contre le Leinster en Coupe des Champions.
Une main d’œuvre vieillissante et des chantiers confinés
Jean-Pierre Elissalde, ancien joueur emblématique et entraîneur de La Rochelle, n’a pas mâché ses mots via France Bleu concernant la situation actuelle du club. “Il n’y a pas d’huile dans les rouages, la main d’œuvre vieillit», analyse-t-il franchement. Pour lui, les Maritimes manquent de fraîcheur et d’efficacité, ce qui impacte directement leur jeu. “Les internautes se demandent pourquoi les ballons ne sortent pas plus vite ? Mais nous ne voulons pas que cela sorte rapidement parce que nous ne pouvons pas donner le rythme», déplore-t-il.
Aujourd’hui, parler d’un doublé pour le Stade Rochelais serait incongru, pour ne pas dire déplacé.
Les deux recrues annoncées pour la saison prochaine, Le Garrec et Niniachvili, devrait apporter du dynamisme, mais en attendant, le Stade Rochelais peine à rivaliser avec les grands noms du championnat. Elissalde pointe aussi du doigt un management souvent remis en questionmais défend Ronan O’Gara : «Quand les choses ne vont pas bien, on rencontre toujours des difficultés de gestion. J’essaie d’avoir une vision plus large.« Pour lui, les problèmes du Stade Rochelais ne se résument pas à la gestion, mais à des limites collectives et structurelles.
Nous avons un joueur exceptionnel : c’est Skelton. Et quand il n’est pas là, on prend presque des ballons portés contre des jeunes ‘vierges’, on a du mal à avancer sur nos propres ranges de ballon, la mêlée devient neutre… parce qu’on n’emporte personne.
Une mentalité vacillante sur les terrains à l’extérieur
De son côté, l’ailier sud-africain Dillyn Leyds se concentre sur un autre aspect : la mentalité du groupe, notamment lors des matchs à l’extérieur. “Lors des grands matchs, la connexion est toujours là. Mais dans un match moins “grand”, où il faut gagner, nous n’y sommes pas.», regrette-t-il via Sud Ouest. Les performances décevantes face à des équipes moins haut de gamme reflètent un manque de concentration et de régularité. “Nous sommes figés… et quand nous décidons de jouer, il est trop tard», admet-il.
Ces difficultés mentales se traduisent aussi dans les rencontres d’après-match : “On dit que nous avons fait de bonnes choses, mais que nous n’avons pas fini le travail. Nous avons hâte d’être à domicile pour gagner.« Une autocritique honnête qui souligne l’urgence de transformer ces paroles en actes pour éviter de connaître une saison de hauts et de bas.
Des raisons d’espérer ?
Malgré les critiques et les frustrations, tout n’est pas noir pour les Rochelais. “Nous pensons vraiment que nous sommes une bonne équipe, que nous avons un groupe spécial», assure Dillyn Leyds. Les Maritimes ont prouvé leur capacité à briller lors des événements majeurs, notamment lors de la Coupe des Champions, où l’équipe semble galvanisée. Mais cet état d’esprit doit être maintenu en championnat pour ne pas compromettre les objectifs.
Jean-Pierre Elissalde reste également mesuré : «Maintenant il est trop tard pour changer de chevaux, de jockeys, d’entraîneurs, alors on continue.« Avec un format de compétition qui permet des retournements de situation, les Rochelais ont toutes leurs chances, à condition de retrouver leur cohésion et leur efficacité.
Quel avenir pour le Stade Rochelais ?
Le défi est immense pour Ronan O’Gara et ses hommes. A court terme, il s’agira de retrouver de la régularité au championnat pour rester dans la course aux phases finales. A plus long terme, des recrutements ciblés pour la saison prochaine pourraient être une solution pour combler les lacunes identifiées par Elissalde. Mais il faudra que les résultats arrivent vite, car les supporters rochelais, habitués à l’excellence, attendent plus qu’un simple élan de fierté.
Il faut être complet, il faut être frais, il faut réussir et surtout il faut un adversaire qui ne donne pas le rythme. Ce n’est pas forcément ce qui nous attend samedi prochain.
Les prochaines semaines seront décisives pour savoir si les Maritimes peuvent espérer un nouveau sacre ou si, comme le souligne Elissalde, les discussions sur un doublé demeureront.incongru« . Une certitude : tous les regards seront tournés vers les Jaune et Noir, qui doivent désormais prouver leur valeur sur le terrain. Première rencontre ce dimanche face au Leinster.
