« jour et nuit » par rapport à l’année dernière

Au cours de la dernière année, à Trois-Rivières, la cohabitation avec eux a fait l’objet de nombreuses discussions et même d’un forum organisé par l’administration municipale. La présence d’une aire de repos rue Royale, en centre-ville, a également suscité de nombreuses discussions.

Aujourd’hui, après les ajustements effectués par l’organisme Point de Rue, qui gère la ressource, quelle est la situation ? L’ouverture d’un relais thermique au Cap-de-la-Madeleine, sous la responsabilité du Centre du Havre, a-t-elle changé la donne ?

Un phénomène en expansion

Jean-Félix St-Germain travaille chez Point de Rue depuis près de 20 ans. À titre de directeur de l’hébergement, il est responsable de coordonner les activités du centre d’accueil de la rue Royale. Il faut dire que les temps ont bien changé depuis son arrivée au sein de l’organisation.

Jean-Félix St-Germain, directeur de l’hébergement au Point de Rue. (Sylvain Mayer/Le Nouvelliste)

Pandémie, hausse marquée de la valeur des maisons, crise du logement, ces dernières années ont façonné la nouvelle réalité sociale. « Là-bas, nous n’avons plus seulement des personnes marginalisées et sans abri. Nous sommes confrontés à des gens qui n’ont pas choisi cela, qui ne sont pas équipés pour vivre ainsi et qui se retrouvent à la rue du jour au lendemain”, illustre-t-il.

“Nous n’avons pas la possibilité de les reloger même s’ils ont toujours payé un loyer”, ajoute-t-il. M. St-Germain dit avoir été conscient de la perte de quelque 200 chambres au centre-ville en un seul été pendant la pandémie, contribuant ainsi à l’augmentation de l’itinérance.

« Actuellement, une cinquantaine de personnes utilisent nos ressources. Il y en a encore une dizaine d’autres dans la rue, ce qui fait une soixantaine de personnes complètement à la rue. À l’époque, il y a une dizaine d’années, quand j’en avais cinq en hiver, c’était magnifique», raconte-t-il.

« Plus on s’installe dans le schéma de la rue, dans ces habitudes de vie, plus il est difficile d’en sortir. À un moment donné, quand vous essayez de louer un appartement et que cela fait une semaine que vous ne vous êtes pas lavé, le propriétaire a moins de goût.»

Selon la température extérieure, la halte accueille environ 20 à 40 personnes chaque jour. Par temps chaud, certaines personnes préfèrent encore s’asseoir dehors plutôt qu’à l’intérieur de la station, ou y passer moins de nuit.

« Leur premier choix dans la vie est de ne pas venir ici. La liberté est la seule chose que vous avez lorsque vous êtes dans la rue. La liberté d’être où on veut quand on veut, de ne pas avoir d’obligations.

— Jean-Félix St-Germain, directeur de l’hébergement au Point de Rue

Face aux plaintes de certains citoyens concernant la présence du centre d’accueil en centre-ville, lui et son équipe ont procédé à plusieurs changements. Ainsi, la ressource est désormais limitée aux personnes sans abri. Nous demandons désormais aux oiseaux de nuit en quête de sociabilité de prendre leur tour.

Au cours de ses quelque 20 années d’expérience en intervention, Jean-Félix St-Germain a vu le nombre de personnes en situation d’itinérance augmenter considérablement. (Sylvain Mayer/Le Nouvelliste)

«C’est le jour et la nuit, par rapport à l’année dernière», précise l’orateur. « Les personnes sans abri, pendant la journée, se faisaient brûler. Ils ont dépensé toutes leurs calories, toute leur énergie. Une fois qu’ils ont mangé et qu’ils sont au chaud, ils ont besoin de dormir.

« En éliminant tout cela et en faisant vivre les mêmes personnes ici, cela devient un peu comme chez nous. C’est aussi plus facile pour nous d’expliquer l’importance du sentiment d’appartenance, de prendre soin du lieu, de prendre soin des voisins.

La dure réalité de la rue

Il est tout juste 8 heures du matin et le froid est particulièrement glacial ce samedi matin à Trois-Rivières. Stéphane Massicotte quitte la station de chauffage administrée par le Centre du Havre, rue Fusey au Cap-de-la-Madeleine, et attend tranquillement l’autobus qui le mènera au centre-ville.

