Les enquêteurs ont jusqu’à lundi 6 janvier au soir pour exécuter le mandat d’arrêt émis contre l’ancien président Yoon Suk-yeol, démis de ses fonctions le mois dernier après une tentative de coup d’État. Appelé à répondre aux questions soulevées par sa brève imposition de la loi martiale, le chef de l’Etat déchu vit retranché chez lui à Séoul, protégé par des milliers de partisans et une garde personnelle qui bloque l’accès à sa résidence.
Plusieurs enquêtes ouvertes, dont une pour « rébellion »
L’ancien magistrat de 64 ans fait l’objet de plusieurs enquêtes, dont une ouverte pour “rébellion”. Yoon Suk-yeol est accusé d’avoir ébranlé la démocratie sud-coréenne dans la nuit du 3 au 4 décembre, en tentant d’imposer la loi martiale à « éliminer les éléments hostiles à l’État ». En établissant « une dictature législative », il aurait voulu « protéger la Corée du Sud libérale des menaces posées par les forces communistes nord-coréennes ». Une diatribe aux accents de guerre froide qui rappelle les années sombres des dictatures des généraux Park Chung-hee et Chun Doo-hwan dans les années 1970 et 1980.
Dans un Parlement entouré de militaires, les députés ont été suffisamment nombreux pour adopter une motion réclamant la levée de l’état d’exception. Sous la pression de ces élus et de milliers de manifestants, le président a dû obéir quelques heures plus tard. Le 14 décembre, l’Assemblée nationale a voté sa destitution, entraînant dans un premier temps sa suspension. Un chef d’État par intérim a été nommé, même si Yoon Suk-yeol reste officiellement président titulaire en attendant une décision de la Cour constitutionnelle.
Le rôle de la garde présidentielle en question
Vendredi, lors d’une première tentative d’arrestation, les gardes de Yoon Suk-yeol ont refusé l’accès à la résidence du président déchu. Se conformer au mandat d’arrêt « reviendrait à abandonner nos fonctions »» a certifié Park Jong-joon, le chef de la garde présidentielle, lors d’un discours dimanche. À ses yeux, l’ordre n’est pas valide.
Park Jong-joon a également rejeté les affirmations selon lesquelles son équipe serait devenue la « milice personnelle » de l’ex-président. L’équipe juridique de Yoon Suk-yeol ne s’admet pas sa défaite. Si un premier appel contre le mandat d’arrêt déposé auprès du tribunal central de Séoul a été rejeté, d’autres démarches juridiques sont à l’étude.
Présent à son procès ?
Selon son avocat, Yoon Suk-yeol envisage cependant de comparaître à son procès. « donner son point de vue ». La Cour a, à ce stade, fixé cinq audiences entre le 14 janvier et le 4 février. Ni Park Geun-hye ni Roh Moo-hyun, les deux anciens présidents impliqués dans de telles procédures, n’ont assisté à leurs procès. Le premier a été définitivement démis de ses fonctions puis incarcéré en 2017, tandis que le second a été sauvé par la Cour, terminant alors son mandat en 2008.
Malgré le retrait de Yoon Suk-yeol, le chaos politique persiste en Corée du Sud. Le premier président par intérim a, à son tour, été démis de ses fonctions après Noël, les députés l’accusant d’entrave aux procédures engagées contre son prédécesseur. Ministre des Finances de Yoon Suk-yeol, Choi Sang-mok a hérité de ses fonctions. Selon un rapport du procureur, il s’est prononcé contre le coup d’État alors que le président parlait de son résultat. C’est dans ce contexte houleux que le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, est arrivé à Séoul, notamment pour un entretien lundi avec son homologue, Cho Tae-yul.