Les Sixers ont connu un début de saison compliqué, ravagé par les blessures de Joel Embiid et Paul George et les absences de nombreux autres joueurs. Ils démarrent 2025 à la onzième place de la Conférence Est avec 13 victoires pour 19 défaites alors que tout le monde attendait d’eux qu’ils soient dans le haut du classement, et Guerschon Yabusélé est le seul joueur de son effectif à avoir disputé tous les matches.
Passé par Boston en 2018 et 2019, le Français fait son retour en NBA après être devenu un acteur majeur du Real Madrid et de l’équipe de France. En 32 matchs, il a déjà éclipsé son nombre de minutes jouées sous les couleurs des Celtics et s’est imposé aux positions 4 et 5 dans la rotation de Nick Nurse. Yabusele joue 24 minutes par match et totalise en moyenne 10 points et 5 rebonds, tout en marquant 39% de ses tirs à 3 points.
En plus de ses statistiques, le « Dancing Bear » apporte toujours son énergie. Lors de la défaite des Sixers à Golden State, il a été le seul à jouer avec intensité mais il n’a pas pu empêcher son équipe de perdre un deuxième match de suite. Après la réunion, Guerschon Yabusélé a parlé avec nous de la forme renouvelée de son équipe, de son accord avec Tyrese Maxey, de son début de saison et de son rôle pour les Sixers.
A Sacramento, la veille, vous ratez votre fin de match, et jeudi soir vous ratez le coup. Comment expliquez-vous cette déroute ?
Je pense que c’est de la fatigue… On est évidemment dos à dos, avec un match qui a été extrêmement long la veille et qui nous a demandé beaucoup d’efforts. Et puis on arrive là contre l’équipe qui joue le plus de possessions, qui fait un jeu très rapide et qui tire beaucoup à 3-points… C’était un peu compliqué dès le début du match. Mais le point positif avec la NBA, c’est qu’il y a beaucoup de matches donc il faut avancer et se concentrer sur le match contre Brooklyn pour quand même terminer ce « road trip » avec deux victoires en quatre matchs.
Outre la fatigue consécutive, avez-vous eu une sorte de gueule de bois après la fin de match ratée à Sacramento ?
Pas forcément parce qu’on est tous des pro et qu’on sait avancer. C’est un nouveau match, contre une autre équipe donc on arrive en se disant qu’on a une chance de pouvoir sortir de ce match. Malheureusement, c’était un peu compliqué pour nous aujourd’hui face à une équipe qui avait besoin de réagir. Et puis évidemment avec Steph Curry à 8/8 à 3-points, c’est difficile mais bon c’est un match comme les autres. Ils ont été meilleurs dans ce match, et maintenant notre seul objectif est de revenir en force lors de notre prochain match contre Brooklyn.
Un pick-and-roll efficace avec Tyrese Maxey
Malgré ces deux défaites, vous comptez encore 10 victoires lors de vos 15 derniers matches. Vous avez évidemment récupéré de nombreux joueurs blessés et vos joueurs majeurs, ce retour en forme se réduit-il simplement à cela ou y a-t-il d’autres facteurs qui vous permettront de trouver votre rythme ?
Je pense qu’il s’agit surtout de trouver les points forts de chacun, de mieux se connaître, de se comprendre entre joueurs car en début de saison on avait beaucoup de nouveaux joueurs, moi y compris. Alors évidemment, il faut du temps pour se retrouver, comprendre comment chacun aime faire les choses, partager le ballon et jouer ensemble.
Vous parlez de compréhension, on sent qu’il y a une bonne alchimie entre vous et Tyrese Maxey, notamment sur le pick & roll. Qu’est-ce qui rend votre jeu à deux si difficile à défendre pour vos adversaires ?
Je fais déjà de bons écrans donc j’essaie à chaque fois de lui laisser de l’espace pour qu’il puisse décider quoi faire car c’est un joueur intelligent qui est super agressif et qui est aussi très rapide… Evidemment le joueur qui défend sur moi doit prendre une décision . Soit il sort sur Tyrese et dans ce cas je suis ouvert, soit ils switch et Tyrese a l’avantage contre le grand… Soit je peux descendre dans la raquette et jouer sur le petit donc il y a plusieurs solutions comme ça. C’est l’avantage quand on a des joueurs comme lui qui ont du talent offensivement, ça ouvre évidemment beaucoup de possibilités.
Défensivement lors de ces 15 derniers matches, on se sent beaucoup plus connecté, beaucoup plus régulier dans votre intensité tout au long du match. Imputez-vous cette progression à cette complicité qui se développe match après match ou le staff a-t-il mis en place différentes tactiques pour aider le groupe ?
Le staff a évidemment un rôle à jouer mais je pense que la plus grande différence est notre évolution en tant qu’équipe. Il faut avoir envie de défendre ensemble, il faut être là pour aider nos coéquipiers et c’est pareil en attaque. Il faut avoir envie de partager le ballon, il faut se soutenir et ça se voit sur le banc. Tout le monde se lève pour applaudir, on a cette énergie qu’on se transmet. Que l’on soit en défense ou en attaque, quand on est sur le terrain il faut avant tout essayer de s’amuser ensemble.