Après avoir été expulsé de plusieurs établissements financiers de Trois-Rivières, immeubles qu’il utilisait la plupart du temps pour s’installer la nuit, l’homme s’est finalement résigné à passer ses nuits à la ressource communautaire. « Ça se passe bien, les intervenants sont vraiment sympathiques », décrit-il.

Stéphane Massicotte as he leaves the Cap-de-la-Madeleine stopover. (Sylvain Mayer/Le Nouvelliste)

Depuis un an et huit mois, M. Massicotte est sans abri. Il chante pour récolter de l’argent. « Au début, je ne voulais pas y aller parce que j’avais peur de tomber sur une bande de sales sacs sur la route. fissure», admet-il. « Finalement, je suis venu ici et tout de suite c’était bien.

Vols à l’étalage, problèmes de santé mentale, consommation de drogue, il ne s’en cache pas, la réalité de la rue est tout sauf un long fleuve tranquille. « Voler n’a pas de sens, mais quand vous en avez besoin et que vous êtes capable de le faire, vous le faites », dit-il.

« Mentalement, je me suis cassé quatre fois. J’ai fini à l’hôpital, je braillais, j’étais fatigué. Fatigué du regard des autres, du jugement.

Pendant la journée, lorsque la plupart des refuges sont fermés, celui-ci aime passer du temps chez Tim Hortons. “Ils me connaissent, je les aime bien, ils m’aiment bien et j’y passe”, poursuit-il.

« Il y a une différence entre la pauvreté et la nécessité. Je suis dans le besoin, je ne suis pas pauvre, parce que j’ai des outils.

— Stéphane Massicotte, Trifluvien en situation d’itinérance

Y a-t-il quelque chose qui pourrait être fait pour sortir les gens de la rue ? Comment pouvons-nous arrêter ce problème ? « Ouf ! Il y aura toujours de la pauvreté, c’est un business», répond-il. «Ça va empirer. Il n’y a pas de logements.

Comprendre les traders

Si les plaintes des résidents de l’aire de repos du centre-ville ont parfois fait la une des journaux, il semble que la situation se soit nettement améliorée cette année. Jean-Félix St-Germain rapporte avoir reçu des dons en argent, en nourriture et en vêtements de plus de 200 personnes depuis le début de la saison, preuve que la bonne entente règne selon lui.

Le gérant d’étage de la pharmacie Jean Coutu située en face de la ressource n’était même pas au courant de son existence. Le commerce est toujours fermé pendant les horaires d’ouverture de l’arrêt, mais il arrive parfois que des gens de la rue viennent tenter de s’y réchauffer.

Carmen Desjardins, owner of the restaurant Au Vieux Café, next to the Cap-de-la-Madeleine rest stop.

Carmen Desjardins, owner of the restaurant Au Vieux Café, next to the Cap-de-la-Madeleine rest stop. (Sylvain Mayer/Le Nouvelliste)

Propriétaire du restaurant Au Vieux Café, campé tout près de la halte du Cap-de-la-Madeleine, Carmen Desjardins révèle également qu’elle n’a aucun problème avec la population itinérante du secteur. Il faut dire que les rares fois où elle a vécu des situations négatives, elle a rapidement fait comprendre aux éléments problématiques ce qu’elle utilisait.

« Les gens se disaient : « faites attention à Carmen » », souligne-t-elle. « Je m’en occupe, il n’y a pas de problème. Je ne veux faire de mal à personne. Avant même son ouverture, je leur ai offert du café ici et j’en ai pris soin», poursuit le commerçant de près de 80 ans.

« Au moins, ils sont dans la chaleur. Il ne fait pas chaud dehors. Cela n’a aucun sens. »

— Carmen Desjardins, propriétaire du restaurant Au Vieux Café

“Je ne pense pas qu’il y ait de problèmes”, ajoute celle qui a également reçu la visite d’un représentant du Centre du Havre avant l’ouverture de la ressource afin de prendre le pouls des commerçants du secteur, un geste qui elle a apprécié.

« Je pense que c’est une bonne chose à faire pour eux. Ils sont dehors, ça n’a pas de sens», déplore-t-elle.

 
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