“Nous n’avons pas à nous inquiéter… Il reste 50 matches”
Ce soir, c’était seulement le cinquième match que vous jouiez avec Joel Embiid, Paul George et Tyrese Maxey. Comment construire un collectif, trouver une continuité dans ces circonstances ? Y a-t-il un souci parce que vous avez déjà joué plus de 30 matches ou vous vous dites qu’il vous en reste encore 50 pour continuer à progresser ?
Vous n’avez pas à vous inquiéter. Comme vous le dites, il reste 50 matches donc il reste évidemment du temps et puis tous les joueurs qui sont là méritent leur place. Nous pouvons tous jouer, nous pouvons tous créer, et il faut aussi savoir trouver nos forces quand elles ne sont pas là. Ce sont évidemment des acteurs importants mais bâtir notre collectif est la responsabilité de chacun.
La semaine dernière, vous disiez que vous ne vous attendiez pas à ce que les choses se passent aussi bien et à avoir autant de temps de jeu. Alors, quelles étaient vos attentes en arrivant à Philadelphie pour le camp d’entraînement ?
En fait, je n’avais aucune attente, justement parce que je ne savais pas du tout comment ça allait se passer. J’espérais pouvoir jouer et être sur le terrain pour prouver que je mérite ma place et montrer tout ce que je sais et peux faire mais c’est vrai que quand j’arrive je me dis ‘on verra comment ça se passe’. Mais je suis arrivé avec un état d’esprit très positif et en me disant que s’il y a quelque chose à prendre j’essaierai de le prendre.
En parlant d’opportunités, vous avez également profité des blessures et des absences de vos coéquipiers pour sûrement avoir plus de temps de jeu et montrer ce que vous pouvez apporter à l’équipe ?
Complètement, complètement, on ne peut pas se mentir là-dessus. Le fait qu’il y ait des blessés, le fait qu’à l’intérieur il y a des joueurs qui n’étaient pas là, ça m’a donné beaucoup d’opportunités d’être sur le terrain, d’être sur le terrain aussi plus longtemps dès le début du match. saison donc évidemment ça m’a beaucoup aidé.
Vous attendiez-vous à jouer jusqu’à 5 lorsque vous avez signé cet été ?
Non, quand j’ai signé, on m’a vraiment parlé de la position 4, qui est évidemment ma position. Et puis quand on regarde notre effectif, les autres postes 4 sont normalement plutôt des postes 3 donc on me parlait beaucoup du poste 4. Mais bon, la vie faisait qu’il y avait des problèmes au poste 5 donc j’ai dû aider un peu et jouer 5 mais sinon c’est vrai qu’à mon arrivée je m’attendais à jouer exclusivement en position 4.
“Je ne me soucie pas trop de savoir si je suis titulaire ou si je suis sur le banc”
On t’a vu changer le match notamment avec ta rapidité face à Victor Wembanyama et les Spurs quand Nick Nurse t’a lancé en 5 il y a quelques jours. Aimez-vous jouer ce poste 5 ou le considérez-vous plutôt comme une nécessité pour aider l’équipe ?
Bon je m’adapte… Je n’ai pas vraiment de préférence même si comme je l’ai dit ma position habituelle est le 4. Mais quand je dois jouer à 5, j’essaie simplement de lire ce que le jeu me donne et comme tu l’as dit, j’y arrive forcément jouer sur ma vitesse et trouver autre chose. Généralement, les pivots ne sortent pas trop à 3-points donc ça me donne des opportunités d’avoir beaucoup plus de tirs à 3-points et d’être en confiance dans mon tir. Donc je dirais que j’ai peut-être plus d’avantages et d’opportunités en position 5. Donc, j’aime jouer les deux, et si je dois jouer en 5, j’aide.
Vous jouez à 4, vous jouez à 5, vous avez commencé des matchs comme à Sacramento, ou vous sortez du banc. Comment abordez-vous cette incertitude sur ce que le coach vous demande de faire match après match ?
Je me dis juste qu’il faut toujours être prêt. J’arrive en me disant que peu importe si je suis titulaire ou si je débute sur le banc, je dois être prêt et j’essaie juste de contrôler les choses que je peux contrôler. Je peux donc contrôler mon énergie, je peux contrôler ma préparation à n’importe quel scénario et c’est tout. Je ne me soucie pas trop de savoir si je suis titulaire ou si je suis sur le banc. J’arrive dans la salle et je me dis je vais jouer. Il y a des matches où je joue un peu moins, il y a des matches où je joue beaucoup mais la mentalité reste la même.
Cela fait cinq ans que vous n’avez pas joué en NBA. Y a-t-il des différences de style de jeu et de vitesse qui vous ont surpris par rapport à ce que vous avez vécu lorsque vous étiez à Boston ? ?
Bien sûr, bien sûr. Ça va beaucoup plus vite, j’ai l’impression qu’il y a plus de possessions, c’est aussi physique. Ce qui m’a le plus choqué, c’est la vitesse. C’est vraiment un jeu qui évolue chaque année mais ça va vraiment très très vite.
Votre année 2024 a été plutôt réussie, que pouvons-nous vous souhaiter pour cette nouvelle année ?
Santé! La santé avant tout, pas de blessé. Restez en forme puis essayez de continuer à gagner plein de choses et puis… le meilleur, c’est tout !
Commentaires recueillis à San Francisco.